SCE-info: Jean-Pascal van Ypersele sait-il lire ?

paru dans B-MAG, Drieu Godefridi, 22.09.2020

Lors d’un débat sur le mode exquis, affable et équilibré « Tous contre le Pr. Samuel Furfari » sur RTL le dimanche 20 septembre 2020, le charmant Jean-Pascal van Ypersele, candidat malheureux à la présidence du GIEC, a contesté que le GIEC avait reconnu, dans son troisième rapport, l’impossibilité de prévoir le climat à long terme.

Poursuivant le débat sur Twitter — technique typique de ceux qui ont perdu l’argument en direct — le charmant van Ypersele émet juste après le débat télévisé ces deux tweets :

Pourrait-on inviter Monsieur van Ypersele à se relire attentivement avant de publier ?

Reprenons (lentement) :

1. Dans son troisième rapport (« AR3 ») le GIEC écrit : « In sum, a strategy must recognise what is possible. In climate research and modelling, we should recognise that we are dealing with a coupled non-linear chaotic system, and therefore that the long-term prediction of future climate states is not possible. The most we can expect to achieve is the prediction of the probability distribution of the system’s future possible states by the generation of ensembles of model solutions. This reduces climate change to the discernment of significant differences in the statistics of such ensembles. »

En français (ma traduction au départ de l’original en anglais) : « En somme, une stratégie doit reconnaître ce qui est possible. Dans la recherche et la modélisation du climat, nous devons reconnaître que nous avons affaire à un système chaotique non linéaire couplé, et donc que la prédiction à long terme des états climatiques futurs n’est pas possible. Le mieux que nous puissions espérer est la prédiction de la distribution de probabilité des futurs états possibles du système par la génération d’ensembles de solutions modélisées. Cela réduit le changement climatique au discernement de différences significatives dans les statistiques de ces ensembles. 

2. Selon van Ypersele, ce que le GIEC soutient dans ce passage est (1) que la météo est imprévisible à long terme, mais (2) que le climat quant à lui est bel et bien prévisible à long terme. Le libellé du tweet de van Ypersele est limpide : « Le texte du GIEC parle correctement de l’impossibilité de prévoir à long terme un état précis du système climatique à un moment donné (ex: la météo du 21 juillet 2100). Le GIEC explique ensuite que cela n’empêche pas de prévoir la distribution probable de ces états, càd le climat ».

3. Problème : le GIEC ne parle pas de la météo dans le passage en question, seulement de « future climate states ». Mais peut-être le GIEC vise-t-il la météo par l’expression de « future climate states » ? La réponse à cette question figure sur la même page 774 du rapport du GIEC, qui stipule : « Climate states are defined in terms of averages and statistical quantities applying over a period typically of decades ». En français (ma traduction de l’original en anglais) : « Les états climatiques sont définis en termes de moyennes et de quantités statistiques s’appliquant sur une période généralement de plusieurs décennies. »

4. Il apparaît ainsi nettement que, contrairement aux allégations du candidat malheureux, l’expression « climate states » dans le passage évoqué par le Pr. Furfari de l’AR3 ne vise expressément pas la météo, mais des moyennes et quantités statistiques appliquées sur des périodes de plusieurs décennies, c’est-à-dire… le climat ! La négation parfaite de la notion de « la météo du 21 juillet 2100 » (© van Ypersele).

En conclusion, contrairement aux allégations du fantaisiste van Ypersele, le GIEC reconnaît bel et bien, et littéralement, dans son AR3 l’impossibilité de prévoir le climat à long terme. La seule voie offerte, toujours par le GIEC et dans le même rapport, est la construction de modèles informatiques permettant de discerner la possibilité, sur le mode de distributions probabilistes, de certains « scénarios » climatiques. Une ambition problématique par elle-même, car portant sur des systèmes chaotiques, mais infiniment plus humble et modeste que les envolées lyriques et hybristiques de Monsieur van Ypersele sur le mode de Madame Soleil.

À titre personnel, nous avions été fort peiné par l’échec de van Ypersele à la présidence du GIEC. Mais comment ne pas comprendre que le GIEC ait refusé de mettre à sa tête un amateur qui n’est pas capable de lire les rapports du GIEC avec rigueur et lucidité ?

Drieu Godefridi, PhD, 22 septembre 2020.

5 réflexions sur « SCE-info: Jean-Pascal van Ypersele sait-il lire ? »

  1. Bonjour,

    Je pense que la phrase du GIEC est un peu auto-contradictoire et donc cela laisse supposer de la mauvaise foi de la part des auteurs. Ils ne pouvaient pas écrire simplement qu’aucune prévision n’était possible. Car sinon, c’est la fin des modélisations avec toutes les conséquences que cela entraine. Donc, ils rattrapent le coup par quelque chose de vague qui concerne l’espérance dans les probabilités de distribution. Encore faut-il prouver que cette espérance pourrait être pertinente.

    D’une manière plus générale, je suis surpris des phrases qui peuvent s’auto-contredire dans les rapports du GIEC. Par exemple, p42 du SROCC de 2019:

    « Anthropogenic climate change may have contributed to a poleward migration of maximum tropical cyclone intensity in the western North Pacific in recent decades related to anthropogenically-forced tropical expansion (low confidence). There is emerging evidence for an increase in annual global proportion of Category 4 or 5 tropical cyclones in recent decades (low confidence). »

    Ce qui consiste à dire une affirmation anxiogène, puis avec une simple parenthèse : « faible confiance dans cette affirmation ». Exemple : « on va tous mourir bientôt à cause du climat (faible confiance dans cette affirmation) ».

    C’est très pénible à lire. C’est très curieux d’écrire comme cela. Le passage important est seulement entre parenthèse ! Spécialement sur les sujets anxiogènes, les contradictions sont troublantes.

  2. Tout dépend du point de vue où l’on se place et de l’importance qu’on y attache par rapport à l’idée qu’on s’en fait, car il est dans la vie des circonstances, où, l’homme, quel qu’intelligent qu’il soit obtempère à des raisons qui bien qu’aléatoires n’en sont pas moins intrinsèques et absolues.
    Car quand le GIEC (qui a publié des dizaines de courbes de hausse des températures ces 20 dernières années dont pas une seule ne correspond à la réalité mesurée depuis) arrêtera ses messages catastrophistes, il n’aura plus de budget de même que les fabricants d’éoliennes ou de voitures électriques n’auront plus de clients.

  3. 10 constats réalistes:
    1°) Le CO2 n’est pas un polluant. C’est un gaz indispensable et irremplaçable à toute vie végétale et animale sur Terre. Ce n’est pas le CO2 qui cause la pollution de l’air des grandes villes, liée à la circulation automobile, au demeurant de mieux en mieux maitrisée. L’épisode du Covid le prouve. Le C02 est présent à 0,04 % dans l’air, rien d’anormal.

    2°) Le taux de CO2 dans l’atmosphère a un impact très faible sur la température moyenne de la planète Terre, ne justifiant pas l’alarmisme ambiant généralisé. Cette affirmation scientifique résulte à la fois des mesures empiriques de la température et du taux de CO2 à toutes les époques, ainsi que de la physique du climat, fille de la thermodynamique et de l’étude des rayonnements.

    3°) Depuis 1960, la teneur en CO2 est passée de 3 molécules d’air pour 10 000 à 4 molécules d’air pour 10 000. Cela n’a eu aucun impact sérieux sur le climat. En revanche, ce CO2 supplémentaire a dynamisé la croissance des végétaux. D’où de meilleurs rendements de l’agriculture, la réduction des famines, la bonne croissance des arbres et des forêts, et le reverdissement des déserts.

    4°) La température de la Terre change constamment, à toutes les échelles de temps : glaciations il y a 10 000 ans, période chaude appelée optimum médiéval vers l’an mil, période froide appelée « petit âge glaciaire » entre 1400 et 1800. Nous sommes aujourd’hui à peu près à la moyenne du deuxième millénaire.

    5°) Au vingtième siècle, on a observé un réchauffement de 1915 à 1945, puis un refroidissement de 1945 à 1975, puis un réchauffement jusqu’en 2000. Ceci selon un cycle de 60 ans. Depuis 20 ans, la température de la Terre est à peu près stable. Les spécialistes des cycles s’attendent à un refroidissement à partir de 2020.

    6°) Ce changements permanents de la température de la Terre sont la résultante de nombreux cycles, d’origine astronomique l’inclinaison de son axe de rotation, sa distance au Soleil, la position de ce dernier dans le système solaire, son activité magnétique, ses taches, les rayons cosmiques, les précessions, etc. Ces cycles superposés, de durées différentes peuvent annuler leurs effets sur la température terrestre ou au contraire les amplifier. Dans le domaine de l’astronomie, tout change tout le temps, et ce sont ces changements qui entrainent les variations de température ou de climat.

    7°) La notion de « gaz à effet de serre » est une image et un slogan, pas une réalité scientifique. Il n’y a pas de vitre quelque part dans le ciel ! En revanche, certains gaz absorbent les rayonnements infrarouges et transforment leur énergie en chaleur, ce sont les GAIR. C’est la vapeur d’eau qui est le principal gaz absorbant les infrarouges (GAIR) renvoyés par la surface terrestre. Il y a environ 100 fois plus de vapeur d’eau que de CO2 dans l’atmosphère. Faut-il lancer la chasse aux nuages ?

    8°) Les émissions de CO2 par l’Humanité depuis les années 1950 restent quantitativement très modestes, par rapport aux grands flux naturels entre les grands réservoirs de CO2 que sont l’océan mondial qui contient près de 40 000 milliards de tonnes de carbone sous forme de CO2 dissous, la végétation mondiale sur les continents, et l’humus des sols. Seuls 6% de CO2 supplémentaires d’origine fossile sont venus s’ajouter dans l’air depuis de début de la révolution industrielle. Le C02 est capturé, il est libéré, ainsi de suite..

    9°) Toutes les politiques de réduction des émissions de CO2 sont et seront inefficaces, inutiles et très couteuses. Elles ne changeront rien à la température de la Terre ni au climat. La France seule produit 0,89 % des émissions de CO2, ce qui est très faible par rapport à la Chine, l’Inde, les Etats Unis, qui continuent à en émettre massivement. Les politiques Françaises et européennes de lutte contre les « gaz à effet de serre », pour une économie « décarbonée », sont des boulets inutiles qui vont détruire la compétitivité de nos économies.

    10°) La fiscalité sur l’énergie, instaurée pour « sauver le climat », est devenue insupportable, comme en témoignent la révolte des « bonnets rouges » suivie de la révolte des « gilets jaunes ». Les lourdes taxes sur les carburants et l’électricité pénalisent les moins favorisés et accroissent leur précarité. Elles servent à financer des énergies intermittentes éoliennes ou solaires, très peu productives et très polluantes. Ces taxes sont à la fois inutiles pour le climat et injustes. Il faut poursuivre le combat contre la « transition énergétique ». Et poursuivre, sans culpabilité inutile et tant qu’il en reste, l’usage des combustibles fossiles, pétrole ou gaz, car cela n’aura aucun impact significatif sur le climat. Le nucléaire de quatrième génération, très sûr et ne produisant pas de déchets prenant progressivement le relais. Avec, pour notre pays, un stock de matière fertile assurant notre indépendance pour 5 000 ans.

    La grande supercherie climatique est assimilée au casse du siècle, elle se déroule là, sous nos yeux, avec l’argent des contribuables, au détriment de la France et aux bénéfices de grandes puissances étrangères.
    Bonne lecture, n’hésitez pas à faire suivre sans modération. Merci. Bien à vous. JR

  4. @ JR
    Je déduis de votre point numéro 8 que vous prétendez que l’homme , via la combustion des fossiles n’est pas responsable de l’augmentation du CO2 atmosphérique constaté depuis le début de l’ère industrielle ; pourtant l’évolution isotopique de ce CO2 montre qu’il ne peut provenir que d’une origine organique ; comme vous prétendez à juste titre que « ce CO2 supplémentaire a dynamisé la croissance des végétaux » il ne peut provenir que de la combustion de fossiles (pétrole, charbon et gaz) ; s’il provenait d’autres réservoirs comme la croûte terrestre , le manteau via le volcanisme ou le dégazage des océans, le delta C13 de ce CO2 évoluerait dans l’autre sens ou au mieux resterait stable
    Tout cela ne change rien à ses qualités de gaz à effet de serre , mais cela ne fait pas très sérieux si l’ont veut critiquer les modélisations du GIEC

  5. C’est justement en étudiant l’évolution du 13C dans l’atmosphère que l’on peut montrer que l’augmentation de la teneur relative en ppm de CO2 ne résulte pas principalement des émissions de CO2 fossile riche en 12C. Si l’augmentation du CO2 résultait de l’émission de 12C, il y a aurait une baisse bien plus rapide de la teneur en 13C. C’est à partir de ces calculs 13C/12C que l’on peut montrer que la contribution des fossiles dans la composition atmosphérique n’est que de l’ordre de 4 à 6 %.
    Par ailleurs, si la proportion de CO2 augmente, quelle qu’en soit la cause et l’origine (en partie largage de 13C oéanique, ou de 12C d’origine fossile), cela augmente le rendement de la photosynthèse du type C3 (RUBP Carboxylase) pourvu qu’il n’y ait pas d’autre facteur devenant limitant, comme l’eau par exemple, pour la végétation terrestre.

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