La Chine, l’Iran et la Russie : quelles menaces pour l’Union européenne ? Quel lien avec l’énergie?

par Jean-Pierre Schaeken Willemaers

Remarques liminaires

Les trois pays figurant dans le titre de la présente analyse ont pour objectif la déstabilisation de l’Union européenne se fondant, entre autres, voire principalement sur : la géostratégie pour le premier cité, le terrorisme pour le second et l’expansion territoriale pour le dernier.

Ils ont en commun de détenir l’arme nucléaire ou, pour ce qui concerne l’Iran, d’être sur le point d’y arriver, de disposer d’importantes forces militaires, des sources d’énergie abondantes et d’être gouvernés par des régimes autoritaires.

L’UE sera-t-elle en mesure, le cas échéant, de les affronter ? Aura-t-elle eu le temps de constituer une armée digne de ce nom d’ici là ? Les États membres seront-ils disposés à dépenser de trois à quatre pour cent de leur PIB pour la créer et l’entretenir alors qu’ils rechignent à libérer les deux pour cent réclamés par les États-Unis pour financer l’OTAN ?

Quand décideront-ils d’adapter les structures de l’Union aux exigences du réalisme ? Combien de temps faudra-t-il  aux pays de l’UE pour aligner leurs politiques, dans un premier temps, en matière de sûreté, de standardisation et d’alliance, voire d’élargissement ?

Pour mieux appréhender la nature des menaces que représentent les trois pays précités, analysons les politiques et objectifs de chacun de ceux-ci.

La  Chine

Le régime chinois est très spécifique. Il est attaché à son héritage communiste et au modèle politique de l’URSS, mais s’est rendu compte que, pour assurer sa survie et ne pas tomber dans le piège qui a anéanti l’Union soviétique, il lui fallait adopter une approche économique inspirée de l’Occident. Ses relations avec ce dernier s’inscrivent dans cette optique.

Cela ne l’empêche pas de rester fidèle à la pensée chinoise historique qui privilégie le temps long et la maturation. Plutôt que de modéliser (approche occidentale), les Chinois cherchent à détecter le potentiel impliqué dans la situation et de le faire mûrir, en évaluant les points forts et faibles, entre l’adversaire et le soi. Dans la pensée chinoise, le rapport est plutôt de condition et de conséquence : il suffit d’aménager en amont des conditions telles que l’effet découle tout seul en aval (la guerre est engagée lorsqu’elle est gagnée d’avance).[1]

Avec une part de 16% en 2021, la Chine est le principal partenaire commercial de l’Europe   pour les échanges de marchandises. De plus, Pékin contrôle environ 10% du trafic de conteneurs en Europe, les Chinois ont acquis des participations (parfois majoritaires) dans les ports européens et une grande partie du commerce entre l’Europe et la Chine est assurée par le biais de compagnies maritimes publiques chinoises telles que Cosco.

Ce n’est que récemment que le parlement européen a adopté un texte visant à encadrer les investissements étrangers dans les infrastructures essentielles de l’UE, dont les ports.[2]

La Chine fait partie des pays dont la stratégie hybride est préoccupante. L’Europe est devenue un des principaux théâtres d’opérations de la grande stratégie chinoise de Xi Jiping qui vise à faire de son pays un leader global en termes de puissance nationale et d’influence internationale d’ici à 2049, date hautement symbolique pour la République populaire (centième anniversaire).

La nouvelle route de la soie, ce vaste programme de développement des infrastructures de transport visant depuis 2013 à relier la Chine et le reste du monde par la construction d’immenses segments routiers, ferroviaires, maritimes et cyber -spatiaux, constitue la forme la plus visible de cette grande stratégie visant à répondre aux énormes besoins de la Chine et à sa croissance. Cette route permet, en effet, de transporter vers la Chine toutes ressources naturelles, semi-finies, financières, intellectuelles et humaines dont l’empire du Milieu a besoin pour mener à bien sa grande stratégie.

Tous ces investissements et opérations d’influence, de lobbying, voire d’espionnage en Europe et ailleurs constituent autant de leviers (d’outils hybrides) que Pékin peut utiliser  notamment au détriment de la sécurité et des intérêts européens. [3] L’UE et ses États membres ont pris conscience tardivement de la menace que constitue l’espionnage chinois.  

Son efficacité est alimentée par la vulnérabilité et la naïveté des dirigeants européens.

Les investissements chinois, tant pour des raisons économiques que stratégiques, dans le transport et les installations portuaires[4], en particulier occidentales, dans les réseaux sociaux, dans les domaines du renouvelable intermittent, des voitures électriques et des batteries ne sont pas sans dangers  pour les pays occidentaux :  dépendance vis-à-vis de la Chine (ports, transport, etc.), concurrence des productions chinoises à coûts imbattables (éoliennes, panneaux photovoltaïques et voitures électriques),  risques de coercitions économiques (la Chine pourrait faire pression sur l’UE, par des mesures affectant le commerce grâce à son contrôle de certains ports),  cybersécurité, etc.

Le green deal imposé par l’UE sous la pression des écologistes est une véritable aubaine pour les Chinois  et une catastrophe pour les Européens : pertes d’emplois en cascade, faillites d’usines ayant investi dans ce type de fabrication et perte de souveraineté associée. Cette constatation soulève la question de la pertinence de la transition énergétique et du tout renouvelable d’ici à 2050, fondée principalement sur la production d’électricité intermittente.

Sans économie prospère, il n’est pas possible d’assurer le bien-être des populations. Les dirigeants de l’UE devraient mettre à profit toutes les occasions pour la promouvoir.   Ainsi, si, la présidente de la Commission européenne a évoqué le sort des Ouïghours et de Hong Kong, lors d’un plaidoyer  pour une politique de fermeté à l’égard de la Chine, elle n’a pas cité celui de Taiwan alors que ce pays, menacé d’invasion par la Chine, est essentiel à l’économie occidentale dans le domaine des semi-conducteurs.

Face au cynisme  chinois, les Européens n’arrivent toujours pas à adopter une politique réaliste et à se départir d’un idéalisme paralysant.

Toutefois, les menaces dont il est question ci-dessus, ne doivent pas nous faire perdre de vue  que la Chine est à un croisement. Son modèle de croissance s’essouffle : déficits budgétaires et dettes publiques croissantes, population vieillissante (en 2028, la Chine passerait sous la barre de 1,4 milliard d’habitants et en 2050 en dessous de 1,2 milliard[5]), augmentations des salaires, accélération des dépendances de l’étranger dans un certain nombre de secteurs tels que les semi-conducteurs, un chômage de 21,3% des jeunes (en dessous de 24 ans) en 2023[6] et un blocage technologique de la Chine par les États-Unis.

La croissance chinoise devrait continuer de ralentir à 2,4% d’ici à 2035[7].

À moyen terme, la situation économique de la Chine dépendra  des efforts qu’elle fournira

en matière d’innovations et plus spécialement dans le domaine de la  recherche, pour atténuer la décélération dont question ci-dessus.

L’Iran

L’Iran se distingue de tous les autres pays dans le monde par le fait qu’il se considère comme un État islamiste révolutionnaire, qu’il a la mission de rassembler les autres mouvements islamiques et populaires dans une communauté des croyants (sur le plan mondial) et de soutenir la continuation de la lutte pour la libération des nations spoliées dans le monde entier.

Quant à son armée ainsi qu’au corps de gardiens de la révolution,  formés en accord avec la foi et la doctrine religieuse, ils ne sont pas seulement responsables de la garde et de la protection des frontières, mais sont également chargés d’une mission doctrinale, c’est-à-dire de la guerre sainte et de la lutte pour la propagation de la souveraineté de la loi divine dans le monde. Il importe donc pour la République islamique de rejeter tous les apports externes et de retourner à l’islam authentique du prophète. Autre constat, la révolution islamique, tout en voulant s’exporter, a une dimension de lutte des classes et prépare la voie vers l’unité de la communauté islamique. Même si, par la force des choses, l’Iran s’appuie sur la prééminence du chiisme à l’intérieur du pays, il ne se présente pas, à l’extérieur, comme une république chiite. Dans cette perspective, dès 1975, la République islamique s’est manifestée à la fois comme le meilleur soutien de l’unité islamique et comme le champion de la lutte des masses musulmanes contre « l’arrogance occidentale » et les régimes musulmans liés à l’Occident. Ainsi, le pouvoir iranien a pris fait et cause pour les Palestiniens et la libération de Jérusalem occupé par Israël.[8]

S’il y a parfois des désaccords avec certains pays sunnites, ils sont souvent plus politiques que religieux. Ce n’est pas le cas avec les Wahabbites saoudiens pour qui les chiites restent des hérétiques. Il en va de même pour les sunnites radicaux, les salafistes ou les djihadistes qui partagent le même point de vue que les Wahabbites.[9]

Cela n’empêche pas l’Iran d’être l’allié de la Russie dans son opposition à l’Occident. En matière de politique étrangère, son approche peut être  plus politique que religieuse. Ainsi, durant les guerres menées par la Russie contre la Tchétchénie, l’Iran n’a pas critiqué la politique russe alors que la population tchétchène est de confession musulmane. Il y a d’autres exemples où les considérations religieuses ont une importance marginale : le conflit entre l’Azerbaïdjan musulman et l’Arménie chrétienne ou la coopération avec la Chine (malgré le sort des Ouïghours) en raison de certains intérêts communs.

La politique de l’Iran constitue une menace pour l’UE vu que cette dernière est l’alliée des États-Unis et que l’anti-américanisme iranien demeure l’un des principaux fondements idéologiques  de la République islamique. Sa détestation des américains a, d’ailleurs, conforté son assise au sein de mouvements comme le Jihad islamique palestinien ou le Hezbollah libanais, voire plusieurs pays comme Cuba ou le Venezuela.

Un autre sujet de litige majeur entre les EU/ l’UE et l’Iran est l’interdiction faite à celle-ci par le PAGC (Plan d’Action Global Commun) de procéder à l’enrichissement du combustible nucléaire au-delà de ce qui est nécessaire pour les applications civiles. Sur ce dossier, la Chine et la Russie sont solidaires des EU. L’Iran persiste à ne pas respecter ses obligations dans le cadre de cet accord[10] signé à Vienne le 14 juillet 2015 par l’Iran, les EU, la Chine, la France, le Royaume–Uni, l’Allemagne et l’UE qui prévoit un système complet d’inspections et de contrôle assuré par l’AIEA. Le non-respect de l’accord est sanctionné par les EU.  La plupart des pays (y compris la Chine et la Russie) coopèrent pour éviter les mesures de rétorsion de la part de ces derniers.  Avec le temps, ces sanctions (couvrant un large domaine d’applications  visant même des personnellement des responsables iraniens, voire des entreprises) sont de plus en plus lourdes.

Notons toutefois que les premières sanctions américaines à l’égard de l’Iran sont beaucoup plus anciennes. Elles  ont été mises en place à la suite de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran en 1979. Depuis lors, les relations entre les EU et l’Iran

ne se sont pas vraiment apaisées, sauf durant une courte période.

Les sanctions les plus récentes de l’UE font suite à la fourniture iranienne de drones à la Russie. L’union envisage une extension des sanctions contre l’Iran après l’attaque aérienne contre Israël.

Cette inquiétante poursuite de l’enrichissement  est accompagnée d’une augmentation significative du stock total d’uranium enrichi de l’Iran (s’élevant considérablement au-dessus de la limite autorisée par l’accord) et de la restriction d’accès aux installations nucléaires iraniennes pour les inspecteurs internationaux.

La posture iranienne représente un défi majeur pour la stabilité régionale et internationale.[11]

La Russie

Le poids de la Russie repose  essentiellement sur la détention de l’arme nucléaire, ses considérables richesses énergétiques et minérales et son immense territoire, voire ses ressources alimentaires.

En outre, elle est un acteur clé au Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle est également membre de l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) et du Conseil de l’Europe.

Parmi les trois pays faisant l’objet de ce papier, la Russie est la première puissance nucléaire. Elle possèderait environ 6000 têtes nucléaires (quasi autant que l’OTAN), dont 1500 retirées et prêtes à être démantelées. Sur les 4500 restantes, la plupart sont considérées comme des armes nucléaires stratégiques : des missiles balistiques de longue distance. Les autres sont plus petites, moins destructrices, utilisées à courte portée sur les champs de bataille ou en mer.

Les experts estiment qu’environ 1500 ogives russes sont actuellement déployées, c’est-à-dire installées dans des bases de missiles, de bombardiers ou sur des sous-marins en mer (la triade).[12] 

Elles sont  majoritairement stratégiques et participent à ce qu’on appelle la dissuasion nucléaire. Les estimations de l’institut international pour la paix de Stockholm sont similaires.

La Russie a développé  un missile (RS-28) nommé « Satan 2 » par l’OTAN,  le plus gros missile nucléaire intercontinental jamais conçu. Il peut frapper à plus de 10 000 km. Ce missile balistique intercontinental est capable d’embarquer au moins 10 ogives nucléaires. Il a été testé pour la première fois en avril 2022. Le missile a ensuite été lancé de Plesetsk. Les explosifs à blanc ont réussi à atteindre leurs cibles sur la péninsule du Kamtchatka.[13]

Elle développe également des missiles hypersoniques (Kinjal) dans l’enclave de Kaliningrad. Ils sont censés échapper à toute interception d’un bouclier antimissile. Ils peuvent être équipés d’une ogive nucléaire.[14]

L’argument en faveur du maintien d’un grand nombre d’armes nucléaires est que la capacité de détruire complètement votre ennemi l’empêcherait de vous attaquer. Bien qu’il y ait eu de nombreux essais nucléaires et une augmentation constante de leur complexité technique et de leur pouvoir destructeur, les armes nucléaires n’ont pas été utilisées dans une confrontation armée depuis 1945.[15]

Les considérables richesses énergétiques (pétrole et gaz) constituent le deuxième pilier de la puissance russe en reconstruction.

Les hydrocarbures représentaient, en 2021, 46% de ses exportations totales. Selon l’Institut Montaigne, ses ventes de pétrole ont atteint 179 milliards de dollars en 2021 et 62 milliards pour le gaz. [16]

Les revenus des exportations nucléaires du pays ont grimpé en septembre  2023 pour atteindre leur plus haut niveau depuis juillet 2022 d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport annuel sur le marché du pétrole. Les sanctions de l’UE et de l’Australie (le plafonnement du prix du pétrole à 60 dollars le baril) ont été compensées par l’Inde qui a accepté de continuer d’acheter du pétrole russe au prix du marché( 86 $/baril en 2023). Et comble de la situation, l’Inde revend le pétrole russe qu’elle a raffiné aux Européens avec une plus-value.[17]

Toutefois, c’est le gaz qui est la véritable richesse énergétique du futur pour la Russie. Cette dernière possède les plus grandes réserves prouvées de gaz dans le monde.

En 2021, elles s’élevaient à 37400 milliards de m3 devant l’Iran (32000 milliards) et le Qatar (2400). Celle des États-Unis n’étant « que » de 12000 milliards.[18]

En fait, les réserves n’ont jamais vraiment cessé de croître alors même que la consommation augmentait en parallèle. En 40 ans, les réserves mondiales de gaz ont pratiquement été multipliées par trois, même si un ralentissement a pu être observé depuis 2010. La raison ? Les principaux pays producteurs n’ont pratiquement aucune raison d’exploiter plus de gisements. Il n’y a pas suffisamment de consommation pour justifier de tels investissements.[19]

Deux zones sont nettement dominantes dans  le domaine gazier : la zone moyen-orientale (Qatar, Iran, etc.) et la zone ex-URSS (Russie, Turkménistan, Ouzbékistan, etc.). Elles représentent 70% des réserves de gaz prouvées au niveau mondial.[20]

La part du gaz dans le mix énergétique devrait se maintenir autour d’un quart de la demande mondiale d’énergie. Il serait de plus en plus transporté sous forme de GNL.[21]

En 2023, l’État russe a su réduire sa dépendance budgétaire envers la vente d’hydrocarbures.  Si les revenus pétrogaziers représentaient environ la moitié des recettes fédérales avant le conflit en Ukraine, ils ne formaient plus, en 2023, qu’un tiers du budget de l’État, selon le gouvernement.[22]

Malgré la hausse des dépenses fédérales au profit de l’industrie militaire, le déficit public a été contenu à 1,9% selon le ministère des Finances. Cette reprise économique est accompagnée d’un retour de l’inflation à 7,4% fin 2023.[23]

Jusqu’en 1989, le bloc occidental (essentiellement les États-Unis)  et l’Union soviétique ont agité le spectre nucléaire sans y avoir recours. Ils ont même réussi à résoudre in extremis la crise de Cuba.

Peu de temps après la chute de l’URSS un régime autoritaire a été progressivement mis en place, centré sur le pouvoir d’un seul homme qui rêve de rétablir l’empire d’antan. C’est dans ce contexte que la Russie a attaqué l’Ukraine avec le soutien d’une large partie de la population, à l’exception toutefois de la plupart des intellectuels russes.

En réaction à l’invasion russe, l’UE a instauré progressivement des sanctions contre la Russie afin de l’affaiblir, notamment, en la privant des revenus provenant de la vente à l’Europe du pétrole et du gaz. Force est de constater que les exportations de pétrole russe sont restées étonnamment résilientes depuis le début de la guerre grâce, entre autres, au transport par voie maritime.

Elles ont atteint 80 millions de barils (transportés par tankers) en mai 2022 contre 30 millions avant l’invasion de l’Ukraine.[24]

La Russie n’est pas à court d’acheteurs, principalement en Asie, dont l’Inde et la Chine qui ont d’autres priorités que les sanctions internationales liées à la guerre en Ukraine. Ainsi, l’Inde  profite des conditions alléchantes qui lui  consenties tandis que les États membres de l’UE payent le prix du marché pour les achats qu’ils continuent de faire.

Les bonnes relations entre les deux pays ne devraient pas changer malgré les pressions occidentales.[25]

Alors que les EU n’ont pas tardé à prendre fait et cause pour l’Ukraine, la Chine et l’Iran ne se sont pas prononcés contre l’agression russe, en partie du fait de leur détestation de  la République fédérale américaine. Ils ne sont pas les seuls  à ne pas être convaincus par le discours des « Occidentaux ». De nombreux pays en développement, le Brésil et l’Afrique du Sud se sont abstenus ou ne se sont pas présentés à l’Assemblée générale des Nations Unies lors du vote sur l’agression russe contre l’Ukraine, estimant prioritaire l’accès au blé et aux hydrocarbures russes.

Quant au  régime iranien, il se délecte de tout ce qui s’oppose aux USA, le grand Satan.

L’Europe est en train de détrôner les États-Unis comme ennemi n° 1  de la Russie selon le politologue Timofeï Bordatchev, directeur du programme du Valdaï Club (2 mars 2022). Toujours selon lui, les Américains tirent les ficelles dans les coulisses, se tiennent à l’écart pour l’instant. Grâce à leur position géographique, ils peuvent soutenir les autres de loin.

Il n’y a jusqu’à présent aucun signe indiquant que les EU  vont intervenir sérieusement dans le conflit Ukraine-Russie. L’avenir de la population  russe n’est pas rose pour autant : rationnement dans les magasins, exode de la main-d’œuvre, une industrie pharmaceutique sous-développée, augmentation du coût de la vie, etc.

Il ne faudrait pas que des postures et actions inutilement agressives de la part de l’UE contre la Russie empêchent des négociations de paix, sachant que pareilles discussions impliquent toujours des concessions de part et d’autre.

Pourquoi ne serait-il pas possible de trouver un accord avec les Russes concernant l’Ukraine alors que l’Occident s’est accommodé durant 70 ans de la guerre froide avec l’URSS ?

Une telle solution est conditionnée par le point de vue américain, l’Ukraine dépendant totalement  des EU.

D’autre part, il semblerait que président russe soit disposé à discuter. Il se fonderait sur une confluence de facteurs créant le moment opportun pour un compromis: entre autres, un champ de bataille embourbé dans une impasse, l’échec de la contre-offensive ukrainienne, le support tardif de l’Occident et la moindre attention accordée au conflit en Ukraine à cause de la guerre à Gaza. Même si l’issue de négociations avec Vladimir Poutine est imprévisible, ne serait-il pas plus raisonnable et plus humain de tenter de trouver une solution pacifique plutôt que de poursuivre une guerre horrible, principalement pour les Ukrainiens, que ni les Russes ni les Ukrainiens ne semblent en mesure de gagner?


[1] Les Chinois préfèrent tisser leur toile, François Jullien.

[2] Investissements chinois dans les ports européens : l’UE sur le pont, Euronews, 24 janvier 2024.

[3] Les menaces hybrides : quels enjeux pour nos démocraties, Estelle Hoorickx, La revue géopolitique, 24 janvier 2024.

[4] Les acquisitions portuaires sont principalement réalisées par trois géants industriels chinois : Cosco, China Merchants Port (CMP) et Hutchinson Port Holdings. CMP possède, par exemple,  des parts du port d’Anvers ainsi que de Fos et du Havre.

De son côté, Cosco est actionnaire majoritaire des ports de Zeebrugge et de Valence,  possède des parts du port de Vado Ligure (Italie) ou encore de Rotterdam. Ces acquisitions permettent à la Chine de faciliter l’exportation  de sa surproduction. Un tel accès au marché européen n’est pas sans risques pour l’Europe.

[5] La fin du miracle économique chinois, Gérard Vespierre, Contrepoints, 19 février 2024.

La population de plus de 60 ans atteignait 24 millions en 2017, 280 millions en 2020 et se dirige vers 420 millions en 2050. Cet accroissement spectaculaire aura deux impacts : l’un sur le marché intérieur, l’autre sur le marché du travail.

[6] En Chine, le chômage des jeunes embarrasse Pékin, Simon Leplâtre, Le Monde, 22 octobre 2023.

[7] Can chinese growth defy  gravity ? Alicia Garcia-Herrero, senior fellow at Bruegel, June 2023.

[8] Politique étrangère de l’Iran : particularisme iranien, revue Confluence méditerranéenne, 2019.

[9] Ibidem.

[10] Ce plan est censé garantir que le programme nucléaire iranien sera  de nature exclusivement pacifique. Il fixe

le calendrier et la modalité de la levée des sanctions liées aux contraintes nucléaires imposées à l’Iran.

[11] L’Iran poursuit son enrichissement d’uranium malgré les pressions internationales, AFP, 28 février 2024.

[12] Guerre Ukraine-Russie : combien d’armes nucléaires la Russie possède-t-elle ?, BBC, 22 septembre 2022.

[13] La Russie a réussi a annoncé la mise en service du missile Sarmat , encore appelé Satan2, 2 septembre 2023.

[14] Russie-Ukraine : de quoi est constitué l’arsenal nucléaire russe ?, TV Monde, 22 septembre 2022.

[15] Ibidem

[16] Que pèsent le pétrole et le gaz dans l’économie russe, Paul Louis, BFM business, 6 juin 2022

[17] Russie : au plus haut depuis 2022, les revenus du pétrole remplissent les caisses russes, La Tribune, 14

Octobre 2023.

[18] Les réserves mondiales de gaz naturel en 2021, SEFE, 4 août 2021.

[19] Ibidem.

[20] Quels sont les pays disposant de quantités de gaz prouvées les plus importantes ?, SEFE (Securing Energy For Europe),  4 août 2021.

[21] TotalEnergies, 26 avril 2024.

[22] L’économie russe renoue avec la croissance en 2023, Agence France-Presse, 6 mai 2024.

[23] Ibidem.

[24] CNBC May 31 2022.

[25] India finds Russian oil an irrestible deal, no matter the diplomatic pressure, Emily Schmall & Stanley Reed, The New York Times, May 4 2022.