Il nous faut constater que l’Union européenne n’est pas à la veille de changer de politique énergétique (verte) alors que celle-ci ne tient pas ses promesses.
La volonté de la nouvelle Commission de maintenir le cap de la précédente n’est pas surprenante vu les engagements politiques des commissaires qui ont été désignés.
Oui, il suffit de regarder les chiffres. En 1976, lorsque le Shah était au pouvoir, l’Iran produisait 5,4 millions de barils par jour (Mb/j), ce qui représentait 18% de la consommation mondiale de pétrole qui était à l’époque environ 30 Mb/j.
Depuis, la consommation mondiale de pétrole a plus que triplé car le monde actuel consomme environ 100 Mb/j. Mais aujourd’hui, selon les chiffres de 2023, l’Iran n’exporte plus que 2,8 Mb/j, ce qui correspond donc à 2,8% de la demande mondiale. Le graphique ci-dessous vous présente l’évolution de la production pétrolière de l’Iran en fonction du temps.
Les démonstrations de contestation, d’insatisfaction, de frustration et de défiance vis-à-vis des autorités publiques se multiplient dans quasi tous les États membres de l’Union européenne. Partagés entre leur souci de maintenir l’ordre et celui de préserver la liberté d’expression dans la rue comme dans les médias, les politiques tergiversent et finissent par prendre des décisions qui ne font qu’augmenter la confusion. L’instabilité s’installe.
Une opportunité pour un nécessaire reformatage du système électrique ?
par Jean-Pierre Schaeken Willemaers
L’affaiblissement considérable des partis verts tant au niveau de l’Union que des États membres sont la conséquence, entre autres, de leur obsession de vouloir imposer une conception aberrante du système énergétique et de leur désintérêt des dommages socio-économiques qui en résultent. Fondée sur l’élimination accélérée de toutes formes d’énergies fossiles et sur leur suspicion à l’égard du nucléaire civil, la politique électrique des adeptes de l’absence totale d’émissions de GES d’origine anthropique d’ici à 2050 se focalise essentiellement sur l’éolien, le photovoltaïque, la biomasse, la géothermie dans une moindre mesure et dans un futur plus ou moins lointain, l’hydrogène, en plus de l’hydraulique (centrales de pompage-turbinage).
Il est évident que cette conception de l’avenir du système électrique européen est appelée à évoluer. La tendance à moins d’idéologie et à plus de pragmatisme est confirmée par les résultats des élections européennes de cette année. La voie est dégagée pour adopter une production électrique qui permette à l’UE de retrouver sa place de grande puissance, une énergie abondante, fiable, continue, diversifiée et bon marché étant la base de sa prospérité Nous proposons donc d’analyser les différents types de production d’électricité actuels, de dégager leurs vertus et lacunes respectives pour tenter d’en déduire le mix électrique qui est censé être adopté à la suite de l’évanescence des partis verts tant au niveau de l’Union européenne que des États membres.
Prof. Dr. Jozef Ongena, Research Director at the Plasma Physics Laboratory of the Royal Military Academy, Brussels Membre de l’Académie Royale de Belgique
Ir. Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More – Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
Dans le cadre de la transition énergétique, la production d’électricité par fusion nucléaire devrait jouer un rôle important à l’avenir. Toutes les puissances mondiales s’y intéressent et en financent les recherches, en particulier l’Europe qui en est le leader mondial grâce au projet JET (Joint European Torus, situé à Culham à 10 km d’Oxford.). Il s’agit de la seule machine au monde fonctionnant avec du deutérium et du tritium, deux isotopes de l’hydrogène, qui semblent les plus appropriés pour le futur réacteur de fusion. À partir 2004, des travaux sont entrepris, entre autres, dans le but d’augmenter ses performances pour atteindre les 150 millions de degrés requis par la fusion, lui permettant d’effectuer les tests nécessaires au développement du projet ITER (version plus puissante et plus avancée du Jet, en cours de construction à Cadarache, France, dont la mission est de démontrer la faisabilité physique et technologique de la fusion. Sept pays y coopèrent : la Chine, les EU, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, l’Inde et bien entendu l’Union européenne). En février 2022, le Jet a réussi à générer une fusion nucléaire de 59 MJ (mégajoule) pendant 5 secondes.
Cet article se veut une réflexion sur le lien entre notre consommation d’énergie par rapport à l’énergie liée à un ou plusieurs processus naturels ayant affecté la Terre. Notre consommation mondiale d’énergie peut-elle par exemple modifier la température des océans ? Pour répondre à cette question on peut partir d’un événement naturel, bien documenté, qui a affecté notre planète. Le Lac Moréis, en Égypte, se prête particulièrement bien à cet exercice : profond de 60 à 70 m, il fut asséché il y a 4.200 ans par un réchauffement climatique de portée mondiale, du moins au niveau des régions équatoriales. Ce réchauffement a aussi asséché le Nil en supprimant pendant une vingtaine d’années ses crues. Le résultat en fut une famine importante qui a été la cause de la chute de l’Ancien Empire.
Samuel Furfari, Université Libre de Bruxelles Ernest Mund, FNRS et Université Catholique de Louvain
Résumé
De nombreux dirigeants politiques dans le monde veulent éliminer les combustibles fossiles comme sources d’énergie primaire et les remplacer à un horizon de quelques décennies par des sources de trace carbone minimale, pour faire face aux menaces pesant sur le climat. La réussite d’une telle démarche doit tenir compte de mécanismes inhérents aux transitions de technologie, difficiles à maîtriser. Ces transitions nécessitent du temps. Les précipiter peut conduire à des résultats éloignés d’un optimum, la conquête progressive du marché par des solutions très performantes pouvant être bloquée par des choix de qualité moindre, un phénomène désigné sous le nom de ‘verrouillage’. L’analyse faite dans ce travail est axée sur la production d’électricité sans trace carbone pour laquelle tout semble indique qu’une situation de ce type pourrait se présenter.
Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More , Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
Confrontée à la grave inadéquation entre l’offre et la demande énergétiques et en particulier d’électricité, la Commission européenne a enfin réalisé qu’il faut donner la priorité à la sécurité d’approvisionnement, y compris fossile, pour faire face aux risques géopolitiques.
La flambée actuelle des prix de l’énergie n’est que le dernier symptôme d’un mal profond. Il y a 25 ans, l’UE avait décidé d’instaurer la concurrence entre les producteurs d’électricité, l’objectif étant une meilleure compétitivité par une pression sur les prix. Force est de constater que le résultat de cette initiative de la Commission a déstructuré les systèmes électriques, ce qui a conduit à priver certains pays de l’Union du contrôle de leur capacité électrique.
Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More , Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
En adoptant la théorie du GIEC selon laquelle le réchauffement climatique est dû principalement aux émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines, l’Union européenne est censée se priver des productions d’électricité thermiques, malgré les considérables progrès en matière de pollution. Elle considère, en effet, que pour limiter l’augmentation de la température de l’atmosphère à 1,5°C, il faut atteindre la neutralité carbone en 2050.
Même si l’UE ne s’est jamais opposée à l’électronucléaire, elle a souvent eu à son égard une position ambigüe. Finalement, elle a fini par lui accorder le label vert, mais a refusé que lui soient concédés les avantages dont bénéficie le renouvelable intermittent, en particulier, les aides d’États alors que ces dernières sont très (trop) généreusement distribuées au l’éolien et au photovoltaïque. Pareille discrimination est incohérente vu que l’électronucléaire est vert, sûr et bon marché, toutes les centrales européennes étant amorties, et que la prolongation de la durée de vie de nombre d’entre d’elles ne posent pas de problème technique.
Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More , Président du pôle Énergie, Climat, Environnement publié à Trends-tendances, le 15.01.2022
Actuellement en raison, entre autres, du coût d’investissement élevé des réacteurs de grande puissance, de la nécessité de servir des réseaux électriques de faible capacité, voire la recherche d’indépendance d’industriels soucieux d’assurer la sécurité de leur approvisionnement électrique, une tendance se dessine pour des unités plus simples et de puissances nettement plus faibles. Elles peuvent être installées indépendamment ou en vue de constituer progressivement un ensemble de capacité plus élevée par addition successive d’unités supplémentaires.
La conception des SMR (Small Modular Reactors) ou des AMR (Advanced modular reactors), réacteurs de moins de 300 MWe, répond à de telles préoccupations. Elle est caractérisée par une complexité réduite et une architecture compacte, un assemblage en usine, une production en série et de courts délais de fabrication, une flexibilité nettement plus grande, un système de sûreté passive et des quantités plus faibles de déchets radioactifs.
par Samuel Furfari Professeur à l’Université Libre de Bruxelles parution le 22.02.2021-rtbf
Une leçon du projet Xylowatt
Selon Louis-Ferdinand Céline l’histoire ne repasse pas les plats. La technologie par contre, le fait. Les résultats de la plupart des thèses de doctorat en chimie ne débouchent pas nécessairement sur des applications, pour de multiples raisons qui ne sont pas l’objet de cette réflexion. Mais les enseignements qu’on en tire encouragent à poursuivre la recherche. Le chercheur scrupuleux étudie à fond la bibliographie de son sujet pour ne pas négliger des conclusions négatives d’autres chercheurs. Tout cela demande du temps et de l’investissement. C’est le prix à payer pour progresser en science. Mais les principes chimiques et physiques eux ne changent pas.
by Hendrik Domanovszky engineer of transport, LNG.hu Engineering, improved translation by Michelle Stirling
Due to the global focus on achieving “NetZero2050”, hydrogen has been elevated to the status of a kind of ‘magic bullet’ replacement for most transportation fuel and is even proposed as a replacement for natural gas for household heating uses. Nowadays Hydrogen (H2) is blithely promoted by influential persons like Mark Carney, and thus is considered a carbon-free energy vector solution, with little to no consideration that this tiniest molecule is in its artificially separated status one of the most difficult and dangerous substances to handle on earth.
par Samuel Furfari Professeur à l’Université Libre de Bruxelles
L’hydrogène plaît, captive, fascine, depuis au moins 1923, quand un scientifique britannique y voyait la solution à une pénurie future du charbon. Il imaginait déjà de produire de l’électricité grâce à des éoliennes et, par électrolyse de l’eau, produire la précieuse molécule comme carburant.
On y a vu aussi un moyen de palier aux besoins énergétiques pendant les crises pétrolières et pour en éviter d’autres. Puis la lutte contre le changement climatique a permis à l’idée de revenir à la surface.
par Jean-Pierre Schaeken Willemaers Institut Thomas More, Président, Pôle Energie, Climat, Environnement paru dans Trends tendances (ici)
Commençons par rappeler que la théorie du réchauffement climatique dû, selon le GIEC, aux émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) d’origine anthropique, est la base même de la politique énergétique européenne et, en particulier, de la transition électrique.
par Jean-Pierre Schaeken Willemaers Institut Thomas More, Président, Pôle Energie, Climat, Environnement
La dissémination instantanée de l’information via les réseaux sociaux crée des récits anxiogènes et des présentations orientées de faits. Ceux-ci imposent une perception de la réalité conforme à l’idéologie des auteurs de ces récits. Ce carcan où la raison s’efface devant l’hyperémotivité tient dans ses rets le monde de l’énergie, particulièrement en Europe occidentale.
par Samuel Furfari, Professeur à l’Université libre de Bruxelles
et Ernest Mund, Professeur émérite Université Catholique et Louvain, Directeur de recherches honoraire du FNRS
Les plus chauds partisans de l’énergie nucléaire sont convaincus que la technologie actuelle des réacteurs à eau légère sous pression (PWR) est loin d’être parfaite. Mais elle dispose d’énormes qualités qui rendent son utilisation indispensable. Au nombre de celles-ci, principalement une absence d’émission de CO2 [1] la sécurité d’approvisionnement au sens où la production d’électricité et de chaleur peut satisfaire la demande à tout instant, hormis bien sûr les périodes de maintenance des installations et les pannes éventuelles, et la rentabilité économique au sens où les importants investissements en capitaux peuvent être amortis en des temps beaucoup plus courts que la durée de vie fonctionnelle de ces installations, etc… Dernière qualité, moins évidente pour les non-initiés : la mise en œuvre de la technologie PWR peut revêtir des formes très variées dont certaines (les SMR, petits réacteurs modulaires) renforcent la sûreté déjà très élevée du nucléaire actuel, considérée néanmoins comme insuffisante par les opposants.
par Jean-Pierre Schaeken Willemaers Institut Thomas More, Président, Pôle Energie, Climat, Environnement
Depuis des décennies l’hydrogène revient régulièrement à l’ordre du jour comme moyen de stocker l’énergie pour ensuite la convertir en électricité. Cette filière est particulièrement prisée dans le cadre d’une politique bas carbone vu qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre (GES ) la combustion de l’hydrogène ne produisant que de l’eau. Bien entendu la production de ce gaz doit elle-même « être propre ».
par Samuel Furfari, Professeur de l’Université libre de Bruxelles
L’hydrogène est un sujet captivant, mais une terrible illusion si on pense à lui comme combustible alternatif. Le public et le monde politique semblent fascinés par cette molécule perçue comme une panacée pour la politique énergétique. Est-ce parce qu’ils ont appris à l’école que c’est le premier élément du tableau de Mendeleïev ? Est-ce parce que ça sonne plus « scientifique » que le charbon ou le pétrole ? Est-ce parce qu’il y a tellement longtemps qu’on en parle qu’ils pensent qu’il faudra bien un jour qu’il perce ? Toujours est-il que cette « énergie alternative » suscite un tel engouement que tout le monde en parle et qu’il convient donc de revenir aux fondamentaux. Continuer la lecture de L’hydrogène, l’éternelle illusion→