Le narratif du GIEC en question

par Alain Préat, Professeur émérite, Université Libre de Bruxelles

Le livre ‘Les Dissidents du Climat, les thèses du GIEC en question’ de Guy Barbey (Président de l’Association Climat et Vérité)  paraît à point nommé par rapport à la COP30 (10/11-21/11/2025, Belém, Brésil). Difficile de résumer cet ouvrage  de 286 pages tant il est détaillé sur l’émergence des thèses du GIEC, sur les acteurs scientifiques, politiques et les médias présents dans les différentes institutions nationales, internationales et supranationales (ONU). L’auteur a patiemment reconstitué les étapes qui ont mené au narratif actuel, celui d’un alarmisme sans précédent, relayé quotidiennement. Cette ‘propagande’ porte ses fruits, ainsi pour la majorité des citoyens la ‘science est dite’ et supportée par un large consensus scientifique. Hélas la réalité est toute  autre, le fameux consensus (97% !) a été fabriqué et la ‘science n’est pas dite’.

A travers toutes les péripéties, incohérences et refus de discuter avec ceux des scientifiques reconnus qui émettent de sérieux doutes sur le narratif, l’auteur nous montre que de bout en bout de cette saga, un seul fil conducteur tient tout l’édifice et le valide : il s’agit du CO2 lié aux émissions anthropiques, source de tous les maux climatiques. Pourtant, comme ne cesse de le rappeler l’auteur, faisant appel à une bibliographie scientifique sérieuse, aucune démonstration scientifique convaincante ne valide cette hypothèse, il s’agit d’une hypothèse et de rien d’autre, qui plus est ne peut faire l’objet d’aucun débat, malgré les nombreuses demandes et pétitions officiellement adressées au GIEC, à l’ONU etc. (rapportées dans le texte). Bref hors CO2 et gaz à effet de serre rien à signaler ! Les processus naturels … rien à voir.  Inutile d’aller chercher ailleurs.  Ainsi avant même que le GIEC ne commence ses travaux, la cause était entendue … Le château de cartes s’écroule si l’hypothèse est invalidée…

 L’auteur nous brosse un panaroma de la controverse climatique en cours, depuis ses origines à partir des années 1960/1970 jusqu’à ce jour, avec notamment l’Accord de Paris (2015) et le récent retrait de cet accord par les Etats-Unis, suivi de la publication du DOE Report en juillet 2025. Les principaux jalons de cette saga climatique sont marqués par le rapport du Club de Rome (1972), la création du GlEC  (1988), le sommet de Rio (1992), la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique par l’ONU (1992-1994), les interminables COP dont celle de l’Accord de Paris (2015) qui a frappé les esprits. Le fait marquant de cette saga fut le sommet de la Terre de Rio avec pour la première fois une avancée écologique majeure. Pour Judith Curry la caution scientifique du traité de 1992 (Rio, ONU) n’était pas fondée sur des observations, mais sur des modèles. En 1990, période à partir de laquelle le narratif s’emballe, le GIEC reconnaît qu’il ignore si le réchauffement est ou non d’origine anthropique (cf. premier rapport d’évaluation, 1990), et au nom du Principe de Précaution il engage les Etats de lui déléguer leur souveraineté climatique qui passera peu après de facto sous l’autorité supranationale de la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique.

 Face à l’absence de toute possibilité de discussion critique des modèles, il est évident que la science climatique  a été politisée et institutionalisée. Les institutions scientifiques (Musées, Instituts, Académies des Sciences, Universités …) et presque toute la presse se  sont ralliées à ce narratif alimenté par un alarmisme fort bien entretenu, voire oppressant. De nombreux scientifiques reconnus (la plupart sont mentionnés dans le livre) ont tenté en vain un dialogue, ils furent rejetés, parfois déconsidérés. Ils décidèrent d’analyser ou d’étudier la ‘science climatique ‘ de leur côté et créèrent en  2019  CLINTEL, une fondation européenne indépendante s’opposant au GIEC et à l’ONU en matière climatique et sur la question de la transition énergétique. La fondation a publié et publie encore de nombreux travaux remettant en cause les théories du GIEC. Cette fondation a tenté sans succès un dialogue avec le GIEC et avec l’ONU. En un mot, pour CLINTEL et de nombreux scientifiques, le système climatique de la planète Terre est extrêmement complexe et aujourd’hui encore son fonctionnement est largement incompris sur de nombreux points. C’est également l’avis de l’Académie des Sciences française (2015) pour qui les observations ne sont pas suffisantes et les incertitudes trop grandes, comme récemment rappelé par  Koonin (2022).

Alors pourquoi face à ces analyses et études scientifiques critiques le narratif continue-t ’il de plus belle ? Ici l’auteur n’hésite pas à dévoiler ce qui apparaît bien comme le dessous des cartes. Il insiste d’abord sur le fait que le narratif climatique est avant tout politique et résulte de son mode de fonctionnement. Les Rapports Techniques sont rédigés par trois groupes de travail, chacun produisant des textes difficilement lisibles dépassant de loin le millier de pages (près de10000 pages dans le rapport complet AR6, 2021-2023). Une équipe de rédacteurs rédige une synthèse, le ‘Summary for Policy Makers’ (SPM) de quelques dizaines de pages reflétant des négociations bilatérales avec les représentants des gouvernements. Finalement ce SPM s’apparente plus à un traité diplomatique qu’à un rapport scientifique car les objectifs des différents gouvernements ont la priorité.  On se doute que dans cette approche purement politique les marchandages et manipulations sont légion, ainsi c’est le contraire d’une démarche scientifique normale qui est à l’œuvre. L’ONU, par exemple, exerce un marchandage financier planétaire visant à redistribuer la richesse du monde par la voie climatique. Bien que louable en soi, cela n’a plus grand chose à voir avec la politique de l’environnement et de la science climatique. Son discours à travers son Président Gutteres est devenu anxiogène à un point de non-retour (voir ici un exemple parmi tant d’autres alertes catastrophiques) et consacre la mise sous tutelle de la science climatique devenue un instrument de propagande pour les thèses du GIEC.

Pourtant le GIEC lui-même reconnaît que les prévisions ou projections faites à partir des modèles ne sont pas fiables  (troisième rapport TAR, 2001) car les composants du système sont intrinsèquement chaotiques au sens mathématique strict. La situation est toujours la même aujourd’hui mais cela n’empêche pas d’intensifier l’alarmisme onusien et son relais (hyper)médiatique. A côté de ce constat tiré de la physique (système chaotique), l’auteur rapporte de nombreux cas de falsifications et manipulations des données et résultats (cf. chapitre 2.2 du livre). Impossible de tout énumérer ici, citons la plus célèbre d’entre elles, celle liée à la courbe de Mann et al. (1998)  qui s’accommoda de l’évolution de la température de l’hémisphère nord en faisant disparaître un Optimum Climatique (Optimum médiéval) qui mettait en porte à faux  le réchauffement actuel  lié au CO2 anthropique pour l’essentiel selon le GIEC. Cette courbe, s’est révélée fausse sur le plan scientifique (cf. Académie des Sciences, USA), mais a hélas fortement marqué les esprits, grâce à sa théâtralisation par Al Gore en 2006 sous la forme de la ‘courbe de hockey. Son rôle fut d’alarmer les populations et les gouvernements du monde entier sur le risque du réchauffement climatique. Elle fut retirée des rapports et finalement reprise dans le Résumé des Décideurs (‘SPM’) de l’AR6 en 2021. Il est (très) difficile de ne pas y voir une manipulation grotesque qui fut d’ailleurs portée devant les tribunaux. Pourtant la courbe correcte était connue, et fut publiée dans le premier ‘Assessment Report’  du GIEC en 1990 !  Il faut  manifestement propager la peur.

 Dans le domaine des manipulations le ClimateGate (2009), lié à la diffusion d’e-mails volés par effraction, occupe aussi une place privilégiée quant à l‘intégrité de la science climatique. Cet évènement a mis en évidence qu’un petit nombre d’intervenants maîtrisait la communication du GIEC pour orienter la science climatique dans le sens favorable des thèses défendues. Ce scandale de retentissement mondial fut suivi en 2011 d’une autre manipulation de grande ampleur sur le potentiel futur des ENR. Un rapport du GIEC (9/05/2011, 1174 experts) annonça que 77% des besoins énergétiques de la planète pourraient être fournis par les ENR en 2050. Ce chiffre était faux, non justifié, ni vérifiable et simplement ‘inventé’. Il provenait d’une prévision d’un seul rapport établi par un coordinateur de Greenpeace. A l’époque l’AIE estimait ce potentiel à 10%. La liste est encore longue des arrangements au sein du GIEC, citons des rédacteurs sélectionnés, le manque de transparence des débats, le choix orienté des textes de référence (cherry picking), la modification du contenu des travaux scientifiques. Régnant en maîtres absolus le GIEC et l’ONU sont juges et parties et leurs conclusions ne peuvent qu’être prises pour argent comptant. Dans ce contexte la méthode scientifique, pour autant qu’elle existe, est un leurre. De nombreux opposants continuent de contester que le CO2 anthropique puisse jouer un tel rôle, mais le GIEC refuse toujours la discussion.

Qui sont ces opposants ou trouble-fête ?

Ils sont plus nombreux que ce qui est rapporté par la presse. Ils ont un background scientifique des plus élevés, ils sont experts, professeurs PhD d’universités, Prix Nobel et ont parfois participé de l’intérieur aux travaux d GIEC avant de se rétracter suite au refus de débat en interne. Ils ont publié des articles ‘peer review, des livres, produisent des rapports, donnent des conférences et entretiennent des sites informatiques de haute tenue (une liste est fournie dans le livre). Ils sont ouverts au débat, mais sont ignorés de la plus grande partie de la population car ils n’ont pas accès aux médias qui les rejettent et les dénigrent chaque fois que c’est possible. Les dissidents les plus connus sont présentés par l’auteur (cf. chapitre 3, pages 90 à 138), une liste plus complète est présente dans CLINTEL. Les arguments développés par ces scientifiques montrent qu’il n’ y aucun consensus sur la question de l’origine du réchauffement actuel, et proposent des hypothèses dans lesquelles le CO2 n’a aucun rôle ou seulement un rôle minime, la saturation de CO2 étant atteinte il ne peut y avoir un emballement de l’effet de serre (hypothétique) avec l’ajout de ce gaz. Pour de nombreux ‘climatosceptiques’, les émissions de CO2 n’ont qu’un effet marginal, d’autres facteurs bien plus importants sont à  prendre en considération (soleil, nuages, vent, vapeur d’eau, courants océaniques …). Notons que ces facteurs, et d’autres sont régulièrement discutés dans SCE et bien entendu dans CLINTEL.

Les faits analysés  dans le livre de M. Barbey vont tous dans le même sens, à savoir le GIEC a mélangé science et politique. Et ce n’est pas un hasard puisque dès son origine la structure cette organisation et de son fonctionnement étaient sous le regard du pouvoir politique (cf. Reagan et Thatcher) qui pouvait dès lors piloter le dossier climatique. Aujourd’hui cela se traduit de manière beaucoup plus visible avec  les différentes COP qui voient s’affronter les courants politiques sous couvert de la gouvernance mondiale.

 Rappelons les propos d’Antonio Guterres (Secrétaire Général des Nations-Unies) en 2022 lors de l’ouverture de la COP27 : ‘L’humanité doit coopérer ou elle périra’ … ‘Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique’ etc. Qui dit mieux ? Comment faire encore plus peur ? Antonio Guterres s’inspire probablement des conclusions du résumé à l’intention des décideurs (08/2021, AR6). Les conclusions ne font l’objet d’aucun débat et tout est pris pour argent comptant, même si l’édifice ne repose que sur une hypothèse jamais démontrée, à savoir le réchauffement actuel est lié au CO2 anthropique. La boucle est bouclée, revenons en 1992 à Rio et à la mission du GIEC définie comme suit : Evaluer sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective les informations d’ordre scientifique, technique, et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine. La messe était dite, et comme rappelé plus haut, hors CO2 pas d’alternative. Devant cette intransigeance (peu scientifique) le terreau est favorable aux activistes du climat ‘boostés’ par un alarmisme qui ne fait que se renforcer. Oui le tableau se noircit encore et encore, l’irrationnel, parfois l’hystérie (voyez les actions des activistes sur nos routes, dans les musées…), sont devenus la boussole des éco-anxieux. N’est-il pas temps que les Dissidents du climat soient ‘autorisés’ à faire valoir leur point de vue ? … au risque de bousculer le narratif actuel !

Dans cette attente plongez dans le livre de Barbey, vous y trouverez une analyse plus conforme à la réalité scientifique. Le constat est clair, l’évolution future du climat est incertaine, la climatologie n’en étant qu’à ses débuts, et plutôt que de vouloir contraindre le climat globalement par la baisse des émissions de CO2 anthropique, comme l’ONU le préconise, une approche pragmatique est de privilégier l’adaptation.

Souhaitons un bon succès à ce livre rigoureux qui devrait inviter tout un chacun de comprendre les enjeux où science et politique se sont mariés pour le pire.

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