Jean-Pierre Schaeken Willemaers
Il nous faut constater que l’Union européenne n’est pas à la veille de changer de politique énergétique (verte) alors que celle-ci ne tient pas ses promesses.
La volonté de la nouvelle Commission de maintenir le cap de la précédente n’est pas surprenante vu les engagements politiques des commissaires qui ont été désignés.

D’autre part, madame von der Leyen, la présidente de la Commission est dans une position délicate.
Elle est, en effet, prise en tenaille entre la loi européenne sur le climat (définitivement adoptée en juin 2021), essence même du pacte vert européen visant à atteindre la neutralité climatique en 2050, et le PPE ainsi que la CDU, partis dont elle est membre, soutenant avec force l’industrie, ce qui requiert de retrouver rapidement la compétitivité face à la concurrence internationale impitoyable, notamment celle de la Chine et donc d’amender la loi sur le climat.
Sa position est d’autant plus inconfortable que l’objectif de Teresa Ribera, numéro 2 de la nouvelle Commission en charge d’une transition juste, propre et compétitive et fervente militante pour le climat, serait plutôt de nature à donner la priorité au climat plutôt que d’assurer une sérieuse compétitivité. Une énergie abondante, bon marché et disponible en toutes circonstances est une condition essentielle pour améliorer la position concurrentielle de l’UE. Il y a de grandes chances que la politique de l’Espagnole ne sera pas fort différente de celle de monsieur Timmermans.
En outre, le Commissaire à l’énergie, Dan Jorgensen, est antinucléaire et convaincu de la politique zéro carbone.
Revenons à la politique énergétique. Elle a conduit à une augmentation des coûts de l’énergie et à une perte de souveraineté de l’Union, l’Allemagne et son Energie Wende en étant grandement responsable. La position dominante en Europe de cette dernière résultant de sa puissance économique (encore nettement supérieure aux autres pays européens malgré ses décisions erronées : sortie du nucléaire et croissance trop rapide et mal préparée du renouvelable intermittent) et de sa démographie lui donnent un poids exagéré dans les débats sur la politique de l’Union en matière d’énergie.
Une infrastructure nettement insuffisante pour le transport de l’électricité du nord de l’Allemagne (provenant, entre autres, des éoliennes offshore de la mer Baltique) vers le Sud et l’Ouest industriels est un exemple de son manque de prévoyance pour assurer l’expansion des énergies renouvelables.
Cette négligence est amplifiée par l’opposition de la population à la création de ces indispensables lignes électriques.
Toutefois, le vent a tourné. L’engouement pour l’éolien s’est affaibli. La tendance semble montrer que le business de l’électricité verte deviendra moins rentable d’autant plus que dans plusieurs pays européens les subventions ont été réduites, voire supprimées. Ce pourrait être le cas à l’avenir pour presque tous les États membres vu la hauteur de leur dette publique.
Différentes causes sont à l’origine de cette perte de rentabilité. Quelques-unes sont reprises ci-après.
Le prix des matières premières a significativement augmenté. Le prix de l’acier, utilisé pour les tours et les pales des éoliennes, a grimpé en flèche. Il en est de même pour les composants des pales, du cuivre et des métaux rares nécessaires à la production d’électricité verte et au stockage d’énergie par batteries.
Selon France Renouvelables, le prix moyen d’une éolienne terrestre est passé de 2,4 millions d’euros en 2021 à 3,2 millions en 2023.
La qualité des composants des éoliennes constitue l’un des obstacles qui pourrait empêcher la concrétisation de projets de parcs éoliens en Europe. Les difficultés récemment rencontrées par Siemens Gamesa l’illustrent parfaitement, tant en ce qui concerne l’onshore que l’offshore.
Un taux de défaillance significative accru des composants d’éoliennes a été constaté. Ces problèmes de qualité concernent plus particulièrement les composants des pales, des rotors et des roulements.
Avec la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, les chaînes d’approvisionnement sont perturbées.
D’autre part, l’UE pourrait ne pas avoir les moyens de ses ambitions.
Les recettes et dépenses des États membres ont continué à être touchées par les politiques de relance initiées lors de la pandémie Covid-19, auxquelles se sont ajoutées les mesures d’atténuation des effets de la hausse des prix de l’énergie.
Dans l’UE à 27, les recettes publiques se sont établies à 45,8 % du PIB en 2023, tandis que les dépenses publiques totales ont atteint 49,3 % du PIB la même année (soit un déficit de 3,5%), faisant de l’année 2023 « une très mauvaise année pour les finances publiques » selon la Cour des comptes.[1]
Outre l’inflation, la qualité des composants et les problèmes logistiques, les constructeurs européens d’éoliennes doivent également faire face à la concurrence chinoise. Celle-ci est d’ailleurs présente sur le marché européen de l’éolien. Les éoliennes fabriquées en Chine sont moins chères que les européennes, malgré le coût du transport.[2]
Tous ces problèmes sont à l’origine du report de développement de parcs d’éoliennes, voire de l’annulation de ceux-ci. C’est le cas, entre autres, des entreprises suivantes :
– Le groupe énergétique suédois Vattenfall qui a annoncé, début septembre 2024, qu’il suspendait le projet Kriegers Flak, prévu au large de la côte sud-ouest de la Suède, en invoquant précisément des conditions d’investissement non rentable. Ce parc éolien était censé produire 2,7 TWh à partir de 2018.[3]
– European Energy, entreprise danoise, qui a décidé de cesser le développement de son projet de 320 MW entre les îles de Seeland et Holland et ce malgré une longue préparation et l’avis favorable de l’EIA.[4]
– Shell a déclaré qu’elle pourrait se retirer d’un appel d’offres en cours concernant le premier parc éolien offshore de la Norvège en raison de doutes sur sa rentabilité.[5]
En février 2023, l’agence danoise de l’énergie suspend le développement de 33 projets éoliens offshore, en attente de clarifications de conformité avec la législation européenne.
Bien entendu les constructeurs européens sont lourdement impactés. Par exemple :
– Siemens Gamesa, l’un des leaders du secteur a fait l’actualité en annonçant une perte de 4 milliards d’euros pour l’année 2023.
– En 2022, Vestas, numéro 1 mondial de l’éolien, avait perdu 1,5 milliards d’euros et replonge dans le rouge en 2023. L’entreprise peine à se redresser.
– GE Vernova, entreprise indépendante spécialisée dans la transition verte, a annoncé la suppression de 740 postes en France. La conjoncture économique actuelle est responsable de cette situation.
– La directrice générale de Vattenfall, Anna Borg, a récemment confirmé à l’AFP que « les conditions sont extrêmement difficiles dans le secteur de l’éolien».
Le tout renouvelable d’ici à 2050 va donc surtout profiter à la Chine qui inonde le marché européen de ses produits grâce à ses prix imbattables malgré les coûts de transport. Il ne s’agit pas uniquement des éoliennes et de ses composants, mais également des panneaux photovoltaïques, des batteries indispensables pour stocker l’énergie, etc.
En revanche, ce sont les citoyens européens qui payent la facture.
La politique verte européenne ne fait qu’augmenter notre dépendance vis-à-vis de tiers et particulièrement de la Chine et de l’Asie et donc diminue la souveraineté européenne pourtant classée comme priorité par l’UE.
À cet égard, l’Union européenne a co-signé le « pacte pour l’avenir », le 22 septembre 2024 lors du sommet de l’avenir organisé dans le cadre de l’assemblée générale des Nations-Unies, qui vise à conférer à l’ONU davantage de pouvoir d’influence dans les affaires mondiales (56 mesures que les gouvernements et les industries internationales devront prendre dans les prochaines années).
L’un des objectifs du Sommet de l’avenir était de faire de l’ONU la force centrale chargée de gérer les urgences internationales et les « chocs mondiaux complexes ». Dans son document originel d’orientation sur la question, António Guterres déclare que tous gouvernements, nations, entreprises et autres parties prenantes devraient reconnaître le rôle primordial des organes intergouvernementaux.[6]
L’influence de Pékin au sein des principales agences de l’ONU n’a fait que croître grâce à leurs fonctionnaires délégués qui utilisent leur poste pour poursuivre les objectifs de la politique étrangère chinoise[7].
Dès lors, permettre à l’ONU de s’occuper de ces questions prioritaires ne revient-il pas à confier au Parti Communiste Chinois la responsabilité des urgences mondiales ?
Il n’est pas étonnant que la Chine ait soutenu le pacte pour l’avenir. Elle ne peut que se réjouir de son adoption vu qu’il réduit encore davantage la souveraineté européenne. En outre Wang Yi, le ministre chinois des affaires étrangères a annoncé que le régime chinois soutient l’ONU en tant que principal canal de gouvernance de l’IA (avec les conséquences concernant la liberté d’expression).
Après avoir renoncé à adapter ses objectifs énergétiques à la réalité économique et à se doter d’un mix énergétique lui permettant d’être compétitive au niveau international, l’Union européenne a co-signé le « Pacte pour l’avenir » (un autre renoncement ?) qui réduira encore plus sa souveraineté au profit de la Chine qui s’emploie à détruire la démocratie et à faire payer cher la politique zéro carbone.
[1] Le déficit public de l’Union européenne, EU/comprendre l’Europe, 24 septembre 2024.
[2] Les défis économiques et logistiques qui secouent l’éolien en Europe, Helvetia Energy, 5 novembre 2023.
[3] Eolien : le vent tourne en Europe alors que la Chine est plus puissante que jamais, Germain de Lupac, 23 septembre 2024.
[4] Le Danois European Energy abandonne le projet Omo Syd, 31 janvier 2024.
[5] Shell could pull out of major offshore windproject, Annabel Cossins-Smith, February 15, 2024.
[6] Le « pacte pour l’avenir » de l’ONU, soutenu par la Chine suscite des inquiétudes.Alex Newman, 2 octobre 2024.
[7] Ibidem.
Il faut agir pour empêcher ces nominations qui sont contraires aux résultats des dernières élections européennes, donc non démocratiques.
Si vous voulez que je lise cet article , il ne faudrait pas mettre la photo de miss VDL; je pense d’ailleurs que je ne suis pas le seul puisque les commentaires sont à zéro; en France on avait les mêmes résultats avec les répliques de VMD
Au sujet de l’éolien , en tant que Directeur Technique retraité dans le domaine des compresseurs d’air industriels j’avais demandé à Siemens pourquoi n’ont-ils pas un système de contrôle du niveau Sonore des roulements pour pouvoir programmer leur remplacement au lieu de les laisser cramer avec comme conséquence le feu dans les nacelles . Ils n’on pas réagit!!!
Un système très efficace dit » SPM shock pulse method « permet de suivre l’évolution du niveau sonore des roulements depuis leur mise en service et une fois le seuil critique de Dbi atteint , il faut programmer le remplacement des roulements dans les générateurs d’électricité sinon lsi le rotor entre en contact avec le stator c’est le court-circuit et l’incendie !!!
Tant que l’on ne favorisera pas le niveau de qualité requis dans tout ce que nous produisons , nous aurons TOUJOURS des problèems !!!
Que les financiers qui veulent toujours produire à bas couts réfléchissent de grâce !
car ce sont eux qui détruisent notre économie .
Malgré pas mal de débats contradictoires antérieurs, le groupe belga ELIA (transporteur THT) …coté en bourse… mène toujours un lobbying d’enfer en faveur des plans éoliens EnRI off-shore déjà créés ou à amplifier au large de la côte BE …
Ceci étant considéré comme la seule alternative VERTE majeure en conséquence de la fermeture de plusieurs centrales nucléaires opérationnelles (Noord = Doel & Sud = Tihange)… avec la connexité de devoir AUSSI créer un nouveau lien intérieur vers le réseau EXISTANT (très dense) qui alimente(ra) les GROS consommateurs industriels du pays.
Avec la conséquence aussi de répercuter les COÛTS (monstrueux) de ladite « boucle du Hainaut » sur 80km terrestres et des COÛTS des câbles THT marins (mal évalués) sur de forts longues distances dans la Mer du Nord !!!
Comme dans TOUS les projets d’investissements PUBLICS, doit-on ainsi s’étonner de voir publier « »par vagues successives » » des hausses de COÛTS de PROJETS, donc des PRIX d’énergies 2025 onward « à charge des consommateurs » que sont industriels ET particuliers ?
Voici ENFIN l’annonce de la grosse louche qui fait déborder la casserole :
= Journaux belges, dont extrait du financier/économique L’ECHO 24/10/2024 =
Édito | Gare au goulet de la transition énergétique | Christine Scharff, Journaliste
https://www.science-climat-energie.be/2024/10/18/sous-la-contrainte-de-sa-politique-energetique-la-souverainete-de-lue-est-a-la-peine/#more-23214
[[[ L’île énergétique belge va coûter des milliards d’euros de plus que prévu.
Une leçon à retenir dans nos choix stratégiques d’investissements.
Quand toute l’Europe décide d’électrifier à marche forcée, les coûts d’investissement flambent. La preuve avec l’île énergétique que le gestionnaire du réseau à haute tension belge Elia est en train de construire au large des côtes belges.
Initialement estimée à 2,2 milliards d’euros, la facture finale du projet pourrait finalement atteindre les 7 milliards. Au point que le régulateur du secteur énergétique est allé tirer la sonnette d’alarme chez la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straten (Groen). (( Nota E.S. : ministre idéologue Ecolo… qui ne sera plus du gouvernement fédéral belge 2025-2028…))
La ministre a sans doute fait preuve d’un peu trop d’enthousiasme vis-à-vis de ce projet, qui doit faire de notre pays une plaque tournante de l’énergie éolienne en mer. Elia a aussi probablement conclu un peu vite qu’il était « substantiellement » plus rentable que les scénarios alternatifs, à savoir une connexion directe des parcs éoliens à la côte. Enfin, le régulateur, qui avait de solides réserves vis-à-vis du scénario retenu, les a peut-être insuffisamment fait entendre.
Reste qu’au-delà des responsabilités des uns et des autres, ce dérapage des coûts est un rappel douloureux du goulet d’étranglement qui menace la transition énergétique. Face à l’urgence climatique [[ sic ]], les gouvernements ont changé de cap, et misé sur une électrification rapide de la société. Le contexte géopolitique, et en particulier l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a encore poussé à accélérer les ambitions. Un choix qui implique des investissements massifs dans les réseaux électriques. ………….
(article complet accessible via le journal…)
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DONT des questions et un BILAN perspectif ?
1) où restent les responsabilités des ACTEURS politiques (et de leurs dits experts-estimateurs des COÛTS de PROJETS pharaoniques ? Incompétences tues ??
2) jusqu’où nous mènera l’aveuglement des idéologues « intéressés » par la prompte implémentation de ces gouffres de DETTES PUBLIQUES et coûts consommateurs ?