Le verdissement de la planète

Par Prof. Dr. Paul Berth

Citer comme P. Berth, « Les contre-vérités biologiques », Arguments — Revue européenne de science, vol. 3, n°1, hiver 2018, http://revue-arguments.com/articles/index.php?id=91.

La concentration en CO2 de l’atmosphère est passée de 320 ppmv en 1959 à ± 408 ppmv en 2018. Puisque le CO2 constitue la nourriture des plantes n’observerions-nous pas un accroissement de la couverture végétale? La réponse est oui! Un verdissement de la planète est observé. En effet, dans un article paru dans Nature en 2016, des chercheurs chinois démontrent un verdissement récent de la planète [1]. En utilisant trois séries de données satellitaires les chercheurs montrent que l’indice de surface foliaire de la planète (LAI, Leaf Area Index) a augmenté significativement entre 1982 et 2009. Le LAI est une grandeur sans dimension qui exprime la surface foliaire d’un arbre, d’un peuplement, d’un écosystème ou d’un biome par unité de surface de sol. Il est déterminé par le calcul de l’intégralité des surfaces des feuilles de la plante sur la surface de sol que couvre cette plante. Si le LAI d’un arbre augmente, cela veut tout simplement dire que le nombre de feuilles de l’arbre augmente et qu’il réalise plus de photosynthèse. Les chercheurs se sont également intéressés aux causes probables de ce verdissement en utilisant 10 modèles informatiques différents. Les résultats suggèrent que l’augmentation progressive du CO2 atmosphérique explique 70% de ce verdissement. Viennent ensuite une meilleure fixation de l’azote (9%), la légère augmentation de la température globale (8%) et les changements de couverture végétale (4%).

Nous voyons donc que l’augmentation des températures globales et particulièrement du CO2 atmosphérique sont bien loin de provoquer une catastrophe écologique comme nous l’annonce régulièrement l’ensemble des médias. Il est d’ailleurs connu depuis longtemps que l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère des serres dans lesquelles les plantes sont cultivées provoque une augmentation du rendement et de la photosynthèse. Par exemple, dans une étude publiée en 1993, étude résumant des dizaines d’essais en serre, il est démontré que la croissance de 156 espèces de plantes est stimulée en moyenne de 37% lorsque la concentration en CO2 de l’air est doublée [2]. De même, dans une étude récente (Cunniff et al. 2017) [3], des chercheurs ont testé l’effet d’une atmosphère dans laquelle la concentration en CO2 était réduite à 180 ppmv ou à 270 ppmv (pour simuler l’Holocène préindustriel). Les espèces testées étaient Triticum boeoticum (une plante C3 appelée le petit épeautre), Hordeum spontaneum (C3, orge sauvage), Panicum miliaceum (C4, millet commun) et Setaria viridis (C4, la sétaire verte). Les résultats exprimés ci-dessous sous forme de graphique nous montrent une réduction significative des rendements à basse concentration en CO2.Rendement total (en grammes/plante) en fonction de la concentration en CO2 atmosphérique (en ppmv). Les étoiles indiquent les différences significatives (Cunniff et al. 2017) (3).

Nous voyons donc que si l’homme arrive un jour à faire baisser la concentration en CO2 atmosphérique il provoquera ipso facto une baisse des rendements agricoles. Dans un monde de près de 8 milliards d’êtres humains à nourrir, est-ce souhaitable ?

Références

[1] Zhu Z. et al. 2016. Greening of the Earth and its drivers. Nature Climate Change 6, 791–795. 

[2] Porter H (1993) Interspecific variation in the growth response of plants to an elevatedambient CO2 concentration. Vegetatio 104/105:77–97. 

[3] Cunniff, J., Jones, G., Charles, M. and Osborne, C. 2017. Yield responses of wild C3 and C4 crop progenitors to subambient CO2: a test for the role of CO2 limitation in the origin of agriculture. Global Change Biology 23:380-393. 

 

 

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