SCE-INFO : Margaret Thatcher, première climato-sceptique ?

Cet article est de Christopher Booker, The Daily Telegraph, June 12, 2010. Traduction par Evelyne Pinard.

Décédée à l’âge de 87 ans, Margaret Thatcher (1925–2013), a été la première chef de gouvernement à dénoncer le danger du réchauffement global. Mais elle a été aussi la première à percevoir les failles de la doctrine du changement climatique.

Les tenants de la thèse de l’origine anthropique du réchauffement de la planète le répètent à l’envi,  et ont aussi réaffirmé la semaine dernière (nb SCE-info = juin 2010) qu’aucun politicien n’a eu un rôle aussi déterminant que Mme Thatcher dans le déclenchement d’une alerte mondiale au sujet du changement climatique. On prétend aussi que David Cameron n’a fait que suivre son exemple lorsqu’il clame l’inquiétude du parti conservateur quant aux dangers du réchauffement global, ce qui lui permet d’apparaître, dans ce domaine du moins, comme un fidèle disciple du thatchérisme.

La vérité derrière cette histoire est plus intéressante qu’on ne le pense habituellement du fait notamment d’un revirement étonnant (voir plus loin). Nul ne conteste que Mme Thatcher ait été le premier chef d’état à tirer la sonnette d’alarme du réchauffement climatique dès 1988.

Chimiste de formation, elle avait été sensibilisée à la menace du réchauffement global par Sir Crispin Tickell (qui était alors l’ambassadeur  du Royaume-Uni) auprès de l’ONU. Il était l’auteur d’un livre publié dans les années 70 sur le refroidissement climatique mais depuis, il défendait vigoureusement la thèse du réchauffement. Séduite par ses idées, comme elle le rapporte dans ses mémoires, Mme Thatcher a fait une série de discours en Grande Bretagne et dans le monde où elle invoque les preuves avancées devant le Sénat par le climatologue américain archi-alarmiste Jim Hansen, directeur de l’institut Goddard d’études spatiales de la NASA, et où elle appelle à une action internationale urgente.

L’ouvrage  » Statecraft  » de Lady Thatcher a mis en lumière les failles de l’orthodoxie du changement climatique.

Mme Thatcher a également été influencée par les arguments d’un troisième scientifique éminent converti à cette cause en la personne du Dr John Houghton qui dirigeait alors le service national britannique de météorologie et qu’elle a appuyé lorsqu’il a créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (en anglais Intergovernmental Panel on Climate Change ou IPCC) en 1988. Elle a par ailleurs promis au service national britannique de météorologie un important soutien financier pour son Centre Hadley qu’elle a inauguré en 1990 en tant qu’autorité mondiale sur la « responsabilité de l’homme dans le changement climatique. »

Hadley a été regroupé avec l’unité de recherche climatique (en anglais Climatic Research Unit ou CRU) d’East Anglia qui est devenue le dépositaire le plus prestigieux des mesures de température à la surface du globe (au même titre que celles compilées par le Dr Hansen) et a été le point de départ d’une panique mondiale autour du réchauffement climatique. Son influence reste prépondérante de nos jours en raison notamment de la contribution majeure apportée par Houghton (à présent Sir John) à la rédaction des trois premiers rapports gigantesques du GIEC qui assirent de manière incontestable l’autorité de ce groupe sur la question.

Que Madame Thatcher ait été à l’initiative de tout cela est indéniable. Qu’elle ait effectué plus tard un virage à 180 degrés est en revanche largement ignoré. En 2003, vers la fin de son livre Statecraft dans un passage intitulé « Air chaud et réchauffement global », elle rejette quasi totalement ses convictions précédentes.

Au sujet de la peur du réchauffement, elle exprime précisément les doutes fondamentaux qui nous sont devenus familiers depuis. Accablant de son mépris les oiseaux de mauvais augure, elle remet en question les principales hypothèses scientifiques qui ont engendré la panique en attribuant au CO2 la responsabilité première du climat mondial plutôt qu’à des facteurs naturels comme l’activité solaire et en exagérant les affirmations concernant la montée du niveau de la mer. Elle se moque d’Al Gore et de la futilité de projets aussi coûteux que néfastes à l’économie, destinés à réduire les émissions de CO2. Elle rappelle que les 2,5 degrés d’augmentation de température pendant la période médiévale chaude n’ont eu pratiquement que des effets bénéfiques. Elle fait remarquer que les dangers d’un monde qui se refroidit sont bien plus grands que ceux d’un monde enrichi au CO2 qui se réchauffe.
Elle reconnaît que des résultats scientifiques biaisés ont été utilisés pour masquer un agenda anticapitaliste, marqué politiquement à gauche qui menace dangereusement/met gravement en danger le progrès et la prospérité de l’humanité.

En d’autres termes, bien avant que celle-ci ne se répande, Lady Thatcher s’est ralliée à l’opinion de ceux qui, pour des motifs tant scientifiques que politiques, se montrent profondément sceptiques sur l’idéologie du changement climatique. Hélas, l’influence pernicieuse de ce qu’elle a amorcé persiste encore aujourd’hui. Mais le fait qu’elle soit devenue l’une des premières et des plus éminentes climatosceptiques a été bel et bien enterré.

Notes

SCE-info : En complément du présent article, on trouvera une analyse de Samuele Furfari (ici 2013) sur : Pourquoi Tatcher voulait-elle fermer les mines de charbon de son pays‘. Citons les cinq dernières lignes de la conclusion : ‘Farouchement convaincue de la nécessité de cesser de ponctionner les Britanniques pour financer une industrie qui, malgré toute sa bonne volonté, produisait un charbon trop cher, elle alla même jusqu’à utiliser l’argument de la peur du changement climatique. En effet, Margaret a été l’une des premières politiques européennes à accorder de la crédibilité à cette théorie. Plus tard, elle s’est ravisée et a reconnu son erreur. Personne n’est parfait…

2 réflexions sur « SCE-INFO : Margaret Thatcher, première climato-sceptique ? »

  1. Par une pure coïncidence, voici qu’en parcourant Youtube (quoiiiiii ?), une séquence de 38′ passe en revue une longue série de propos d’académiques …
    Vers la 9e minute figure aussi une référence claire à Mme Thatcher. Ainsi qu’à l’incorruptible (?) Royal Society… 1988 vit la création du GIEC, puis sa récupération pour des « intérêts supérieurs » ! Lesquels : voir le personnage US de 1999-2007 ?

    Soleil, couverture nuageuse et vapeur d’eau (dont cirrus d’aviation) ; puis l’influence du rayonnement cosmique (contestée par avance.. d’animateurs GIEC bien-pensants).
    A suivre avec attention, aux alentours de 20′ ? Notez vers 33’30 » le fait que les résultats des recherches danoises ne réussirent PAS à être publiée … par QUI ?
    A consulter avec attention …

    Bien sûr, relater de tels propos sera contrariant pour les doctes qui se nourrissent ( en $ ou en € ) des théories « soutenues en un consensus périodique GIEC », ceci autant en Belgique – qu’en U.E. et partout ailleurs. Tarir la corne d’abondance [1] serait gênant pour une large population d’auteurs et leurs sponsors de publications peer review !

    = = Réchauffement Climatique – ON VOUS MENT (2015) = =
    https://www.youtube.com/watch?v=y3MYKWEPnus

    Curieusement, on s’attardera sur les réactions d’un Sir John Mason (ex-DG UK Met Office). Visiblement l’orgueil de Sir M. est y mis sous tension … Peut-être eut-il été fondé de lui faire relire les remarques SCE sous votre « Les théories scientifiques »
    http://www.science-climat-energie.be/les-theories-scientifiques/

    Avec 495 commentaires, où la curiosité oblige à tamiser les réactions en des sens les plus divers …

    [1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Corne_d%27abondance

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