Prof. Dr. Jozef Ongena,
Research Director at the Plasma Physics Laboratory of the Royal Military Academy, Brussels
Membre de l’Académie Royale de Belgique
Ir. Jean-Pierre Schaeken Willemaers,
Institut Thomas More – Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
Dans le cadre de la transition énergétique, la production d’électricité par fusion nucléaire devrait jouer un rôle important à l’avenir. Toutes les puissances mondiales s’y intéressent et en financent les recherches, en particulier l’Europe qui en est le leader mondial grâce au projet JET (Joint European Torus, situé à Culham à 10 km d’Oxford.). Il s’agit de la seule machine au monde fonctionnant avec du deutérium et du tritium, deux isotopes de l’hydrogène, qui semblent les plus appropriés pour le futur réacteur de fusion. À partir 2004, des travaux sont entrepris, entre autres, dans le but d’augmenter ses performances pour atteindre les 150 millions de degrés requis par la fusion, lui permettant d’effectuer les tests nécessaires au développement du projet ITER (version plus puissante et plus avancée du Jet, en cours de construction à Cadarache, France, dont la mission est de démontrer la faisabilité physique et technologique de la fusion. Sept pays y coopèrent : la Chine, les EU, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, l’Inde et bien entendu l’Union européenne). En février 2022, le Jet a réussi à générer une fusion nucléaire de 59 MJ (mégajoule) pendant 5 secondes.
Expérience de laboratoire au JET, J. Ongena
Il existe évidemment d’autres centres de recherche hors Europe, mais ils ne peuvent, pour l’instant rivaliser avec le Jet. En outre, les grands projets japonais (JT-60SA) et chinois (BEST à Hefei) ne peuvent être mis en service, pour les premières expériences, que dans plusieurs années.
Mais voilà, l’Europe pourrait perdre très rapidement son leadership avec la fermeture de ce fleuron nucléaire européen, comme expliqué ci-après.
D’une part, le projet JETest l’otage des relations compliquées entre l’Europe et le Royaume-Uni. Jusqu’au Brexit, les investissements provenaient de l’Union européenne (via Euratom) et des différents pays de l’Union, y compris le Royaume-Uni. Le centre de recherche a été transféré à ce dernier en octobre 2021.
Or le financement d’Euratom a cessé et la Grande-Bretagne a annoncé la fermeture du JET, préférant investir dans son propre programme de recherche national.
La décision de fermer le JET suscite de vives protestations dans le monde. Ce projet est le moteur de la coopération européenne dans la recherche sur la fusion nucléaire. La perte de ce dernier menace donc d’avoir des conséquences majeures. Une pétition lancée à la mi-octobre 2023 par un groupe de scientifiques, « Scientists for JET », demande l’annulation de la fermeture proposée. À ce jour, plus d’un millier de scientifiques spécialisés dans la fusion ont signé cette pétition, dont de nombreux collègues britanniques. Les chercheurs américains ont insisté sur la nécessité de ne pas répéter les erreurs du passé et de ne pas arrêter une machine opérationnelle avant qu’un successeur équivalent ou meilleur ne soit prêt.
Étant donné l’importance de développer une source d’énergie aussi prometteuse et abondante, pourquoi l’UE et les États membres ne font-ils pas preuve de plus de détermination pour débattre avec le Royaume-Uni de la poursuite de la coopération dans le projet JET, alors que ce dernier a déjà engrangé des résultats appréciables ?
Le JET ne devrait pas être un problème financier. Les Européens, y compris le Royaume-Uni, sont disposés à dépenser des centaines de milliards d’euros pour la transition énergétique et rechignent à y consacrer une petite partie de cette somme (environ 50 millions d’euros par an)pour développer une énergie, n’émettant pas de GES (gaz à effet de serre), qui résoudrait à terme nombre de problèmes énergétiques. La relance de la coopération précitée est d’autant plus urgente que les expérimentations du projet JET sont essentielles à la réussite du projet ITER. Si les Européens ne parviennent pas à trouver un accord entre eux maintenant, ce sont les États-Unis et l’Asie qui prendront le relais et l’Europe aura perdu définitivement son leadership.
D’autre part, le projet ITER a pris beaucoup de retard et ne serait opérationnel que bien au-delà de l’échéance initialement programmée. La décision prise en Europe en 2016 de fermer le JET n’est plus pertinente dans le contexte actuel et devrait être réexaminée. Cette rupture dans la continuité de la recherche sur la fusion en Europe risque d’en déplacer le centre de gravité, notamment vers l’Extrême-Orient. Cela compliquerait considérablement la formation de la prochaine génération de chercheurs européens dans le domaine de la fusion, ce qui serait d’autant plus fâcheux que l’Europe intervient à hauteur de 45% dans le financement du projet.
Néanmoins, il est possible de surmonter les obstacles précités liés aux différends entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, à condition d’agir rapidement et avec détermination. Comme déjà suggéré plus haut, il est urgent de réunir les parties (UE, États membres et Grande-Bretagne) pour discuter des modalités qui permettraient de continuer le projet JET ensemble.
Quant au projet ITER, il ne se présente pas, pour l’instant, sous les meilleurs auspices, selon Pietro Barabaschi, le nouveau directeur général du projet : entre autres, des retards importants dans les contrats de construction et dans les livraisons engendrant des coûts supplémentaires, des pertes significatives de compétences internes dans les domaines clés, la qualité insuffisante de certains composants ainsi qu’un manque de motivation du personnel en raison d’objectifs difficiles à atteindre.
Monsieur Barabaschi entend remettre le projet sur les rails grâce à une vaste réorganisation. Il présentera une nouvelle feuille de route en juin prochain. L’ensemble du programme scientifique sera révisé pour rattraper une partie du retard afin que le projet soit prêt pour des expériences thermonucléaires de haute puissance en 2035 comme prévu.
Comme il faudra encore des décennies avant de construire un démonstrateur producteur d’électricité, il n’est peut-être pas interdit de s’interroger sur le procédé de fusion à mettre in fine en œuvre à côté des gros tokamaks : tokamak plus condensé (Sparc à aimants supraconducteurs) ou voie laser.
En ce qui me concerne , il faudra construire cette centrale sur la Lune; cela nous ferait un soleil tout proche
« » » » » » » » » »développer une énergie, n’émettant pas de GES (gaz à effet de serre), » » » » » » » »
Quand je lis cela , je me demande quelles sont les connaissances scientifiques de ces physiciens et des journalistes qui défendent leur projet de l’équilibre biologique de la Terre
Le commentaire de Fritz est juste (si je l’ai bien compris): l’argument avancé de « baisser les émissions de GES » est parfaitement stupide quand on sait que les GES n’ont qu’une influence infime sur le climat. Messieurs les scientifiques, par pitié, cessez de vous soumettre à la pensée dominante quand elle est absurde, vous vous déconsidérez.
Effectivement, vous avez raison. Nombre de scientifiques se sont ralliés aux thèses du GIEC, mais combien d’entre eux se sont donnés la peine de vérifier le bien-fondé de celles-ci?
C’est parce que SCE et ses auteurs les ont analysées qu’ils en ont décelé les biais
et donc qu’ils n’y adhèrent pas.