par Jean-Claude Pont, 11 juin 2021
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« Un froid sans précédent envahit l’Europe. Sur tout le continent européen, la majorité des nations subissent leur mois d’avril le plus froid depuis des décennies – environ 100 ans en Allemagne et au Royaume-Uni »(1).
« Un mois de janvier froid et très enneigé. (…) La courbe publiée par Météo- Suisse montre que c’est l’un des mois de janvier les plus froids de ces 120 dernières années. » (20 minutes)(2).
«Il faut se méfier des visions apocalyptiques: elles sont commodes pourmanipuler les masses. »(Ingrid Riocreux) (3).
« Le processus d’examen du GIEC [de la courbe de Mann] présente des lacunes désastreuses. Le comportement de Michael Mann est une honte pour la profession… La base scientifique du protocole de Kyoto est grossièrement insuffisante. »
(Message de Hendrik Tennekes, directeur à la retraite de l’Institut météorologique royal des Pays-Bas)(4).
« Entraîné par cette preuve de la puissance de la raison, notre penchant à étendre nos connaissances ne voit plus de bornes. La colombe légère qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide. C’est ainsi que Platon, quittant le monde sensible, qui renferme l’intelligence dans de si étroites limites, se hasarda, sur les ailes des idées, dans les espaces vides de l’entendement pur. Il ne s’apercevait pas, que, malgré tous ses efforts, il ne faisait aucun chemin parce qu’il n’avait pas de point d’appui, de support sur lequel il put faire fond et appliquer ses forces pour changer l’entendement de place. C’est le sort ordi- naire de la raison humaine, dans la spéculation, de construire son édifice en toute hâte, et de ne songer que plus tard à s’assurer si les fondements sont solides. (Emmanuel Kant)(5).
« Alors que l’élite, composée de personnalités, se coltine avec l’excellence, les élites elles, réfèrent au pouvoir et forment une caste. Elles détiennent la parole officielle et s’expriment souvent en groupe avec un effet de rouleau compresseur. Il en résulte ce politiquement correct qui pollue aujourd’hui la plupart des champs de la réflexion politique ou sociale. Dès lors, la lutte perdue d’avance que mènent ceux qui tentent de nager à contre-courant et dont l’esprit critique s’exprime malgré les anathèmes encourus relève du combat de David contre Goliath. Qui mieux que Jean Dutourd pour traduire cela : “La vertu demande le plus grand courage qu’un homme puisse montrer : celui d’être en désaccord avec l’esprit de son temps. Il est difficile de la pratiquer. Difficile et dangereux : le monde, contrairement à ce qu’on prétend, n’est pas rempli de loups, mais de moutons, qui sont des bêtes bien plus dangereuses. Lorsque les moutons ne se jettent pas à la mer, ils organisent des tribunaux et pendent les fous qui ont la témérité de ne pas hurler avec eux. Car les moutons hurlent. Du moins au XXe siècle.” Et que dire du XXIe siècle ? Le propre de l’élite est d’être habitée par le doute, démarche intellectuelle fondamentale. En face, les élites au contraire ne doutent plus, elles assènent. (…) Aux points d’interrogation, elles répondent par des points d’excla- mation. (…) Dans une démocratie, cette asphyxie de la controverse nuit à la réflexion citoyenne qui, par définition, doit s’intéresser à tout ce qui relève du bien de la cité. »
(Marie-Hélène Miauton)(6).
Introduction
Le récent article publié par Le Matin Dimanche du 7 mars 2021 concernant les affaires du climat et la courbe dite « en crosse de hockey », aussi nommée «courbe de Mann», nécessite que l’on rappelle les grandes lignes de cette peu glorieuse histoire. Nous le ferons aussi au long des deux Lettres d’information, qui suivront dans les jours qui viennent.
La première de ces trois Lettres propose une analyse détaillée des neuf erreurs qui affligent l’article du Matin Dimanche.
Dans la deuxième, nous présentons le contexte historique de cet épisode dramatique pour la science que constitue l’irruption de la courbe de Mann sur la scène du débat climatologique. Un épisode qui fut à l’origine de l’incroyable marée de fake news et d’informations frelatées qui embuent aujourd’hui le regard de la majorité des gens. Dans cette partie, il sera aussi question des données techniques supportant les affirmations développées dans cette première Lettre (7)
Dans la troisième Lettre du triptyque, nous ferons connaissance avec quelques-uns des éléments du vaste ensemble de critiques adressées à l’endroit de la crosse de hockey, critiques qui la rendent non seulement inutilisable mais encore nuisible dans le débat en cours aujourd’hui autour de la question climatique.
Disons pour terminer cette introduction que l’auteur de l’article du Matin Dimanche est visiblement dans l’ignorance complète de la question dont il traite. Ou plutôt, ce qu’il croit savoir est recouvert de tant de fausses informations, que tout accès à la vérité lui est interdit. Ce qu’on ne saurait lui reprocher vu la complexité du sujet et le matraquage médiatique dont la question climatique fait l’objet. En revanche, le code déontologique de la profession aurait dû l’inciter à consulter d’autres sources, à s’enquérir des positions opposées, dont les représentants sont des milliers.
Préambule
En préambule, il convient de situer la courbe de Mann dans la saga de la climatologie officielle, réservant les détails techniques et historiques pour les deux Lettres qui suivront.
En 1995, l’existence d’une période chaude entre le IXe siècle et le XIVe est admise sans réserve. Une existence qu’attestent des travaux variés appartenant à des disciplines différentes. Cette période est appelée le « petit optimum du Moyen Âge ».
Dans son premier rapport de 1990 (AR1), le GIEC lui-même admet l’existence de tels optima dans des temps anciens (voir Lettre 18). Nous sommes alors dans la période charnière qui voit le basculement des sphères dirigeantes du GIEC vers la face idéologico-politique, dominante aujourd’hui. Il est probable que c’est à ce moment que l’idée d’une culpabilité du CO2, en se radicalisant, a fait son chemin dans le système causal du réchauffement climatique. La coha- bitation d’une période chaude avec une absence d’industrie humaine produisant du CO2 devient insupportable, une détestation quasi obsessionnelle de ce gaz nécessaire à la vie se met en place. Ce moment si singulier, qui voit une idéologie prendre la science en otage, mériterait une digression (8).
C’est sur ces entrefaites que surgit Michael E. Mann, avec sa providentielle courbe de reconstruction des températures en forme de crosse de hockey, qui gomme (9) purement – si l’on peut dire – et simplement le petit optimum du Moyen Âge.
Une courbe de reconstruction des températures passées (nous sommes là dans la paléoclimatologie), qui traduit la relation entre la date et la température, constitue la manière la plus simple, et la plus compréhensible, de visualiser le phénomène de ces réchauffements / refroidissements au cours du temps. Ses fondements historiques se trouvent dans les travaux de E. Le Roy Ladurie et de H.H. Lamb (10). Ainsi, la première courbe que l’on peut voir ci-après, qui apparaît dans la premier rapport du GIEC de 1990, rend compte du réchauffement médiéval et du petit âge de glace (11).
La différence entre les deux courbes est patente. La courbe de Mann est un authentique – si l’on peut dire – deus ex machina, avec les carburants qui la font fonctionner : des données inadaptées et qui sentent la fabrication, des méthodes statistiques minables. Nous étudierons tout cela à loisir. Après une « analyse succincte des erreurs de l’article du Matin Dimanche » je présenterai d’autres graphiques. Afin de ne pas laisser des doutes dans l’esprit des lecteurs que la vérité intéresse, je donne d’ores et déjà le graphique suivant dont l’origine est chez le grand climatologue Willie Dansgaard (13).
Analyse succincte des erreurs de l’article du Matin Dimanche Je reprends ici pour les analyser, la dizaine d’erreurs qui affectent l’article du Matin
C’est intéressant de reprendre cette question. Cependant, on reprend toujours les mêmes courbes, qui portent sur des périodes très différentes, notées en années réelles, d’autres fois en « before present ». Ne serait-il pas possible de mettre les mêmes données sur le même graphique, avec les optimums médiévaux, le petit âge glaciaire, selon les auteurs contestant les fraudes de Mann, pour mieux voir l’importance de celle-ci et son rôle dans la puissance de tromperie?