La croissance du CO2 dans l’atmosphère est-elle exclusivement anthropique? (3/3)

Effet Bombe et Modèles du GIEC

par J.C. Maurin, Professeur agrégé de Physique

Les prévisions du climat sont générées par des modèles informatiques. Leurs concepteurs pensent pouvoir décrire l’état moyen de l’atmosphère en 2100, en prenant comme principale donnée d’entrée, le taux futur de CO2 qui constituerait donc le ‘bouton de commande’ du climat.

Il y a deux étages de modélisation : on commence par prévoir le taux de CO2 en 2100 avec des modèles sélectionnés par le GIEC (ces modèles « IRF » du GIEC sont l’objet de l’article).
Cette prévision constitue ensuite l’entrée du second étage, à savoir les modèles types « échanges radiatifs » ou « effet de serre » qui ne sont pas traités ici (mais on peut consulter ceci).
Le présent article ( qui est la suite de deux autres ici et ici) compare la réponse impulsionnelle théorique de ces modèles « IRF » avec la réponse impulsionnelle observée du 14CO2 (effet Bombe).

Partie 1/3 de l’article (Carbone 14 et effet Suess)

Partie 2/3 de l’article (Carbone 14 et effet bombe)

1. Modèles théoriques IRF pour le CO2 anthropique 

Les modèles utilisés par l’organisme intergouvernemental GIEC sont des fonctions dites « IRF » (IRF= Impulse Réponse Transfert) qui comportent une demi-douzaine de paramètres.

• Fonctions de transfert

Figure 1a.  Fonctions de transfert [8]. Elles sont construites pour retrouver, à partir des seules émissions anthropiques (en rouge), la croissance du CO2 atmosphérique mesurée à  Mauna Loa depuis 1958 (courbe verte).

Un modèle simplifié de fonction de transfert consiste à calculer le cumul des émissions (∑ émissions anthropiques = courbe noire Fig. 1a), puis à l’adapter : c’est-à-dire à en prendre environ la moitié, (le GIEC désigne cette proportion ad hoc par le terme « airborne fraction »), ensuite à décaler de 314 ppm afin de retrouver [CO2] (courbe verte Fig.1a).
Ce modèle simple de fonction de transfert s’écrit donc  [CO2] = 314 + 55% ∑ émissions anthropiques. Le rapport AR 4 [5] indique une « airborne fraction » de 60%.

• Fonctions IRF

Le GIEC donne la fonction de transfert indirectement, sous la forme de réponse impulsionnelle IRF (par transformation de Laplace de la fonction de transfert). Les fonctions IRF effectivement utilisées par le GIEC sont indiquées dans le rapport WG1 AR4 [5] et sont reproduites à la Fig.1b.

 

Figure 1b. Les fonctions IRF du GIEC  (voir article de F. Joos 2013)  [5]. Ces fonctions traduiraient la réponse de l’atmosphère à un ajout brusque de CO2, autrement dit, elles sont aussi des réponses impulsionnelles. Ces fonctions utilisent des sommes d’exponentielles et une demi-douzaine de paramètres. Les exponentielles modéliseraient les échanges avec divers réservoirs, les paramètres reflèteraient la vitesse des échanges et la taille des réservoirs.

Y a-t-il équivalence entre les fonctions IRF et la thèse d’une croissance exclusivement anthropique pour le CO2 ?

 

Figure 1c.  [5] cf. Joos 2013  et  [8]  cf. Convolution. En effectuant un produit de convolution entre émissions anthropiques et fonction IRF (ici Bern 2.5), on retrouve la croissance du CO2 dans l’atmosphère.

On constate donc que les fonctions IRF permettent bien de satisfaire la thèse du GIEC, à savoir que la hausse du CO2 atmosphérique serait entièrement causée par les seules émissions anthropiques.

Cette thèse d’une croissance du CO2 exclusivement  anthropique constitue la véritable contrainte d’élaboration des modèles IRF. Le paragraphe suivant montre que cette contrainte conduit  à considérer des réservoirs et des vitesses d’échanges irréalistes.

2. Comparaison des modèles IRF GIEC versus observations 14CO2

Les observations de Δ14C  permettent d’avoir  la réponse de l’atmosphère à un ajout presque instantané (1961-1963) de 14CO2 (ici Fig.2).
Les modèles IRF du GIEC correspondraient à la réponse théorique de l’atmosphère à un ajout instantané de CO2 anthropique.
La comparaison directe (Fig. 2a) entre les 2 réponses impulsionnelles est donc fondée.

Figure 2a.  [8] [5]  IPCC AR4 et F. Joos 2013. Comparaison modèle IRF GIEC CO2 (courbe rouge → Bern 2.5) [5] versus observations 14CO2 à Wellington
(courbe rose → voir Fig.5b ici).

La Figure 2a nous indique que :

– La décroissance est bien plus rapide pour les observations que pour le modèle IRF, ce qui signifie des échanges plus rapides pour 14CO2 que pour le modèle IRF.

– Les niveaux atteints 50 ans après l’impulsion sont très différents, ce qui signifie une taille apparente plus grande pour les réservoirs 14CO2 que pour le modèle IRF GIEC (voir § 3 ici).

Les schémas A et B de la Fig 2b permettent l’interprétation des courbes de la Fig. 2a.

Figure 2b (voir § 3 ici). Les modèles IRF du GIEC (en rouge) sont proches du schéma A, alors que les observations sur Δ14C depuis 1965 (en rose) sont proches du schéma B.

• Les échanges sont-ils lents pour un réservoir majeur tel l’océan Pacifique ?

 

Figure 2c. Dilution 14C dans le Pacifique intertropical [6] Guilderson 2012.
Avant 1952, pour l’océan, on estime Δ14C ≈ -50 ‰  (voir ici). Dans l’océan, la croissance de Δ14C s’effectue entre 1960 et 1970, donc en 10 ans. Vers 1995, les concentrations en carbone 14 se sont égalisées entre océan et atmosphère, soit seulement 30 ans après le maximum de 1965.

• Le modèle IRF du GIEC correspond à des réservoirs dont la taille est comparable à l’atmosphère (55% versus 45% à la Fig. 2a). Mais les observations montrent que 14CO2 se répartit dans des réservoirs au moins 3,6 fois plus grands que l’atmosphère (voir Fig.5b et 5c ici).

Les autres réservoirs sont-ils vraiment de taille comparable à l’atmosphère? Examinons un réservoir majeur tel l’océan Pacifique.

Figure 2d.  Le 14C dans l’océan Pacifique [6] WOCE  ici. 

L’océan contiendrait environ ≈ 50 fois plus de CO2 que l’atmosphère, et sa profondeur moyenne est 3800m.
Une couche d’épaisseur 3800/50 = 76m correspondrait donc à la quantité totale de CO2 de l’atmosphère. Selon le modèle IRF du GIEC, les réservoirs qui échangent avec l’atmosphère depuis 50 ans seraient de taille comparable: le carbone 14 en provenance de l’effet Bombe devrait alors être présent dans l’océan sur une profondeur ≈ 76 m.
La carte correspond à une modélisation à partir d’observations (profondeur 200 m) entre 1990 et 1996. En seulement 30 ans, le 14C issu de l’effet Bombe s’est largement diffusé dans l’océan Pacifique sur une profondeur > 200 m.   (Avant 1952, on estime Δ14C ≈ -50 ‰. voir ici).

3. Conséquences des observations« effet Bombe » 

Discussion 

Les observations portent sur 14CO2 alors que les modèles IRF du GIEC concernent le CO2 anthropique, donc essentiellement 12CO2.
Quelles sont les différences entre les 2 molécules ?
14CO2 n’est pas stable, mais la décroissance radioactive en 50 ans n’est que de 0,6%.
14CO2  et 12CO2 différent par leur masse mais le fractionnement isotopique est inférieur à 10%.

La décroissance radioactive ou le fractionnement isotopique ne constituent pas une explication suffisante pour les grandes différences (Fig.2a) entre les observations sur 14CO2  et les modèles GIEC du CO2.

Depuis Galilée, lorsqu’il y a désaccord, on juge préférable de modifier la théorie pour l’adapter aux observations : que devrait-on faire pour concilier les modèles théoriques du GIEC avec les observations « effet Bombe » ?
Il faudrait utiliser des échanges plus rapides avec des réservoirs plus grands, ce qui aura pour effet de rapprocher les modèles IRF du GIEC (Fig.1b) des observations (Fig.5b ici).

Les figures 3a et 3b illustrent la conséquence d’échanges plus rapides avec des réservoirs plus grands.

 

 

Figure 3a. [8]  Croissance de [CO2] à Mauna Loa entre 1958 et 2015 (courbe verte). Entre 1958 (314 ppm) et 2015 (400 ppm), la croissance de [CO2] est de 86 ppm.

L’augmentation de la taille des réservoirs entraînerait une proportion ≈ 155 / 715 ≈ 22% pour le CO2 anthropique restant dans l’atmosphère (courbe rouge).
Une deuxième estimation utilise la durée de séjour (Fig.4 ici) : le CO2 anthropique présent dans l’atmosphère correspondrait au cumul anthropique des 10 années précédentes (courbe marron).
Une troisième estimation (courbe noire) correspond à la convolution des émissions anthropiques avec l’effet Bombe (corrections Suess + industrie nucléaire Fig.5b ici). [8 ] cf. Convolution).

Pour retrouver la totalité de la croissance du CO2 mesurée à MLO (en vert), il faut alors compléter par des apports nets non anthropiques, c’est-à-dire naturels (surface bleue). La croissance depuis 1958 (+86 ppm) serait alors mixte : en partie naturelle et en partie anthropique.
Notons que, par le passé, le taux de CO2 a largement varié naturellement (ici).

Une représentation alternative ou complémentaire à la Fig.3a consiste à tracer la variation annuelle (ppm/an) du CO2 en fonction de la date (ici).
La figure 3b propose une interprétation de cette variation annuelle ou growth rate (la variation est positive, c’est donc une croissance).

Figure 3b. Variation annuelle ou growth rate (courbe verte) [8] cf.onglet Growth rate. La courbe verte représente la différence du taux de CO2 d’une année sur l’autre. La croissance dépasse +3 ppm/an lors des épisodes El Niño de 1998 et 2016.

La surface totale sous la courbe verte correspond à [CO2]. Dans cette surface, on distingue la part anthropique (surface rouge) et la part naturelle (surface bleue). La somme des deux donne la courbe verte, c’est-à-dire la variation annuelle (ou croissance annuelle).
La part anthropique (surface rouge) est en augmentation, mais elle varie peu, alors que la part naturelle (surface bleue) varie fortement. Notons qu’en 1982, 1992 et 1996, la part naturelle est nulle, voire négative.
Cette part naturelle (surface bleue) est  corrélée à la température de surface de l’océan intertropical (courbe pointillée noire). Une tentative d’explication est proposée ici § D.2.

Le premier article (ici) a montré qu’une « airborne fraction » ≈ 22%, ou bien une durée de séjour ≈ 10 ans, permet de concilier l’effet Suess de 1950 avec les observations Δ14C  ≈ -15 à 25%  (voir ici § 6).
Une croissance mixte (anthropique et naturelle) de [CO2] s’accorde également avec les observations de δ13C  (voir ici § C.3.1).
Avec l’effet Bombe, il existe donc trois types d’observations indépendantes suggérant une croissance mixte pour le CO2 atmosphérique.

4. Conclusions
  • Dans la mesure où 12CO2 et 14CO2 ont des comportements voisins, les observations « effet Bombe » montrent que les modèles théoriques sélectionnés par le GIEC, utilisent des réservoirs trop petits et qui échangent trop lentement avec l’atmosphère lors des 50 dernières années.
  • L’augmentation de la taille des réservoirs et de la vitesse des échanges, rapprocherait ces modèles IRF du GIEC des observations pour « l’effet Bombe » mais aussi pour l’effet Suess de 1950 (ici) ainsi que pour δ13C  (ici § C.3.1).
    Ces modifications, conséquences de ces trois observations, entraîneraient de facto l’abandon d’une origine exclusivement anthropique pour la croissance du CO2 atmosphérique.
  • La modélisation du cycle du carbone est encore pleine d’incertitudes (ici) car les échanges de CO2 sont très mal connus, en dehors de l’entrée anthropique (ici § A.5).
    Il est donc difficile d’estimer la répartition  anthropique / naturelle dans les évolutions du CO2 atmosphérique depuis 1958.
  • On peut surtout s’interroger sur la possibilité de prévoir la concentration du CO2 en 2100 : les émissions anthropiques futures sont incertaines et surtout la partie naturelle est largement inconnue et imprévisible. Cette partie naturelle peut même devenir négative d’ici 2100.
    Or, les prévisions du climat en 2100, publiées par l’organisme intergouvernemental GIEC, sont justement basées sur la concentration future de CO2

 

Epilogue

« The world is expected to invest around US$ 90 trillion in infrastructure over the next 15 years » (ici ).
Telles sont les dépenses, indispensables, selon l’organisme intergouvernemental La Banque Mondiale (BIRD), afin d’éviter une croissance trop importante du CO2 atmosphérique d’ici 2100.

Pour donner au lecteur la mesure des 90 000 000 000 000 $, vraisemblablement ponctionnés sur l’ensemble des contribuables, il convient d’utiliser un exemple.
Si un contribuable, qui perçoit le salaire minimum, (il ne travaille pas dans un organisme intergouvernemental), a consacré 10 minutes à la lecture de cet article, la banque mondiale aura dépensé dans ce laps de temps, l’équivalent de 10 000 ans de salaire minimum (10 000 ans, c’est la durée qui nous sépare de la dernière glaciation).

Cet exemple peut inciter le contribuable à une lecture plus rapide (c’est vain : les taxes ne changeront pas), ou au contraire à une lecture lente et attentive (c’est risqué : il pourrait s’imaginer que les prévisions du climat en 2100 sont plutôt des prédictions, peut-être même des prophéties).

Partie 1/3 de l’article (Carbone 14 et effet Suess)

Partie 2/3 de l’article (Carbone 14 et effet bombe)

Références

1. Propriété du carbone 14 :  Fiche IRSN ;   Radiocarbon Determination

2.   Variabilité naturelle et anthropique pour 14C :

– H.E. Suess, « Radiocarbon Concentration in Modern Wood», Science, vol. 122, no3166,‎1955,  (DOI 10.1126/science.122.3166.415-a)
– Stuiver & Quay 1981  https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0012821X81900406?via%3Dihub
– Tans, De Jong &Mook1979 https://www.nature.com/articles/280826a0
– P. Jean-Baptiste, M. Paterne 2003 DOI: 10.105l/radiopro:2003017

3. Emissions anthropiques : CDIAC.

– [CO2] dans l’atmosphère ftp://aftp.cmdl.noaa.gov/products/trends/co2/co2_annmean_mlo.txt
– [CO2] avant 1958   ftp://ftp.ncdc.noaa.gov/pub/data/paleo/icecore/antarctica/law/law2006.txt

4. Données 14CO2  New Zealand  :  ftp://ftp.niwa.co.nz/tropac/co2/14co2/

Données 14COAustria :  https://cdiac.ess-dive.lbl.gov/trends/co2/cent-verm.html

Turnbull 2017 :  https://www.atmos-chem-phys.net/17/14771/2017/acp-17-14771-2017.pdf

5. Thèse du GIEC :

AR4 WG1 Chap 2  page 139  « The relationship between increases in atmospheric CO2 mixing ratios and emissions has been tracked using a scaling factor known as the apparent ‘airborne fraction’, defined as the ratio of the annual increase in atmospheric CO2 to the CO2 emissions from annual fossil fuel and cement manufacture combined (Keeling et al., 1995). On decadal scales, this fraction has averaged about 60% since the 1950s.

AR5 WG1 Ch6 box 6.1 page 472 https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WG1AR5_Chapter06_FINAL.pdf 

  1. Joos 2013 Multimodèles https://www.atmos-chem-phys.net/13/2793/2013/acp-13-2793-2013.pdf

6.  Carbone 14 dans l’océan Pacifique :

WOCE (World Ocean Circulation Experiment)  http://whp-atlas.ucsd.edu/pacific_index.html

http://whp-atlas.ucsd.edu/pacific/atlas_text/WHPAtlas_Vol2_Pacific_Introduction.pdf (voir xi, xii et xiii)

Guilderson 2012 https://e-reports-ext.llnl.gov/pdf/636052.pdf

Druffel 1987 Bomb radiocarbon in the Pacific 

Mahadevan  2000  An analysis of bomb radiocarbon trends in the Pacific

7. Articles connexes :

Herman Harde 2019   http://article.esjournal.org/pdf/10.11648.j.earth.20190803.13.pdf

Herman Harde 2017   http://edberry.com/SiteDocs/PDF/Climate/HardeHermann17-March6-CarbonCycle-ResidenceTime.pdf

J.Munshi 2016  Dilution of atmospheric radiocarbonCO2 by fossil fuel emissions

Edwin Berry 2019  http://www.sciencepublishinggroup.com/journal/paperinfo?journalid=298&doi=10.11648/j.ijaos.20190301.13

Edwin Berry 2018   https://edberry.com/blog/climate-physics/agw-hypothesis/contradictions-to-ipccs-climate-change-theory/

Saurer Cherubini BonaniSiegwolf  2003  https://pdfs.semanticscholar.org/50ba/cb7e4ee2400cf47409675585da409e604040.pdf

J.C. Turnbull, H. Graven and N.Y. Krakauer  https://nirkrakauer.net/papers/Turnbull_etal_2016.pdf

Caldeira, Rau & Duffy 1998   https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1029/1998GL900010

Levin Hesshaimer 2000    Radiocarbon A unique tracer of global carbon cycle dynamics

Camille Veyres 2016   Sur les réservoirs avec une sortie auto-adaptative et le cycle du carbone.

8. La feuille de Calcul  « Carbone 14 Modèles GIEC » met en forme les données d’observations. Le répertoire « Convolution » contient les codes de calcul utilisés dans l’article.

11 réflexions sur « La croissance du CO2 dans l’atmosphère est-elle exclusivement anthropique? (3/3) »

  1. Montréal
    Le 19 juillet 2017

    Bonjour SCE,

    Je viens de terminer la lecture de votre magnifique texte du 19 juillet 2019. Voilà un texte fort pédagogique. Cela me plaît beaucoup. Surtout l’épilogue qui nous ramène sur la réalité des simples mortels comme moi ! Cependant que j’adore aussi vos données et analyses plus scientifiques.

    Sauf qu’il me manque une information majeure. Toutes vos analyses de données et des processus sur le CO2 me laissent croire que c’est maintenant un fait accompli, le CO2 participe activement au réchauffement de la planète ! Ce débat est-il conclu selon vous ? Pour ma part, je ne constate pas de réchauffement significatif de la température annuelle mondiale moyenne (TAMM), alors que nous lisons que le CO2 a cru de plus de 40% depuis 1993, enfin je crois… (Ref : François Gervais). Avant de mettre autant d’argent, d’énergie et d’effort pour lutter contre la production du CO2, sommes-nous certains de miser sur le bon cheval, le CO2 ?

    Je vous remercie beaucoup et j’attends avec impatience votre réponse et votre prochain texte. Je prends aussi la liberté de les partager à mes amis/es. Je crois que cela vous convient…

    Bonne journée et à la prochaine,

    1. Merci d’apprécier ce texte et merci de venir lire, sur SCE, des textes contradictoires avec la doxa du moment.
      Pour l’information majeure, à savoir dans quelle mesure le CO2 entrainera un réchauffement, un lien figure dans mon introduction vers une note de Georges Geuskens.
      http://www.science-climat-energie.be/2018/08/06/le-co2-et-le-climat-avec-et-sans-effet-de-serre/

      Comme G. Geuskens et comme d’autres physiciens, je doute que l’augmentation du CO2 génère un réchauffement catastrophique.
      Je doute encore plus que nous puissions prévoir quoi que ce soit sur le climat en 2100.
      En revanche, il me semble que la CROYANCE dans « l’effet de serre » génère bien des dépenses très importantes, probablement inutiles, et peut-être même nuisibles à l’environnement.

    1. Merci pour le lien vers vos propres réflexions sur le sujet.

      1) Vous avez raison de dire que la connaissance sur les échanges de CO2 se résume surtout à la mesure du taux global depuis 1958 (duquel on déduit la variation annuelle) et à la quantité de CO2 émise annuellement par l’Homme. Cela est insuffisant pour conclure à la responsabilité exclusive de l’Homme.

      2) La corrélation température/ variation annuelle du CO2 est bien un indice des phénomènes naturels qui sont en jeu. Ainsi que vous le remarquez, c’est évident lors des éléments El Nino.

      3) Un léger désaccord avec vous lorsque vous écrivez : « tout le CO2 dans l’atmosphère est contrôlé par la température »
      Il me semble qu’une partie (minoritaire), de la hausse est du fait de l’Homme.
      En revanche, pour ce qui est de la partie naturelle, elle est bien corrélée avec la température. La Figure 3b du présent article explicite mon point de vue.

      4) De nombreuses personnes ont fait les mêmes remarques que vous : je vous invite à consulter les articles cités dans la référence 7, particulièrement ceux de J. Munshi, E. Berry , H. Harde et C. Veyres.

      1. Sans être certain que votre raisonnement de la fig 3b soit exactement comparable au mien, je me suis aperçu que mon raisonnement était faux. Je ne peux rien déduire en faisant la soustraction entre le taux d’accroissement mesurée et celui des émissions anthropiques et dire que la différence est de source naturelle. Le taux d’accroissement du CO2 atmosphérique est en fait le CO2 résiduel des échanges entre l’atmosphère et les autres réservoirs qui impliquent une quantité de CO2 beaucoup plus grande dans laquelle le CO2 anthropique ne représente qu’une fraction de 5%. J’ai corrigé mon texte.

  2. Rechercher les complications basées sur des hypothèses incertaines est une déviance scientifique. Surtout quand des données claires et sûres existent pour raisonner avec logique et simplicité. Ceci, sans qu’il soit nécessaire d’aller chercher des interventions de carbones 13 ou 14 alors que personne n’est capables de modéliser et quantifier la cinétique des échanges intermoléculaires du CO2 issu de C12, C13 ou C14 à l’interface océan/atmosphère, ni même végétation/atmosphère… (et qui connait les ratios des carbones océaniques ?)
    Ce qui est par contre certain c’est que :
    1- les analyses des glaces montrent que + ou – 1°C terrestre donnent régulièrement + ou – 8 à 10 ppm naturel de CO2 atmosphérique (et même si les bulles emprisonnées migraient pendant 1 000 ans et plus, c’est sans importance sur le résultat)
    2 – La production industrielle mondiale de CO2 établie par BP, société sérieuse et compétente, aurait dû ajouter 240 ppm environ dans l’atmosphère, Or il n’y en a que la moitié en plus car la nature absorbe environ la moitié
    3- Ce que confirment bien les mesures de Mauna Loa, sérieuses et qui se raccordent bien aux mesures d’autrefois du CO2 de l’air au laboratoire, par barbotage dans l’eau de chaux.
    DONC : le CO2 apporté par « l’Homme » est actuellement autour de 30% du CO2 total. Ce qui est plutôt bien car sa teneur diminuait dangereusement depuis quelques millions d’années. Et ce qui est sans importance pour la température malgré les hypothèses simplistes des Fourier, Tyndall et Arrhenius, intelligents mais qui ne savaient rien évidemment des travaux de physique ultérieure dont quantique. Que le GIEC s’appuie sur ces ancêtres, et sur rien d’autre, pour hurler à la fin du monde est d’un rare grotesque.
    https://www.laquestionclimatique.org/co2innocent.htm

    1. • Le monde réel est plus souvent compliqué que simple. Les flux naturels sont majoritaires et ils sont largement inconnus.
      Dans ces conditions, les modèles (simples ou compliqués) du cycle du carbone restent hasardeux.

      • Pour ce qui concerne vos 3 certitudes :
      1 Le proxy archive glaciaires est en contradiction avec d’autres proxies :
      voir § B23 →https://www.science-climat-energie.be/2018/10/04/evolutions-recentes-du-co2-atmospherique-2-3/
      voir aussi : https://www.science-climat-energie.be/2018/11/22/carottes-de-glace-co2-et-micro-organismes/
      Le calculateur en ligne https://biocycle.atmos.colostate.edu/shiny/carbonate/ donne (380,7-263,5) pour 1,6 °C soit 73 ppm pour une variation de 1°C→ voir le paragraphe 2 https://www.science-climat-energie.be/2022/03/25/soleil-temperature-et-co2/
      Il n’est donc pas certain qu’une variation de 1°C corresponde à 10 ppm.

      2 Votre cumul des émissions anthropiques = 240 ppm correspond sans doute à l’intervalle 1850-2020 ?
      Mais les flux naturels entrants dans l’atmosphère correspondent à environ 70 ppm/an (GIEC) soit (pour 1850-2020) environ 70*170 = 11900 ppm de cumul naturel.
      Il me semble donc erroné de comparer seulement 240 ppm de cumul anthropique avec +120 ppm = croissance dans l’atmosphère entre 1850 et 2020.
      Il faut plutôt comparer le cumul entrant total = (11900+240) ppm avec +120 ppm.
      Je vous invite aussi à lire cette discussion → https://www.science-climat-energie.be/2022/02/11/les-incertitudes-du-cycle-du-carbone-rendent-sa-modelisation-hasardeuse/#comment-12410

      3 Les mesures à MLO (Mauna Loa) débutent en 1958 avec 317 ppm dans l’atmosphère.
      Le raccordement archives glaciaires avec les mesures à MLO est contesté:
      voir la figure 4 → https://21sci-tech.com/Articles%202007/20_1-2_CO2_Scandal.pdf
      Également → https://www.science-climat-energie.be/2019/01/10/laugmentation-recente-du-taux-de-co2-atmospherique-est-elle-exceptionnelle/

      • Il me semble donc que les raisons de la croissance du CO2 dans l’atmosphère ne sont pas encore comprises, et que le débat reste donc ouvert sur la part de l’homme dans la croissance de 317 ppm (1958) vers 412 ppm (2020).

  3. Bonjour Monsieur,
    Vos 3 articles sur « La croissance du CO2 dans l’atmosphère est-elle exclusivement anthropique? » apportent des informations intéressantes et surtout très bien ordonnées sur ce problème délicat. Il me parait toutefois que ce traitement est trop déconnecté des réactions qui au sein de l’océan modifient les concentrations des 3 espèces dissoutes et par suite la p’(CO2) dans l’eau : photosynthèse, respiration précipitation ou dissolution de CaCO3. Si dans l’océan pauvre en nutriments, on ne s’écarte pas trop de l’équilibre avec l’air, il n’en n’est pas de même dans des lacs où l’on peut mettre en évidence d’énormes écarts entre p’(CO2) eau et p(CO2) air. L’étude des lacs peut avoir un intérêt pour mieux comprendre le « système carbonate » dans l’océan. Ces déséquilibres sont moins évidents dans l’océan et sans doute variables localement, mais les différences entre océan de surface et océan de fond en ce qui concerne l’alcalinité et surtout le « CID, carbonate inorganique dissous (CO2 + HCO3- + 2 CO3= ) », grandeurs qui vont déterminer les p’(CO2) , montrent que ces réactions interviennent.
    A la période préindustrielle alcalinité et CID contraints par les réaction en solution fixaient la p’(CO2) eau et finalement p(CO2)air. Maintenant, il y a compétition entre régulation naturelle et perturbation, et ce n’est pas facile à résoudre

    1. 1) La surface de l’océan est de l’ordre de 3,6 10^14 m² , soit 71 % de la surface du globe.
      L’océan (masse = 1,37 10^21 kg) contiendrait de l’ordre de 3,8 10^13 kg de carbone (Dissolved Inorganic Carbon, principalement sous forme HCO3−).
      La surface des lacs serait de l’ordre de 1 % de la surface océanique et la masse des lacs serait de l’ordre de 0,01 % de la masse océanique.
      Ces ordres de grandeur indiquent que les échanges lacs/atmosphère restent largement secondaires.

      2) A propos de la pression partielle THEORIQUE en SURFACE de l’océan, je vous renvoie vers le site https://biocycle.atmos.colostate.edu/shiny/carbonate/ (onglet Chemistry).

      Toutefois, la connaissance de la pression partielle (surface de l’océan) NE SUFFIT PAS pour le calcul du flux d’échange océan/atmosphère.
      Selon (Wanninkhof et al 2013), ce flux est donné LOCALEMENT par :
      F = k × Ko × (pCO2eau− pCO2air) avec Ko = solubility of CO2 et avec k= 0.251 (Sc/660)-0.5
      Sc = Schmidt number of CO2 in seawater (il dépend de la température)
      (m s−1)2 is the time mean of the second moment of the wind speed at 10 m height.

      Ces paramètres variant localement et temporellement, une approche THEORIQUE utilisant ces expressions pour estimer le flux d’échange sur l’ENSEMBLE de la surface océanique semble actuellement ILLUSOIRE. Une difficulté supplémentaire est constituée par l’influence possible du plancton, fonction de la température et des nutriments.

      Des modélisateurs ont néanmoins proposé des estimations dans le rapport du GIEC : (https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/chapter-5/figure-5-9 )

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