Que nous dit la température d’avril 2021 enregistrée en Belgique ?

par Prof. Dr. Jean N.

Tout le monde l’aura remarqué, les températures de ces dernières semaines ont été particulièrement basses. Selon le site de l’IRM, la température moyenne du mois d’avril 2021 mesurée à Uccle en Belgique, aura été de 7,3°C alors que celle du mois d’avril 2020 mesurée lors du premier confinement causé par le Covid-19 était de 12,35°C. Cela fait quand même 5,05°C de différence! Ceci est également confirmé sur le site de meteo.be. Il a fait tellement froid en avril 2021 que les pertes des agriculteurs ont été énormes. Cette période froide que nous venons de subir, et qui a été observée partout en Europe (voir ici pour l’Allemagne), est-elle exceptionnelle? Le taux élevé de CO2 atmosphérique ne devrait-il pas nous réchauffer suite à l’application du concept d’effet de serre? C’est de tout cela que nous allons voir dans le présent article.

1. Constatations

• Si l’on regarde l’ensemble des données disponibles pour la station d’Uccle (140 ans, entre 1880 et 2020; Fig. 1), on peut constater une légère augmentation de la température moyenne du mois d’avril, de seulement 0,14°C tous les 10 ans. Il y a donc bel et bien une légère augmentation à long terme.

Figure 1. Température moyenne (en °C) du mois d’avril à Uccle (Bruxelles, Belgique) en fonction de l’année, entre 1880 et 2021. Les données proviennent du GHCN v4, et ont été ajustées et homogénéisées (ici). Les flèches pointent des mois d’avril particulièrement froids. L’équation de la droite de tendance en pointillés est donnée sur le graphique ainsi que son coefficient de détermination (R2).

• Mais à côté de cette tendance à long terme nous pouvons détecter la présence d’oscillations de très grande amplitude (environ 9°C). D’une année à l’autre, la température moyenne du mois d’avril peut donc très fortement varier. Par exemple, la température moyenne du mois d’avril était de 6,24°C en 1938 et seulement un an après, en 1939, on est passé à 10,04°C. Pour un exemple plus récent, on passe ainsi de 12,35°C en 2020 (en plein premier confinement suite au Covid-19) à 7,3°C en 2021.

• En regardant la Figure 1 on peut également voir que depuis le début des mesures à Uccle en 1880, la température moyenne du mois d’avril a oscillé entre 5,14°C (en 1917) et 14,25°C (en 2007), c’est-à-dire un écart de 9,11°C.

Nous pouvons donc conclure que nous n’avons pas eu un mois d’avril exceptionnellement froid en 2021, car des températures aussi froides ont été observées à Uccle dans le passé (Figure 1). Au total, sans compter l’année 2021, 22 mois d’avril ont eu des températures moyennes plus basses ou égales à celles de 2021. Non, la période froide que nous venons de subir n’est pas exceptionnelle.

2. Aucun lien avec le taux atmosphérique de CO2

Notons maintenant que cette moyenne de température particulièrement basse pour un mois d’avril en Belgique (7,3°C) a été observée alors que le taux de CO2 atmosphérique n’a jamais été aussi élevé (Figure 2), et ce depuis le début des mesures directes en 1959. En effet, le taux de CO2 est actuellement de 417 ppm, et était de 414 ppm en avril 2020 (voir ici).

Figure 2. Taux de CO2 atmosphérique mesuré à Mauna Loa (source : ici).

Tout ceci démontre, au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, que le taux de CO2 atmosphérique ne joue qu’un rôle mineur dans la température moyenne d’une région comme la Belgique, voir aucun rôle du tout comme le suggère l’analyse théorique du problème (voir ici).

Pour rappel, d’autres facteurs que le taux atmosphérique de CO2, facteurs méconnus du public, sont beaucoup plus importants pour déterminer le climat d’une région. En voici quelques-uns :

• Une récente publication (Lüdecke et al., 2020) montre que la températures du mois d’avril en Belgique est corrélée à l’OAM (r = 0.50–0.59). L’OAM ou Oscillation Atlantique Multidécennale est calculé avec la moyenne des anomalies de température de surface de l’eau de mer (SST) dans le bassin de l’Atlantique Nord entre 0 et 60°N. Nous avons d’ailleurs publié un article sur SCE à ce sujet (voir ici). Tout ceci nous montre que la circulation thermohaline joue un rôle très important dans le climat de la Belgique, située comme vous le savez en bordure de la Mer du Nord, et pas si loin de l’Océan Atlantique.

L’ONA ou Oscillation Nord Atlantique joue également un rôle important. L’ONA est basé sur une différence de pression atmosphérique, mesurée à la surface de l’eau de mer, entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande (ici). Il a été montré que les hivers de l’Europe du Nord pendant une phase négative de l’ONA sont plus froids et plus secs que d’habitude, tandis que l’Europe du Sud et l’Afrique du Nord reçoivent plus de pluies et de tempêtes (voir ici).

L’influence du soleil sur le climat d’une région doit évidemment être ajoutée aux facteurs précédents. De nombreuses publications ont été écrites à ce sujet  (Lüdecke et al., 2020) (et ici). Il est connu que pendant les minima solaires les températures en Europe Centrale diminuent (Schwander et al., 2017). Les épisodes de froid importants pendant le Petit Age Glaciaire (PAG) en Europe coïncident avec les minima solaires, en combinaison avec de grandes éruptions volcaniques (voir ici).

• Les résultats obtenus par la récente étude de Delgado-Bonal et al. 2020 suggèrent que le léger réchauffement global observé depuis 40 ans (pour rappel, moins de 0,5°C) ne serait pas causé par une variation du taux de CO2 mais simplement par l’évolution de la couverture nuageuse. Plus de détails ici.

• La quantité de forêts joue également un rôle important et peut faire varier la température d’une région d’environ 1°C, et ce en Europe occidentale et centrale en été et au printemps, comme démontré dans la récente étude de Huang et al. 2020.

• La forte croissance des villes augmente l’effet de chaleur urbain. Nous vous en avions parlé récemment sur SCE (ici). Il est en effet bien connu que le béton joue un rôle sur les températures moyennes (Manoli et al. 2019). Il n’y a pas que la quantité de CO2 qui ait augmenté avec le temps, la quantité de béton aussi. A l’échelle régionale, l’effet de l’urbanisation sur la température moyenne est très important.

• Les éruptions volcaniques ne doivent pas être oubliées. On a par exemple déterminé qu’il y a eu des éruptions volcaniques catastrophiques en 536, 540 et 547 après JC. Les aérosols sulfatés ont par conséquent dispersé le rayonnement solaire, refroidissant considérablement la surface de la Terre pendant des décennies. Cette période de refroidissement mondial, appelée la petite période glaciaire de l’Antiquité tardive (Late Antique Little Ice Age, LALIA), a entraîné des mauvaises récoltes, des famines, des épidémies de maladies et des troubles sociaux (voir ici).

• Et enfin, citons également les nombreux paramètres astronomiques imparfaitement connus (position des planètes géantes par rapport au soleil, champ magnétique solaire, rayons cosmiques influençant les nuages, etc.). A ce sujet vous pouvez consulter la dernière publication de Nicolas Scafetta (2020) mais également celle de Stefani et al. (2019).

Pour terminer, voici une belle preuve de l’innocence du CO2 : de nombreuses villes ne se réchauffent pas, et ce depuis très longtemps, malgré l’augmentation significative du taux de CO2 dans l’atmosphère (pour tous les détails voir ici).

3. Conclusion

• La période froide que nous venons de subir au mois d’avril n’est pas exceptionnelle et s’est déjà produite à 22 reprises dans le passé proche depuis le début des mesures à Uccle en 1880.

Le climat d’une région comme la Belgique ne dépend pas du taux atmosphérique de CO2 mais d’autres facteurs comme l’Oscillation Atlantique Multidécennale, l’Oscillation Nord Atlantique, le soleil et les autres astres, les éruptions volcaniques, l’évolution de la couverture nuageuse, le développement des forêts, et la croissance des villes.

• Il est donc inutile d’essayer de faire diminuer le taux atmosphérique de CO2 comme le préconisent les politiques actuelles, puisque ce gaz n’a qu’un rôle mineur ou inexistant. Notons à ce sujet le travail récent d’un physicien allemand, le Prof. Dr. Dieter Schildknecht, affilié à l’institut Max Planck de Munich, et qui conclut en 2020 sur base de considérations théoriques concernant l’absorption d’infra-rouges par le CO2 :

“ (…) it is concluded that any further increase of (anthropogenic) CO2 cannot lead to an appreciably stronger absorption of radiation, and consequently cannot affect the earth’s climate.”

“[T]he effect of an anthropogenic CO2 increase on the climate on earth is fairly negligible.”

N.B. : Pour consulter le travail du Prof. Schildknecht, cliquez ici.

3 réflexions sur « Que nous dit la température d’avril 2021 enregistrée en Belgique ? »

  1. Je suis d’accord avec l’ensemble des réflexions ci-dessus. Je pense cependant que le graphique Fig 1 montre qu’il n’y a que 21 mois d’avril pour lesquels la t° est inférieure ou égale à celle de 2021. Vous dites 40. De plus, on voit que si on faisait le calcul jusqu’à 2005 on n’aurait pas de pente et le r2 serait zéro. Ce sont les seules années 2006 à 2020 qui font que la droite a une légère pente qui ne doit d’ailleurs pas être significativement différente de zéro. Avril 2021 est donc revenu dans le nuage de points sous l’hypothèse nulle.

    1. Merci pour votre remarque. Vous avez entièrement raison, il s’agit en fait de 22 mois d’avril. Lorsque l’article avait été écrit, les températures pour le mois d’avril n’avaient pas encore été corrigées et la moyenne était à 7,9°C. Il y avait donc plus de mois inférieurs à cette température. Puis, lorsque la bonne valeur moyenne a été publiée (7,3°C) nous avons oublié de corriger le texte… Voilà chose faite.

  2. J’ai été pris de doute devant les résultats d’avril, soupçonnant une erreur de conception. J’ai donc fait tous les calculs pour les douze mois sur les 144 ans, de 1980 à 2023. Les pentes sont faibles mais significatives. Pour la moyenne mensuelle totale pour ces années aussi. Mais un phénomène de grande variabilité est très significatif pour les mois de D, J et F, dont le variance est deux fois plus élevée que pour les autres mois. Un statisticien normal se serait donc interdit de faire des moyennes pour des séries n’ayant pas la même variance. J’ai comparé les pentes des douze mois tandis que les auteurs de l’IRM ont fait la pente à partir des moyennes des mois. Je trouve une pente de 1.44 degré par siècle au lieu de 1.48. Cela n’est sans doute pas de nature à réfuter la conclusion qu’il y a un réchauffement à Uccle! Mais cela me choque de voir faire des calculs avec des variabilités de températures aussi importantes en D, J et F. Résultats à disposition.

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