par Samuel Furfari et Patrick Vandenhoeke
Université Libre de Bruxelles
UCL Master’s degree, Industrial Organic Chemistry
Air Liquide, l’éminent conglomérat français spécialisé dans les gaz industriels, s’est vu octroyer une subvention de 110 millions d’euros par le Fonds européen de l’innovation pour son projet ENHANCE, situé dans le port d’Anvers-Bruges, en Belgique.
Le groupe envisage la construction et l’exploitation d’une installation de craquage d’ammoniac à grande échelle, qualifié de « vert, bas carbone et renouvelable », ainsi que d’un liquéfacteur d’hydrogène innovant, également décrit comme « vert, bas carbone et renouvelable ». Le projet prévoit la transformation d’une de ses unités de production d’hydrogène conventionnel (dit « gris ») dans le complexe portuaire, en substituant l’ammoniac « vert » au gaz naturel comme matière première, dans le but de produire et de distribuer de l’hydrogène dit « vert ».
Cette substitution viserait à réduire les émissions de CO₂ de plus de 300 000 tonnes par an, comparativement à la production industrielle actuelle d’hydrogène conventionnel, et ce, grâce à des fonds publics.
Il est à noter que, comme c’est fréquemment le cas dans ces projets dits « verts », le coût par tonne de CO₂ évitée n’est jamais explicitement mentionné. Cette omission semble suggérer que la priorité est accordée à la perception d’une solution existante plutôt qu’à une analyse économique rigoureuse.
Néanmoins, la réalité de ce projet soulève de multiples interrogations et semble présenter des incohérences qui s’apparentent davantage à une manœuvre politique qu’à une innovation industrielle rationnelle et économiquement viable.
Nous proposons ci-après une analyse détaillée des conditions industrielles et économiques de production de l’hydrogène et de l’ammoniac conventionnels (dits « gris ») à l’échelle mondiale, en les comparant à ceux qualifiés de « verts » dans le cadre du projet ENHANCE. Il convient toutefois, en préambule, de souligner que l’industrie et l’économie de l’Union européenne des 27 s’inscrivent dans un contexte de mondialisation. Par conséquent, toute production au sein de l’UE ne peut être viable que si elle demeure compétitive vis-à-vis des industries et des économies mondiales.
Procédés de production de l’hydrogène (vert) subsidié par ENHANCE
L’objectif final du projet ENHANCE vise à subventionner un nouveau procédé de production d’hydrogène qualifié de « vert », dont la capacité n’est pas divulguée. Ce procédé utilisera de l’ammoniac « vert » produit en Namibie à partir d’énergies renouvelables. L’ambition affichée est de réduire les émissions de CO₂ de plus de 300 000 tonnes par an, comparativement à la production d’hydrogène industriel conventionnel, dit « gris ».
La production mondiale d’hydrogène, s’élevant à 94 millions de tonnes en 2021, est majoritairement consommée localement. Elle repose principalement sur les quatre procédés industriels suivants :
- Vaporeformage du méthane : Ce procédé représente 62 % de la production mondiale. Il consiste à faire réagir du méthane (CH₄) avec de la vapeur d’eau à haute température (700-1000 °C) en présence de catalyseurs métalliques.
- Oxydation partielle du pétrole : Cette méthode, représentant 18 % de la production, implique la réaction d’hydrocarbures avec de l’oxygène à des températures élevées (900-1500 °C) et sous haute pression (20-60 bars).
- Gazéification du charbon : Contribuant à 19 % de la production, ce procédé consiste à chauffer le charbon en présence d’oxygène et de vapeur d’eau, parfois sous haute pression.
- Électrolyse de l’eau : Cette méthode que tout étudiant a vu réaliser par son professeur de chimie ne représente actuellement que 0,04 % de la production mondiale.
Il est important de noter que ces trois premiers procédés, représentant la quasi-totalité de la production mondiale (99,96 %), sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre. En effet, la production d’un kilogramme d’hydrogène « gris » par vaporeformage du méthane génère environ 9 à 11 kg de CO₂.
Les trois premiers procédés mentionnés précédemment sont responsables d’émissions de CO₂ et représentent 99,96 % de la production mondiale d’hydrogène. Envisager leur remplacement par l’électrolyse de l’eau alimentée par des énergies renouvelables, à des coûts de production comparables, relève de l’irréalisme.
L’électrolyse de l’eau pour produire de l’hydrogène vert (et de l’oxygène) n’émet pas de CO₂, à condition que l’énergie utilisée soit exclusivement d’origine renouvelable ou nucléaire. Il convient cependant de souligner que la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, une technologie connue depuis plus d’un siècle, nécessite 6,9 fois plus d’énergie que les autres procédés de production d’hydrogène, en raison de contraintes thermodynamiques (comme détaillé dans « L’utopie hydrogène » de S. Furfari, pages 74 à 79). Dans un contexte de marché ouvert, la production d’hydrogène à partir d’eau, quelle que soit la source d’énergie utilisée pour l’électrolyse, apparaît comme une aberration économique et, par conséquent, ne se concrétisera pas.
Pourquoi l’hydrogène est-il consommé en grande partie localement (et le reste par pipeline?)
L’hydrogène est majoritairement consommé localement, avec une partie transportée par pipeline, en raison de deux caractéristiques physico-chimiques fondamentales qui rendent son transport et son stockage particulièrement complexes et coûteux.
Premièrement, l’hydrogène est, avec l’hélium, l’élément le plus léger du tableau périodique de Mendeleïev. Cette propriété a des implications significatives pour son transport puisqu’à l’état gazeux, la quantité d’hydrogène transportée par unité de volume est extrêmement faible, ce qui rend son transport peu efficace et économiquement peu viable sur de longues distances. Sa légèreté exceptionnelle est illustrée par sa capacité à soulever des structures massives, comme le démontre l’exemple historique du Zeppelin, dont la masse atteignait 215 tonnes. Même à l’état liquide, l’hydrogène demeure remarquablement léger, avec une densité 8,55 fois inférieure à celle de l’ammoniac liquide.
Deuxièmement, comme pour la plupart des gaz, le transport de l’hydrogène serait plus efficace sous forme liquide, en raison de la densité nettement supérieure des liquides par rapport aux gaz. Cependant, cette approche présente des défis considérables puisque la liquéfaction de l’hydrogène nécessite des conditions extrêmes, notamment des températures très basses, ce qui entraîne des coûts élevés et une consommation d’énergie importante.
Le processus de liquéfaction au point de départ et la vaporisation au point d’arrivée ajoutent des étapes complexes et coûteuses au transport.
Ces contraintes physico-chimiques expliquent pourquoi l’hydrogène est principalement consommé sur son lieu de production ou transporté sur de courtes distances par pipeline. Le transport sur de longues distances, que ce soit sous forme gazeuse ou liquide, s’avère économiquement peu viable dans la plupart des cas, en raison des coûts élevés et des défis techniques associés.

Les gaz dont la température de liquéfaction n’est pas excessivement basse peuvent être liquéfiés par une simple augmentation de la pression, selon un principe analogue à celui employé dans les réfrigérateurs domestiques. L’ammoniac illustre parfaitement ce phénomène : à une température de 20 °C, une pression modérée de 7,5 bars suffit à provoquer sa liquéfaction.
En revanche, l’hydrogène présente des caractéristiques thermodynamiques singulières qui complexifient considérablement son processus de liquéfaction. Sa température de liquéfaction, exceptionnellement basse (-253 °C), rend impossible sa liquéfaction à température ambiante, même sous des pressions extrêmement élevées. Pour que l’hydrogène puisse exister à l’état liquide, il est impératif de le refroidir en deçà de son point critique, situé à 33 K (-240,15 °C). De surcroît, pour obtenir de l’hydrogène entièrement liquide à pression atmosphérique, il est nécessaire d’abaisser sa température jusqu’à 20,28 K (-252,87 °C).
Ces propriétés thermodynamiques uniques de l’hydrogène ont des implications significatives sur les processus industriels et les technologies de stockage et de transport, rendant sa manipulation à l’état liquide particulièrement exigeante sur le plan technique et énergétique.
La liquéfaction de l’hydrogène représente un défi énergétique considérable, consommant entre 25 % et 38 % de son pouvoir calorifique supérieur. Cette exigence énergétique substantielle constitue l’une des principales raisons pour lesquelles le stockage de l’hydrogène sous forme liquide est généralement réservé aux applications nécessitant des densités énergétiques particulièrement élevées, telles que les technologies spatiales ou certaines solutions de transport spécifiques.
Le processus de vaporisation de l’hydrogène liquide présente également des contraintes énergétiques non négligeables. La vaporisation d’un kilogramme d’hydrogène liquide requiert approximativement 445 kJ (équivalent à 0,124 kWh) d’énergie, en supposant que celui-ci soit déjà à son point d’ébullition. Dans le cas où le liquide serait sous-refroidi, un apport supplémentaire de chaleur sensible serait nécessaire pour l’amener à 20,27 K, augmentant ainsi la demande énergétique totale. Ces opérations de liquéfaction et de vaporisation engendrent non seulement des coûts énergétiques élevés, mais contribuent également à l’émission de CO₂, en fonction de la source d’énergie utilisée.
En conséquence de ces contraintes thermodynamiques et énergétiques, le transport de l’hydrogène sur de longues distances est largement limité. À l’exception des infrastructures de pipelines, le transport d’hydrogène à grande échelle s’avère peu pratique. Une alternative envisageable consiste à le transporter sous une forme dérivée, notamment sous forme d’ammoniac, qui présente des propriétés physico-chimiques plus favorables au transport et au stockage.
Dans le cadre d’une analyse approfondie du projet ENHANCE, il convient de souligner une étape cruciale, non mentionnée explicitement dans la communication officielle, qui s’avère indispensable à la production d’hydrogène dit « vert » en Belgique : la transformation préalable de l’hydrogène vert namibien en ammoniac vert sur le sol namibien. Cette conversion nécessite la construction et l’exploitation d’une infrastructure industrielle conséquente en Namibie, dont les implications économiques et environnementales méritent une attention particulière.
Les coûts d’investissement liés à cette infrastructure namibienne devraient, en toute rigueur, être intégrés dans le calcul du coût de revient de l’hydrogène vert produit à Anvers. De même, l’empreinte carbone associée à la construction, au fonctionnement et à l’entretien de cette usine en Namibie devrait être prise en compte dans le bilan environnemental global du projet.
Il est à noter que ces émissions de CO₂ additionnelles ne semblent pas avoir été incluses dans le calcul de réduction annoncé de « plus de 300 000 tonnes » d’émissions de CO₂ par le projet ENHANCE. Cette omission soulève des questions quant à l’exhaustivité et à la transparence du bilan environnemental présenté.
L’absence de mention de cette étape namibienne dans la communication du projet ENHANCE soulève des interrogations légitimes sur la complétude des informations fournies. Dans un souci de rigueur scientifique et de transparence, il aurait été souhaitable que ces aspects soient clairement explicités et intégrés dans l’évaluation globale du projet.
Il est regrettable que nos demandes de clarification adressées à Air Liquide soient restées sans réponse, privant ainsi les parties prenantes et le public d’informations essentielles à une compréhension holistique des enjeux et des impacts réels du projet ENHANCE.
Le transport maritime de l’ammoniac dit « vert » sur de longues distances, tel que le trajet de 12 000 km entre la Namibie et Anvers, engendre des coûts considérables, particulièrement en comparaison avec les productions locales à grande échelle. Il est à noter que les émissions de CO₂ associées à ce transport ne semblent pas avoir été intégrées dans le calcul annoncé d’une réduction de plus de 300 000 tonnes d’émissions de CO₂ du projet ENHANCE. Cette omission s’ajoute aux interrogations déjà soulevées.
Le processus de craquage de l’ammoniac « vert » en hydrogène « vert », au cœur du projet ENHANCE, soulève également des questions méthodologiques. La comparaison des émissions de CO₂ de ce procédé avec celles des productions locales d’hydrogène conventionnel (« gris ») semble ne prendre en compte que la dernière étape du processus, localisée dans le port d’Anvers-Bruges. Cette approche comparative partielle pourrait conduire à une représentation inexacte des bénéfices environnementaux réels du projet.
Ce cycle de transformation hydrogène-ammoniac-hydrogène soulève des interrogations quant à sa pertinence industrielle et économique, ainsi que sur son efficacité en termes de réduction des émissions de CO₂. La focalisation exclusive sur la dernière étape du processus, sans considération pour l’ensemble de la chaîne logistique et de transformation, pourrait masquer une réalité plus complexe en termes d’impact environnemental global.
Procédés industriels de production de l’ammoniac
L’ammoniac est un produit chimique fondamental, fabriqué à grande échelle depuis plus d’un siècle grâce au procédé Haber-Bosch. Cette réaction chimique, représentée par l’équation suivante, combine l’hydrogène et l’azote :
N₂(g) + 3 h₂(g) ⇌ 2 NH₃(g) + ΔH
La production d’ammoniac nécessite des quantités précises de réactifs. Pour obtenir une tonne de NH₃, il faut 658 m³ de diazote et 1 974 m³ d’hydrogène (mesurés à 1 bar et 25 °C). L’azote est obtenu par liquéfaction de l’air. Comme on l’a vu, l’hydrogène, quant à lui, provient principalement du vaporeformage du gaz naturel (essentiellement du méthane, CH₄). En Chine, notamment, l’hydrogène est également produit à partir du charbon, soit lors de l’élaboration du coke, soit par gazéification en présence d’eau.
En 2021, la capacité mondiale de production d’ammoniac s’élevait à 236,4 millions de tonnes par an, répartie sur 467 usines. La plus grande usine au monde, exploitée par CF Industries en Louisiane (États-Unis), a une capacité de production de 3,9 millions de tonnes par an de NH₃. La France dispose d’une capacité de production de 1,5 million de tonnes par an. En 2012, la Chine comptait 394 usines de production d’ammoniac.
L’ammoniac est majoritairement utilisé dans l’industrie des engrais, soit directement, soit après transformation en phosphates, nitrate ou sulfate d’ammonium.
Transport de l’ammoniac
La majorité de la production l’ammoniac, soit 88 %, est transformée sur le site même de sa fabrication. Le reste est transporté sous forme liquide à une température de -33 °C, nécessitant des infrastructures spécialisées. Il est transporté soit par camions-citernes pour les livraisons locales ou régionales soit par navires spécialisés d’une capacité pouvant atteindre 35 000 tonnes, pour le transport maritime international. Des pipelines étendus existent, notamment aux États-Unis qui possèdent 5 090 km de pipelines dédiés. En Russie et Ukraine, un réseau de 2 000 km relie le site de production Togliatti au port de port de Yuzhnyy près d’Odessa pour pouvoir l’exporter au départ de la mer Noire. Sa capacité d’exportation s’élève à 2,6 millions de tonnes par an, soulignant son rôle crucial dans le commerce international de ce produit. Cela rappelle également que la compétitivité de l’ammoniac vert devra se confronter à ces grandes productions au départ de gaz naturel.
En effet, l’ammoniac bénéficie d’une production à très grande échelle, caractéristique des produits chimiques de base. Cette ampleur de production permet de réaliser des économies d’échelle significatives, contribuant ainsi à la réduction des coûts de production unitaires. Cette optimisation économique renforce la compétitivité de l’ammoniac sur les marchés mondiaux et soutient son utilisation étendue dans divers secteurs industriels.
Les coûts d’investissement et de production dans les processus industriels (sidérurgie, chimie, centrales électriques, etc.) suivent une loi d’échelle particulière. L’augmentation de ces coûts est significativement moins importante que l’accroissement de la taille de l’installation. Cette relation est modélisée par l’équation suivante :

- I représente les investissements
- C représente les capacités de production
- n est un exposant caractéristique
L’expérience industrielle montre que la valeur moyenne de n se situe généralement entre 0,6 et 0,75. Cette observation a donné naissance à la « règle du facteur des six dixièmes ». Concrètement, cela signifie que si l’on double la capacité d’une installation, le coût d’investissement n’augmentera que d’environ 50 % à 70 %.
Cette loi d’échelle a des implications économiques majeures. Elle explique pourquoi, pour être rentables, les installations industrielles doivent atteindre une taille critique importante. Contrairement à l’adage « Small is beautiful », la réalité industrielle favorise les grandes structures. Ce phénomène, étudié depuis longtemps (Bauman, 1964), continue de faire l’objet de recherches approfondies en raison de ses conséquences financières considérables.
La détermination précise de la valeur de n pour chaque type d’industrie reste un enjeu crucial pour l’optimisation des investissements et la planification stratégique des entreprises.
Le coût de production de l’ammoniac est significativement réduit dans le cadre d’installations à très grande capacité, principalement en raison des économies d’échelle. Ces unités de production massive favorisent généralement une utilisation sur place du produit. Cependant, cette optimisation économique s’avère difficilement réalisable avec des installations dites « vertes », qui sont typiquement de taille plus modeste et décentralisée. Par conséquent, il est peu probable que le coût de production de l’ammoniac vert atteigne une compétitivité comparable à celle de son homologue conventionnel.

Figure 1 Principe du projet ENHANCE
Participation ou collaboration des industriels à la supercherie ?
Il convient de s’interroger sur les raisons qui poussent les industries, notamment belges, à participer, voire à collaborer — dans une acception potentiellement critique du terme — à ce qui pourrait être perçu comme une mise en scène écologique.
Il est important de souligner que l’industrie belge n’a été ni à l’origine ni partie prenante dans le processus décisionnel ayant conduit à l’adoption du Pacte vert ou de l’objectif Net Zéro 2050. Ces initiatives, imposées par l’Union européenne via son arsenal législatif, contraignent les acteurs industriels à s’y conformer. Dans ce contexte, la stratégie adoptée par l’industrie vise principalement à minimiser les impacts négatifs de ces réglementations sur leurs activités.
Par ailleurs, il est indéniable que toute activité de recherche et développement (R&D) est susceptible de générer de nouvelles connaissances potentiellement valorisables. Face à l’afflux de financements européens destinés à la R&D industrielle, il serait peu judicieux pour les entreprises de se priver de telles opportunités. Ces fonds peuvent en effet contribuer à maintenir leur compétitivité et à développer des innovations potentiellement bénéfiques à long terme.
Les actions politiques de promotion ENHANCE
La ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, a orchestré une visite diplomatique de haut niveau en Namibie, impliquant la présence de Sa Majesté le roi des Belges. Cette mission a eu lieu du 29 avril au 3 mai 2024. L’implication de personnalités aussi éminentes dans ce projet soulève des interrogations quant à la pertinence et à la validité des informations qui leur ont été présentées. Il est en effet surprenant que des figures aussi respectées de l’État belge aient pu être amenées à soutenir un projet dont la viabilité économique et environnementale semble, est carrément surréaliste.
Mais ce n’est pas tout… car il y a aussi un écocolonialisme belge.
La production d’hydrogène dit « vert » par la Belgique en Namibie est un projet qui soulève de nombreuses interrogations et fait l’objet de critiques substantielles, tant sur le plan écologique qu’éthique.
Bien que la Namibie bénéficie d’un potentiel solaire considérable, le pays est confronté à des obstacles structurels majeurs :
- Déficit énergétique : La Namibie importe 60 % de ses besoins en électricité d’Afrique du Sud, témoignant d’une dépendance énergétique critique.
- Accès limité à l’électricité : Seulement 56 % de la population namibienne a accès à l’électricité, soulignant des inégalités infrastructurelles importantes.
- Pénurie hydrique : La Namibie figure parmi les pays les plus arides au monde, avec une pénurie chronique d’eau douce, ressource pourtant essentielle à la production d’hydrogène par électrolyse.
Pour pallier le manque d’eau douce, le projet envisagerait le dessalement de l’eau de mer, un processus :
- Extrêmement énergivore
- Potentiellement dépendant des énergies fossiles, compromettant ainsi l’objectif écologique affiché
Il est à noter que ces aspects ne semblent pas être pris en compte dans le calcul de réduction des émissions de CO₂ annoncé par le projet ENHANCE, estimé à 300 000 tonnes.
Aberrations écologiques, économiques, diplomatiques et éthiques
Malgré ces contradictions apparentes, le projet a bénéficié d’un soutien diplomatique de haut niveau avec une promotion intensive par Tinne Van der Straeten, ministre belge de l’Énergie, et l’organisation d’une visite officielle du roi Philippe en Namibie prévue en avril 2024.
Cette démarche diplomatique vise ostensiblement à positionner la Belgique comme un acteur majeur dans le développement des énergies renouvelables en Afrique. Cependant, cette initiative soulève des questions éthiques, notamment concernant une possible forme de néo-colonialisme environnemental.
Ce projet, qui pourrait être qualifié de néocolonialiste, prétend utiliser les ressources naturelles et énergétiques d’un pays en développement pour répondre aux besoins d’une UE en quête de décarbonation, tout en laissant derrière lui les défis structurels non résolus de la Namibie. Au lieu d’investir dans des infrastructures énergétiques locales pour permettre à la population namibienne d’accéder à l’électricité et à l’eau potable, ce projet priorise des exportations vers la Belgique.
Cela soulève des questions éthiques fondamentales sur la responsabilité des pays développés lorsqu’ils s’engagent dans des partenariats avec des nations moins favorisées.
Ce projet apparaît comme une aberration technologique et morale. Alors que la Namibie lutte pour répondre aux besoins essentiels de sa population, ce type d’initiative détourne des ressources précieuses et perpétue une logique où les intérêts du Nord global priment sur ceux du Sud. Une véritable coopération durable devrait se concentrer sur le renforcement des capacités locales et non sur l’exploitation des failles structurelles d’un pays vulnérable.
Le financement public du projet ENHANCE, caractérisé par de multiples incongruités, constitue une aberration et une mystification qui jette le discrédit sur nos institutions politiques.
Le lecteur profane est aisément induit en erreur par une présentation fallacieuse et incohérente d’un projet prétendument destiné à « sauver la planète ». En l’absence de données chiffrées précises, toutes les hypothèses sont envisageables, jusqu’à preuve du contraire, ce qui incombe a priori à la ministre en exercice. Néanmoins, sans même s’aventurer dans les arcanes technico-chimiques et énergétiques, l’absurdité du projet saute aux yeux.
Comment peut-on raisonnablement concevoir qu’une ministre fédérale de l’énergie ait pu à ce point abuser nos édiles politiques, notre aristocratie et nos concitoyens ?
Comment est-il concevable de lancer de telles inepties avec les deniers publics des contribuables, déjà les plus imposés au monde, si ce n’est dans l’optique d’une propagande écologiste délétère pour notre prospérité ?
Quant à nous, nous ne pouvons pas croire que le projet va épargner 300 000 tCO2 par an.
Comment nos politiques et nos industriels peuvent en arriver à ce genre d’ineptie ; l’hydrogène est bon pour envoyer des fusées sur la Lune ou Elon Musk sur Mars ; mais pourquoi transformer des combustibles fossiles ou de l’électricité produites par des énergies renouvelables en hydrogène , et pour faire marcher quoi; des bus ?
« » » » » » »Sept bus à hydrogène détruits par un incendie dans un dépôt à Danjoutin, dans le Territoire de Belfort » » » » » »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/02/territoire-de-belfort-sept-bus-a-hydrogene-detruits-par-un-incendie-dans-un-depot-a-danjoutin_6477976_3224.html
Et puis l’hydrogène en brûlant forme de la vapeur d’eau , gaz à effet de serre le plus actif et dont les capacités sont loin d’être saturées dans la rétention des infra rouge de grande longueur d’onde émis par la Terre
Faudrait vraiment que nos scientifiques remettent politiciens et industriels dans le droit chemin
La propulsion automobile à l’hydrogène vert est un leurre écolo qui a la vie dure…
La consommation électrique totale exigée pour sa production par électrolyse, sa compression et sa reconversion en électricité dans une pile à combustible ne sera récupérée au niveau des roues que pour moins de 1/3. Les deux tiers restants sont gaspillés en chaleur, irrécupérable.
A comparer aux 85-90 % de rendement décharge/charge d’une batterie de véhicule électrique, dont je ne suis pourtant pas un enthousiaste pour d’autres raisons.
Article très complet, argumenté et détaillé.
L’hydrogène vert est une chimère économique et écologique.
Je qualifierais ce projet de « fraude écologique ».
Les omissions, les « oublis », les sous-évaluations financières ou énergétiques sont destinés à jeter de la poudre aux yeux du public, et surtout ceux des politiques crédules toujours aussi imperméables aux lois de thermodynamique. Seuls les experts conseilleurs des investisseurs, moins stupides, connaissent déjà la non rentabilité de l’affaire, leur faisant seulement miroiter de juteuses subventions publiques qu’il encaisseront tant que le robinet sera ouvert, tandis que l’écolopoliticomédiasphère se pâmera en diffusant des chiffres truqués sur l’empreinte carbone, la réduction de la pollution, les emplois créés en Namibie et en Belgique, etc… etc…
300000 tonnes de CO2 en moins en Europe pour autant que ce chiffre soit sincère, ce dont je doute fortement , c’est moins de 1/10000e des émissions européennes
Sachant que, d’après le GIEC, 1000 milliards de tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère, éviterait, à l’échelle mondiale, — et pour autant que ce chiffre soit sincère, ce dont, moi aussi, je doute fortement –, un réchauffement de 0,45°C.
Donc, les 300000 tonnes de CO2 en moins de l’Europe, éviteraient, à l’échelle mondiale, un réchauffement de 0,0000001°C !
Moi qui suis très sensible aux variations de température, je ne suis même pas sûr que je m’en apercevrais 🤣🤣
Climatiquement vôtre. JEAN
Je n’ai pas compris l’utilité de fabriquer l’ammoniac vert en Namibie.