L’Odyssée Climatique d’Homo sapiens

par Prof. Dr. émérite Alain Préat, Université Libre de Bruxelles

  1. Introduction

A l’heure du changement (ou dérèglement pour certains) climatique actuel, il est grand temps de lire l’excellent livre d’Olivier Postel-VinaySapiens et le climat, une histoire bien chahutée, consacré aux changements climatiques qu’a connu notre espèce depuis qu’Homo est  devenu sapiens, c’est-à-dire depuis près de 233 000 ans ou 233 ka. Que nous apporte ce livre?

 Il nous montre que notre espèce fut confrontée tout au long de son histoire et de son évolution à des changements climatiques brutaux de durées et intensités sans commune mesure avec ceux de notre époque. 

Cet essai, d’une minutie rare, est argumenté de récits et faits historiques bien documentés et complétés chaque fois que cela est possible de données scientifiques empruntant pour l’essentiel à l’archéologie, la biologie, la chimie, la physique, la géographie et la géologie. Cette mise en perspective dresse un tableau détaillé des changements climatiques auxquels ont été confrontés les premiers hommes (chasseurs-cueilleurs), ensuite les premières civilisations et enfin nos sociétés modernes. 

L’auteur parcourt l’espace temporel et le monde avec une précision de métronome, et ‘cerise sur le gâteau’ tente une synthèse (dernier chapitre) des faits historiques à la lumière des données scientifiques les plus récentes. Même s’il s’agit parfois d’hypothèses, il s’en dégage une puissante vision montrant à quel point les changements climatiques furent et sont la règle dans l’histoire récente de notre espèce, comme ils le furent tout au long de l’histoire géologique de notre planète. L’auteur est d’une extrême prudence en démêlant au mieux ce qui est lié à l’activité même de l’homme (par exemple pratiques agricoles, gestions forestières, politiques environnementales …) par rapport aux processus climatiques. Il ne s’agit donc pas d’un essai avec un a priori climatique… susceptible de tout expliquer.

Il n’est pas possible de reprendre les faits historiques concernant toutes les civilisations (asiatiques, australiennes, américaines nord et sud, africaines …) abordées par l’auteur, et je me concentrerai pour l’essentiel sur l’Europe sensu lato, et régions proches, dont l’histoire, parfois le climat, nous sont familiers.

2. Les datations historiques : un casse-tête

Mais avant d’analyser ces périodes, une précision s’impose concernant les différentes manières de ‘compter’ le temps par rapport à aujourd’hui, c’est-à-dire sur le mode de fonctionnement de la chronologie récente, mode assez confus car basé sur des conventions suivies différemment par les chercheurs. Ce point est un vrai casse-tête pour ceux qui s’occupent des périodes récentes. On mentionne souvent le temps passé avec les initiales ‘BP’, exemple 25 000 ans BP ou 25 ka BP (= Before Present). BP, c’est-à-dire ‘avant le présent’ (AP est aussi utilisé, mais plus rarement, = ‘Avant le Présent’ et aussi pour ‘Après le Présent, ce qui entretient la confusion! …), est l’année considérée comme le présent et est fixée au premier janvier de l’année 1950 de notre calendrier. Cette année fut choisie comme année de référence, car elle est antérieure aux essais nucléaires qui ont perturbé la répartition d’isotopes utilisés en radiochronologieCela n’est pas gênant pour les périodes lointaines mais pose des problèmes pour l’étude des périodes récentes pour lesquelles il est nécessaire de fixer plus précisément une origine des temps. Les anglophones, en particulier, utilisent AD (= Anno Domini » pour caractériser les années postérieures à la naissance de Jésus-Christ dans le calendrier julien puis grégorien. AD donne en français : ‘après J.-C’. Les anglophones utilisent également BC pour (Before Christus) pour les années ‘avant Jésus-Christ’ (= avant J.-C pour les francophones). D’autres conventions existent, mais elles sont moins employées. Finalement l’ « année du Seigneur » décrétée ‘an 1’ inaugure l’ère chrétienne, également appelée ‘ère commune’ ou ‘ère conventionnelle’, elle est abrégée en ‘EC’ (francophone) ou ‘CE’ (anglophone). Pour les années précédant celles de l’ère commune, les anglophones utilisent BCE (Before Commune Era ou Before Christian Era). BCE/CE sont de plus en plus utilisés dans la communauté internationale, scientifique ou non. Le ‘casse-tête’ chronologique est donc un vrai problème, surtout comme ici dans cet article qui a demandé de consulter de nombreuses références, chacune avec ses conventions. S’agissant du livre de Olivier Postel-Vinay, le ‘casse-tête’ est encore plus aigu, car l’auteur a pris, pour des raisons de meilleure perception des durées, 2400 ans comme unité de référence, soit 400 av. J.C. ou un an avant l’exécution du philosophe Socrate (= 2400 av.S., avec S pour Socrate). Cette un unité de référence étant inhabituelle, l’auteur a été obligé de mêler ou d’utiliser les autres unités de la littérature. Sans vouloir rejeter l’unité de 2400 av.S., le présent article tiré de l’ouvrage de Olivier Postel-Vinay utilisera les conventions BP, BC et AD. Pour les datations au radiocarbone 14C, non utilisées dans l’ouvrage analysé, une nomenclature adaptée est nécessaire (Nomade, 2017).

Le livre d’Olivier Postel-Vinay n’est pas accompagné d’illustrations ou de graphiques. En vue de rendre plus facile le ‘déroulé du temps climatique’, cinq figures (Figs. 1 à 5) choisies parmi celles de la littérature sont présentées ci-dessous. Elles embrassent la période liée à l’évolution du Genre Homo (vers 2,8 Ma, Fig. 1) et celle de l’espèce Homo sapiens (vers 250 ka, Figs. 2 à 5) :

Figure 1. Variations climatiques liées aux paramètres orbitaux de la Terre depuis 5,5 millions d’années (fin du Miocène).  Passage d’une cyclicité de 41 000 ans à une cyclicité de 100 000 ans vers 1 Ma (Pléistocène Inférieur). En ordonnée variations des températures à partir des données (isotopes de l’oxygène) de Vostok. D’après Lisiecki & Raymo, 2005. Les fortes fluctuations de température sont liées aux cycles de « Dansgaard-Oeschger » (ici et ici) , avec un épisode chaud ou interstade et un épisode froid ou stade. Chaque cycle débute par une augmentation abrupte de température de 9 à 15°C en quelques décennies seulement, suivie d’un refroidissement d’abord progressif, puis abrupt à la fin, jusqu’à atteindre les valeurs caractéristiques d’un épisode stadiaire. Egalement voir SCE.
Figure 2. Variations relatives des températures enregistrées au Dôme C (Antarctique) dans les glaces forées dans le cadre du programme EPICA (in Deconinck, 2014). Les stades isotopiques (cf. 19 à 1) repris sur la figure ne sont pas discutés ici. Éventuellement se reporter à la figure 2 in SCE pour une discussion des stades isotopiques. Âge en milliers d’années (800 000 ans à droite, fin du Pléistocène Inférieur). L’histoire d’Homo sapiens se déroule à partir de 233 000 ans au cours du Pléistocène Moyen (cf. Olivier Postel-Vinay).
Figure 3. Stratigraphie isotopique de l’oxygène à partir des glaces du forage GRIP (Groenland). 
En ordonnée valeurs du δ18O en ‰ et en abscisse profondeur en mètres du forage (Cronin, 2010). Les compositions isotopiques de l’oxygène sont un indicateur de la température.
 La figure montre de manière claire que l’interglaciaire actuel (Holocène, moitié gauche du graphique) est caractérisé par des fluctuations thermiques de faible amplitude (si l’on excepte un épisode plus froid vers 8,2 ka BP) alors que le Dernier Glaciaire (moitié droite du graphique) montre des changements climatiques fréquents, rapides et de grandes amplitudes (de 8°C à 16°C suivant les δ18O) enregistrés pas les événements ou ‘cycles’ D-O (‘Dansgaard-Oeschger events’). Nb: YD pour Younger Dryas, correspondant à un refroidissement il y a 12800 ans BP. Références bibliographiques in SCE.
Figure 4 : Variations de la température (°F) au Groenland dans le cadre temporel de la fin du Dernier Âge Glaciaire (fortes fluctuations, à gauche) et de l’Holocène (faibles fluctuations, à droite) d’après Schartz & Randall, 2003. Nb -60°F = -51°C et -20°F = -29°C. ‘War’ correspond à ‘Warming’.
 
Figure 5 : Fluctuations des températures holocènes (en °C, axe des ordonnées) déduites des rapports isotopiques de l’oxygène de la glace du forage GISP2 in Wanner et al. 2011. OCR : Optimum Climatique Romain, OCM : Optimum Climatique Médiéval, PAG : Petit Âge Glaciaire. OC : Optimum Climatique.  Voir également Spencer, 2022.        
 

3. Les sécheresses provoquent la sortie d’Homo sapiens d’Afrique

Mais commençons par le commencement, avec la présence d’Homo sapiens. Celle-ci résulte d’un changement climatique majeur, bien documenté dans la littérature, avec la sortie d’Afrique d’Homo habilis et Homo erectus lors de périodes interglaciaires du Pléistocène. Ces périodes marquent un changement de régime climatique vers 1,7 Ma (millions d’années) au Pléistocène Inférieur avec des cycles glaciaires brutaux de durée plus grande (on passe 41 000 (41 ka) à 100 000 ans (100 ka), voir Fig. 1, et Nie and Fang, 2008) induisant en Afrique orientale des sécheresses menant in fine à l’isolation de populations avec goulots d’étranglement. Cela a favorisé un isolement génétique, qui conduira à l’apparition d’Homo sapiens vers 233 ka. La modification orbitale de la planète est à ces périodes le processus majeur réglant le climat global (17 grands cycles glaciaires-interglaciaires ont été mis en évidence à partir de 1,7 Ma, une partie d’entre eux est reportée à la Fig. 2). La durée des phases interglaciaires variait de 10 000 à 20 000 ans, les passages d’une période glaciaire à l’interglaciaire étaient assez abrupts comme le montrent les forts pics de températures (Fig. 2). Les réchauffements sont de l’ordre de 10 °C en l’espace de quelques dizaines d’années avec des changements tout aussi brusques dans le régime des précipitations et des circulations atmosphériques qui les accompagnaient. Le retour à des conditions froides était plus progressif dans ses débuts, suivi d’une rapide accélération (Nahon, 2022).  

 L’histoire se déroule en Afrique, plus précisément le long de la faille du rift est-africain (rivière Omo) qui s’étend sur des milliers de kilomètres entre l’Ethiopie et le Mozambique. Rappelons que tous les humains actuels descendent d’ancêtres archaïques qui vivaient en Afrique orientale vers 200-250 ka lors d’une période interglaciaire (Fig. 2). Bien que la grande faille du Rift fut initiée il y a 30 Ma, l’essentiel de la surrection (= ‘bombement du Rift’) et de l’aridification s’est déroulé au cours des 3 à 4 derniers millions d’années. Le climat est alors très variable oscillant entre une forte aridité et des conditions plus humides au rythme de l’oscillation cyclique de l’axe terrestre, responsable de la précession des équinoxes (Dartnell, 2020).

Quelques dizaines de millénaires après son apparition, Homo sapiens va affronter au moins deux grandes périodes de sécheresse (à 168 ka et 143 ka), lors de l’avant-dernière glaciation (in Wainer, 2007), marquées par l’assèchement du Lac Tanganyika et du Lac Malawi, la première période pendant plusieurs milliers d’années, la seconde pendant 20 000 ans. Ces deux lacs (respectivement de 1500 et 700 mètres de profondeur maximale, qui renferment aujourd’hui plus de 80% de l’eau douce du continent africain ) furent ainsi asséchés à deux reprises à plus de 95%. Ces ‘méga-sécheresses’ concernaient l’Afrique tropicale de l’océan Indien jusqu’à la côte atlantique et obligèrent Homo sapiens à migrer vers les grottes le long de la côte sud-africaine (grotte de Pinnacle Point, il y 160 ka). Voici donc ici ‘les premiers réfugiés climatiques de notre histoire’. Le niveau marin était plus bas d’environ 100 mètres. Notons que deux épisodes de sécheresse, s’étalant sur plusieurs millénaires suivront à partir de 133 ka, ensuite à partir de 110 ka jusqu’à 75 ka (Scholz et al., 2007). Les Grands Lacs sont alors asséchés et de nouvelles populations de chasseurs-cueilleurs migrent vers la grotte de Pinnacle Point et se sédentarisent sur le littoral sud-africain. Selon ces auteurs l’aridité en Afrique tropicale était plus sévère que celle du Dernier Maximum Glaciaire et une des plus prononcées du Quaternaire.

Après cette première confrontation à des événements climatologiques extrêmes de longue durée, succède l’avant-dernier interglaciaire, l’Eémien de 130 ka à 115 ka BPCet interglaciaire est chaud, surtout au début (+4 à 5°C, Jouzel et al. 2007), et instable, il ne sera pas un long fleuve tranquille d’un point de vue climatique : il connaîtra des’ températures moyennes’ des océans supérieures à 2°C par rapport à aujourd’hui, supposant des températures bien plus élevées sur les terres ( plus de 10°C dans le sud de la France par rapport à la température actuelle, in l’Eémien). Le volume des calottes de glace était réduit surtout au début de l’Eémien. Le niveau marin est alors de 4-5 m au-dessus de l’actuel. A cette époque, les calottes ont un volume un peu inférieur à l’actuel, la malacologie des côtes actuelles du Portugal remonte jusqu’au nord du Danemark dans les zones aujourd’hui occupées par la toundra (Van Vliet-Lanoë, 2013). Olivier Postel-Vinay rappelle que des hippopotames colonisaient la Tamise, que dans les Alpes suisses la température était de 4°C et supérieure à l’actuelle pendant quatre millénaires et augmenta encore de 2°C les dix millénaires suivants entraînant sans doute la fonte des glaciers alpins . Le Sahara s’est humidifié, présentant des lacs et rivières notamment occupés par des hippopotames (squelettes retrouvés dans l’Aïr). Des pans entiers des calottes glaciaires du Groenland et de la partie ouest de l’Antarctique se sont effondrés. Ce début d’Eémien correspond à un pic de chaleur avec des hivers plus chauds et humides qu’aujourd’hui dans l’hémisphère Nord. Le Sahara verdoyant est facilement franchi, de même que le désert du Sinaï ou le delta du Nil. Homo sapiens s’installe sur les côtes de la Mer Rouge vers 125 ka et « dévore des palourdes géantes entraînant la première dégradation anthropique d’un massif corallien’.

4. Homo sapiens face à de nombreux changements climatiques très brutaux

Vient ensuite le Glaciaire de 115 ka à 11,7 ka BP  (Figs. 3 et 4) qui démarre par à-coups successifs (= glaciation Würm dans la nomenclature alpine), d’abord très tôt sur la côte ouest de l’Atlantique nord, et plus tardivement (110 ka BP) sur la Fennoscandie, en relation avec la circulation thermohaline (Van Vliet-Lanoë, 2013). Le maximum glaciaire est atteint vers 21 ka BP et le niveau de la mer est à -120/-130 mètres par rapport à l’actuel. De nombreux interstades (au moins sept) d’une durée de un à quelques millénaires sont à l’origine de radoucissements. Au maximum des paroxysmes glaciaires du Würm, les glaces (calottes et glaciers de montagne) recouvraient près de 35 % des terres émergées contre 15 à 20 % lors des interstades et moins de 10 % des terres aujourd’hui (Nahon, 2022). La glaciation würmienne n’est pas ressentie dans les zones tropicales comme dans le reste de l’Asie.

Une période d’humidité d’une durée d’environ 25 millénaires (103 ka BP-78 ka BP) s’installe sur le nord de l’Afrique et le Proche-Orient favorisant d’autres sorties d’Homo sapiens de l’Afrique. On retrouve ainsi Homo sapiens en Israël (grotte de Qafzeh), dans la Péninsule arabique (désert du Nefoud) où ont été exhumés des restes squelettiques humains dans un lac d’eau douce où sont également retrouvés des hippopotames et buffles. Cette période humide est également enregistrée en Asie, en Inde et en Indonésie.

Une nouvelle période de sécheresse marquée par un renforcement d’un épisode glaciaire remplace dès 71 ka BP la précédente et s’étendra jusqu’à la fin du Glaciaire (11,7 ka BP). Comme pour l’interglaciaire Eémien, cette période est caractérisée par de nombreux changements climatiques avec particulièrement une période de sécheresse intense. 
Au cours de cette période (63 ka BP-47 ka BP) le Sahara connaît une forte expansion à l’origine d’une désertification du nord de l’Afrique suite au climat devenu aride provoquant la seconde sortie importante d’Afrique d’Homo sapiens. Nous sommes d’ailleurs, nous européens, pour l’essentiel issus de cette migration. Notons aussi que cet épisode glaciaire est précédé (74 ka BP) par l’éruption du super-volcan Toba, en Indonésie qui aurait plongé la Terre dans un ‘hiver volcanique’ pendant plusieurs années (Osipov et al., 2018 in Nature) avec une diminution des populations humaines. Cette éruption a émis un volume gigantesque de cendres qui ont recouvert 1 % de la surface de la planète et ont peut-être assombri le ciel pour entraîner un refroidissement mondial pendant plusieurs décennies (Dartnell, 2020). Certains auteurs (Le Guyader, 2018) y voient même la disparation de cousins de notre espèce. Les populations d’Homo sapiens furent réduites, mais pas anéanties. Homo sapiens put à nouveau s’étendre en Afrique (de l’Afrique australe à l’Afrique tropicale), lors d’une période humide suivant de quelques millénaires l’éruption de Toba, période au cours de laquelle le niveau des lacs est-africains avait bien remonté.

Homo sapiens va ensuite ‘subir’ un chaos climatique sans précédent jusqu’à l’arrivée de notre interglaciaire actuel. De nombreuses périodes de réchauffement extrême avec des hausses de plus de 8°C , parfois 16°C en 40-50 ans se sont produites. Au moins une dizaine de ces évènements de réchauffement extrême ont lieu au cours de cette période du Paléolithique supérieur, et on en compte 25 pour la dernière période glaciaire (voir SCE, également Capron et al. 2021). Ces événements  dits de Dansgaard-Oeschger (D-O) ont des durées comprises entre 500 et 2500 ans (pouvant parfois aller jusqu’à 4500 ans) et un profil de température asymétrique avec un réchauffement rapide ou brutal et un refroidissement lent. Ils sont attribués à de nombreux affaiblissements de la force du courant atlantique (AMOC) et pourraient aussi être liés aux activités volcaniques (Lohmann and Svenson, 2020). 

Homo sapiens a ainsi survécu aux changements climatiques les plus brutaux que la planète ait connus au cours des deux derniers millions d’années. Lors des épisodes froids les arbres sont remplacés par une toundra sèche propice à la chasse aux grands mammifères. Les vallées d’Europe méridionale dans lesquelles Homo sapiens se réfugie présentent des ‘températures moyennes’ en hiver d’environ 10°C inférieures à celles actuelles. Des froids extrêmes ont cours entre 23 ka BP et 16 ka BP, lors de la crise du solutréen, nos contrées ressemblent alors à l’actuelle Sibérie avec permafrost et blizzard. Les populations animales s’effondrent et Homo sapiens connaît à nouveau un goulot d’étranglement démographique. Vers 19 ka BP, la calotte glaciaire atteignait jusqu’à 3 km d’épaisseur et recouvrait outre la Scandinavie, les trois-quarts de la Grande-Bretagne. La Manche est une steppe irriguée par un fleuve, le niveau de la mer est à moins 130 m par rapport à l’actuel. Notons que les grands froids ont moins affecté le Proche-Orient que l’Europe. Homo sapiens y évolue dans une steppe arbustive et non une toundra. Ceci démontre une fois de plus (cf. articles de SCE, notamment ici) que la notion d’une ‘température moyenne globale’ n’est pas fondée.

Deux changements climatiques brutaux vont marquer la fin du Glaciaire (= ‘tardiglaciaire’). D’abord, en Europe, un réchauffement marqué, aux effets planétaires, est accompagné d’une déglaciation importante. Une partie des glaciers arctiques fond brutalement. Il s’agit du réchauffement du BØlling (de 14,6 ka à 14 ka BP) opérant durant un interstade, sur près de 340 ans : on passe sans transition d’un climat très froid à un climat tiède, soit en quelques décennies de -15°C à -25°C à + 20°C en hiver, et de +10°C à +20°C en été en Europe du Nord. Selon Toth et al.(2022) la température atteinte durant cette période était légèrement supérieure à l’actuelle (env. +0,5°C) et le saut de température par rapport à la période froide précédente était de 5°C. L’humidité revient après une très longue période de froid et de sécheresse et les précipitations augmentent drastiquement( 30 à 40%) par rapport à la période précédente, permettant une reprise de la formation des argiles du sol (Nahon, 2022), condition favorable pour une agriculture. La population croît rapidement et, au lieu de se déplacer en fonction des saisons, elle commence à se sédentariser. Le phénomène touche également l’Afrique et le Proche-Orient. La mer montre de 14 à 18 m en 340 ans, soit dix fois le rythme actuel, ce qui n’empêchera pas Homo sapiens de revenir s’installer en Angleterre après 10 000 ans d’absence. Les premiers petits villages naissent à la lisère entre le forêt dense à l’ouest et la steppe arborée à l’est.

Un retour en quelques décennies aux conditions glaciaires extrêmes en Europe (froid et sec), et moins rigoureuses au Proche-Orient a lieu vers 10,4 ka BC, il va durer environ 1000 ans. Cette période nommée le Dryas récent voit la disparition des forêts remplacées par la toundra. Des glaciers se forment en Ecosse, la neige peut tomber de septembre à mai et la température descend en hiver sous les -20°C dans nos régions. Homo sapiens abandonne à nouveau nos régions et est menacé d’extinction. Les villages du BØlling sont abandonnés. La fin du Dryas récent est caractérisée par une hausse brutale de la température annuelle moyenne de l’hémisphère Nord d’environ 7 °C en 50 à 60 ans, cette hausse atteignant 10 à 12 °C en des durées encore inférieures localement (notamment au Groenland)Le Dryas correspond ainsi à un dernier refroidissement du climat (Pisano, 2018), avant le réchauffement rapide qui a mis fin à la dernière période glaciaire et a ouvert la période tempérée de l’Holocène.

5. Homo sapiens et les bienfaits du Grand Optimum Holocène

Avec l’Holocène, nous entamons une situation proche de l’actuelle. Pourtant l’Holocène n’est pas non plus une long fleuve tranquille, mais globalement il fait bien moins froid qu’auparavant et surtout le réchauffement est appelé à durer. Le réchauffement est aussi rapide et plus prononcé qu’au cours de l’interstade du BØlling, de l’ordre de 20°C dans l’hiver européen et de 7°C au Proche-Orient. Le climat méditerranéen se met en place avec ses étés chauds et ses hivers pluvieux. Le berceau de la civilisation occidentale va naître de la richesse du Croissant fertile qui s’étend du Néguev aux Monts Zagros (Iran, Irak) avec un développement sans précédent de l’agriculture dès 8,6 ka BP. Le Sahara oriental devient ‘semi-humide’, et sa partie nord ‘semi-aride’.

 L’agriculture s’est ainsi imposée lors d’un optimum climatique majeur avec la mise en place de l’ interglaciaire actuel qui comprend plusieurs optimas (‘Holocène’ ou ‘Grand Optimum Holocène’, Minoen, Romain, Médiéval, Actuel), séparés de périodes froides, souvent appelées périodes sombres, qui vont se suivre jusqu’au Petit Âge Glaciaire précédant l’Optimum Actuel (Fig. 5 et voir plus loin). On peut considérer que ce Grand Optimum Holocène (sensu stricto), qui va de 9000 à 5000 BP (avec l’intermède froid de 8200 BP, voir ci-dessous) est la période fondatrice de l’histoire de l’humanité (= ‘révolution néolithique’) caractérisée par un climat relativement stable. L’agriculture et l’élevage (avec la roue, la charrue, la traction animale …), la métallurgie, la naissance des villes… résultent de cette période chaude et humide, d’abord dans les plaines alluviales du Moyen-Orient et de Chine.

Un premier grand coup de froid et de sécheresse a lieu vers 8,2 ka BP (Figs.3 à 5), il est moins violent que celui du Dryas, mais suffisant pour faire disparaître les populations de nombreuses zones d’occupation. Le lac d’Adrar, au centre du Sahara, s’assèche complètement pendant mille ans. Cet événement est connu sous le nom de Evénement climatique de 8200 BP et va durer 200 à 400 ans. L’estimation de l’ampleur du refroidissement varie selon les méthodes de mesure, il est de 1 à 5 °C. Les baisses de températures les plus fortes se sont produites dans les régions du nord de l’Atlantique, alors qu’en Europe elles ont atteint environ 0,5-1 °C et moins de 0,5 °C dans les régions subtropicales du nord de l’Atlantique. Le refroidissement a débuté autour de 8175 BP et, en moins de 20 ans, les ‘températures moyennes’ ont baissé de 3,3 °C. La période la plus froide a duré environ 60 ans et est liée à la vidange quasi-complète du Lac Agassiz dans la baie d’Hudson, au niveau de la calotte glaciaire du nord-est du continent américain (calotte laurentide) (Bauer et al. 2004 , Holmes et al. 2016). Cet événement a de multiples conséquences : forte élévation du niveau marin (2 m/siècle), rétrécissement des terres émergées (10 km/an, soit 200 m/semaine) et déclenchement d’un tsunami au large de la Norvège (vague de 3 m de haut) et dans les îles Shetland (vague de 20 m de haut). Le Lac Agassiz s’est ainsi étendu jusqu’à couvrir plus de 500 000 km2 du Canada et du nord des Etats-Unis. Les populations d’Homo sapiens connaissent aussi un déclin lors de cette période froide et des vagues de migration vers l’est et le sud.

Après cet intermède froid, le Grand Optimum Holocène reprend ses droits pendant plus de mille ans, et une nouvelle période froide et sèche, de durée plus limitée que la précédente a lieu de 3,54 ka BC à 3,4 ka BC. A nouveau la population des Cités (devenues des ‘Etats’) diminue. 

6. Homo sapiens et les Optimas Climatiques récents (Fig. 5)

Notre histoire récente est directement accessible dans les documents écrits des civilisations minoennes, romaines, médiévales, modernes (Petit Age Glaciaire et actuelles).

Le climat de cet interglaciaire qui a débuté à la fin du Glaciaire (voir ci-dessus) a connu des fluctuations marquées avec des périodes plus chaudes ou Optimas et des périodes plus froides ou ‘périodes sombres’. Les variations ‘moyennes’ de température ne sont que de quelques degrés (< 2 °C) sur plusieurs siècles chaque fois, la situation climatique n’a donc pas grand-chose à voir avec les événements Dansgaard-Oeschger montrant des variations de température importantes et abruptes en des temps courts (décennies) ou celles du BØlling et du Dryas. Les variations climatiques récentes ont cependant des conséquences drastiques sur les populations ou civilisations de la planète, et c’est un grand défi qu’a réalisé Olivier Postel-Vinay que d’avoir confronté Histoire et Climat à une échelle décennale et pluridécennale. Avant d’en mentionner l’essentiel, il est important de noter que les dates encadrant les Optimas et ‘périodes sombres’ sont à prendre avec des pincettes : les fluctuations climatiques n’étant pas abruptes vu les faibles amplitudes thermiques, les limites entre périodes peuvent varier suivant les auteurs, mais il y a unanimité sur leur déroulé. La succession des périodes se présente ainsi comme suit :

• Période Intermédiaire :  ∼ 3000 BC – ∼2000 BC

• Optimum Minoen : ∼2000 BC – ∼1350 BC  

• ‘Siècles Obscurs’ ou période sombre (ou Greek Dark Ages) : ∼ ?1350 BC – ?250BC 

• Optimum Romain : 250/200 BC-400 AD

• LALIA ou Minimum Homérique ou ‘Dark Ages Cold Period’ : ∼400-800 AD/900 AD

• Optimum Médiéval : 900-1200 AD/1300 AD

• Petit Age Glaciaire : 1300 AD -1850 AD

• Moderne : post-1850 AD

Easterbrook (2016) subdivise la période actuelle comme suit: 1880–1915 Cold Period; 1915–1945 Warm Period; 1945–1977 Cold Period; and 1978–2000 Warm Period. 

Pour ‘compliquer’ ces subdivisions, les périodes ci-dessus sont regroupées dans deux ensembles ou périodes plus larges ‘le Néoglaciaire’ (de 4,5 ka BP à aujourd’hui) faisant suite à l’Optimum Climatique Holocène au sens strict (initié à 11,7 ka BP).

Le livre d’Olivier Postel-Vinay reprend de manière détaillée les événements historiques ayant eu cours dans toutes les parties du monde lors de ces optimas et de périodes plus froides. Ces événements sont repris ci-dessus de manière très résumée.

• Au cours de la Période Intermédiaire, au moment de l’apogée d’Ur, le climat s’assèche et un vent persistant du nord allonge les hivers et contribue à asphyxier les sols. Les précipitations diminuent drastiquement provoquant des migrations de populations vers des régions où la nourriture était encore disponible. Sumer voit ainsi sa population doubler sous l’afflux des réfugiés. Les eaux se saturent en sel et les fruitiers sèchent au pied. On peut traverser le Nil à pied. Le Sahara cesse d’être vert. La famine sévit pendant des décennies. La crise affecte presqu’entièrement la planète (Egypte, Amérique du Sud, Inde, Chine, etc.) et certains auteurs (Weiss, 2000Wiener, 2014Wiener, 2018) voient ‘la première méga-sécheresse de la période historique’ touchant les premières civilisations complexes (exemple de l’Empire Akkadien) qui s’effondrent surtout durant la période 2300-2000 BC.

L’Optimum Minoen est une période climatique fort chaude à partir de 1,6 ka BC, pendant au moins un millénaire. Les Hittites voient leurs villes et leur capitale désertées. Les Étrusques, originaires de l’est de l’Anatolie, fuient avec leur bétail. En Syrie, à Chypre, dans le delta du Nil, l’analyse des pollens témoigne d’une grave sécheresse qui a duré 300 ans, avec des famines durant le règne de Ramsès II et le délitement de l’Empire égyptien. La diminution de la mousson sur les hauteurs de l’Éthiopie entraîne une réduction importante des crues du Nil. Les populations avaient auparavant été affectées par la gigantesque éruption de Santorin vers 1645 ans BC et par de nombreux séismes sur le pourtour méditerranéen. C’est la période du mythe de l’Atlantide… et aussi du déclin en 150 ans de la civilisation minoenne, dont les premières traces dataient de 3,0-2,7 ka BC pendant l’Age du Bronze.

Les Siècles obscurs (aussi Greek Dark Ages) sont assez peu documentés. Cline (2014), repris par Olivier Postel-Vinay, leur a consacré un livre focalisé sur l’intervalle de temps autour de 1177 BC. Ils sont dits ‘obscurs’ car les conditions climatiques étaient devenues fort sévères suite à un refroidissement et une sècheresse très marquée au Moyen-Orient (Babylone). Famines, séismes et migrations de populations ont ainsi limité les témoignages archéologiques et les sources écrites. En vingt ans, toute la civilisation du Bronze, en Méditerranée (Egypte, Grèce…) s’est effondrée (l’Âge de Fer’ suivra). Sur base des isotopes de l’oxygène et du carbone dans des spéléothèmes, des alcénones des algues et de la répartition des espèces de foraminifères, Drake (2012) a montré que la température des eaux de surface de la Méditerranée a rapidement baissé limitant le flux d’eau douce dans l’atmosphère et entraînant un épisode de sécheresse plus important que lors de l’Âge du Bronze, il persistera jusqu’à l’Optimum Romain. 

L’Optimum Romain est marqué par un climat d’une stabilité exceptionnelle avec des siècles chauds bien arrosés et des pluies de printemps abondantes, favorisant l’essor de Carthage et de Rome, sur le pourtour méditerranéen. Reprenons un court extrait de SCE sur le sujet (les références sont dans l’article cité) : « C’est au cours de cet Optimum qu’Hannibal traversa (en 218 av. J.-C ) les Alpes avec ses éléphants, situation impensable aujourd’hui. Cet Optimum Climatique Romain (OCR) connu depuis assez longtemps (au moins depuis 1999 avec la première mention dans un article de Nature) est resté assez discret dans la littérature, cette dernière se portant plus volontiers sur l’Optimum Climatique Médiéval (autour de l’an mil), plus proche de nous. Pourtant de nombreux articles suggéraient que l’OCR est l’Optimum le plus chaud de la période récente, du moins pour les deux ou trois derniers millénaires. Un article récent de Maragritelli et al. (2020), en Open Acess dans Nature, a montré que c’est bien le cas, à savoir que l’OCR fut la période la plus chaude de ses 2000 dernières années (de plus 2°C, en moyenne par rapport à aujourd’hui dans la région étudiée de la Sicile et de la Méditerranée occidentale) et que l’augmentation de température fut principalement le fait de l’activité solaire (Margaritelli et al., 2016) ». Selon Olivier Postel-Vinay, « les années 21-50 AD représentent les trente années les plus chaudes de notre ère jusqu’aux années 2000, avec des températures de juillet d’au moins 2°C supérieures à celles du milieu du XXe siècle. Une détérioration du climat a lieu vers 150 AD et le climat devient plus instable à partir de 250 AD avec refroidissement et sécheresse. Le grand glacier d’Aletsch, en Suisse recommence à grossir. Il existe une coïncidence entre ‘la crise climatique’ du IIIe siècle et la première chute de Rome. Cette crise du climat en Méditerranée et en Europe de l’Ouest a aussi affecté l’Europe Centrale, et une terrible sécheresse entre 338 et 377 AD dans les steppes d’Asie centrale sera à l’origine d’une migration des Huns vers l’Europe. Notons également, sur d’autres continents, « une sécheresse centenaire, par exemple dans le bassin de Mexico vers 550 AD, à l’origine de migrations de populations à la recherche de meilleurs pâturages, suivie par trois siècles de méga-sécheresse qui verront l’abandon des populations mexicaines de Monte Alban ». 

• L’épisode LALIA (ou Petit Age glaciaire de l’Antiquité tardive) marque un refroidissement avec multiplication des famines. La température de la Méditerranée baisse, deux énormes éruptions volcaniques dans l’hémisphère Nord font des années 536 AD et 540 AD des années ‘sans été’. Les cernes des arbres des Alpes autrichiennes et de l’Altaï suggèrent que la décennie 540 AD est dans cette région du monde la plus froide de tout l’Holocène. Une synthèse est proposée par Büntgen et al. (2016) pour la période 536 AD à 660 AD.

L’Optimum Médiéval est la dernière période la plus chaude proche du XXe siècle. Le premier Viking arrive accidentellement en Islande en 860 AD à la faveur d’une tempête au large des Hébrides, au nord-ouest de l’Ecosse. Ensuite Erik le Rouge découvrira le Groenland en 982 AD. Lors de cet Optimum il faisait un peu plus chaud qu’aujourd’hui et aussi chaud, (si pas plus?), que lors de la première partie de l‘Optimum Romain, de 230 BC à 40 AD. Vers 1100 un chroniqueur de Liège note que les fraises sont mûres à Noël… Tous les hivers ne sont pas aussi doux, ils furent par exemple plus froids qu’aujourd’hui entre 1070 AD et 1179 AD. La Meuse gèle à Waulsort (près de Dinant) en 1143 AD. La tendance générale pendant deux siècles au moins, jusqu’en 1300 AD, est qu’il faisait aussi chaud qu’aujourd’hui. Comme pour l’Optimum Romain, reprenons un court extrait de SCE consacré à cet Optimum Médiéval (les références sont dans l’article cité) : « En se basant sur les différents types de cultures, les dates de moissons et vendanges, etc. les historiens ont accumulé de nombreuses données paléoclimatiques et par exemple montré que le vignoble européen s’étendait à l’époque de 500 km au-delà de sa limite septentrionale actuelle (Lamb, 1964, Le Roy Ladurie, 1967, Deconinck, 2009). La vigne était cultivée dans des régions où elle était absente auparavant, comme la Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne dès le 9ème siècle. Elle disparaîtra de ces régions vers l’an 1350. Durant l’Optimum Climatique Médiéval on note aussi la faible extension des glaciers alpins bien en-dessous des valeurs actuelles (ici et Le Roy Ladurie, 1967). Une des premières études détaillées de cet épisode est celle de Lamb (1964) de l’Office Météorologique d’Angleterre. Il estima à partir de données historiques, faunistiques, botaniques, glaciologiques et météorologiques que la température en Angleterre fut de 1,2-1,4°C supérieure à ‘la température moyenne globale’ actuelle et que les précipitations étaient de 10% supérieures. A l’échelle mondiale des températures plus élevées d’environ 1-2°C étaient la règle, et localement jusqu’à 4°C de plus le long de la côte du Groenland.

La vigne est remontée vers le nord, à la suite de la petite période chaude de Charlemagne en 800, ensuite le climat se refroidit jusqu’en 1200 avec des tempêtes monstrueuses (Van Vliet-Lanoë et al. 2014) en relation avec une forte instabilité des jet streams (contraste thermique entre Arctique froid et tropiques chauds, comme actuellement). Ensuite la vigne remontait jusqu’au sud du Danemark. Le glacier du Théodull à côté du Cervin dans les Alpes n’existait plus et le col qu’il recouvrait servait de passage pour les échanges commerciaux avec l’Italie.

Le Groenland connaissait des ‘températures moyennes annuelles’ de 2-4°C supérieures à l’actuelle. Je ne reprends pas la discussion sur la signification ‘erronée’ de la ‘température moyenne globale’, déjà discutée dans SCE (ici et ici), mais il faut simplement retenir que l’OCM était caractérisé par des températures élevées, au moins égales aux actuelles, probablement supérieures. De nombreux indicateurs historiques montrent clairement que l’OCM était en effet une période particulièrement chaude mais instable (voir la figure 4 in SCE) ». 

Terminons cet Optimum Médiéval avec la question très discutée des températures. Selon Olivier Postel-Vinay (p.207) « Après des décennies de débats parfois houleux, les paléoclimatologues confirment que les étés entre 1100 AD et 1320 AD étaient chauds et secs, avec des températures de 1°C à 2°C supérieures à celles de la période de référence des années 1961-1990 ».

• Le Petit Age Glaciaire met un terme à l’Optimum Climatique Médiéval avec l’apparition d’une période de plus en plus froide illustrée dans les tableaux de Brueghel et caractérisée par une forte poussée des glaciers alpins. Emmanuel Le Roy Ladurie (1967, 2009) en a donné une excellente description synthétique reprise par SCE (les références sont dans l’article cité) : « les premières manifestations apparaissent à la fin de 16ème siècle, précisément en 1588 dans les Alpes suisses où le glacier de Grindelwald défonce sa moraine terminale. Dès lors la fin de la décennie et les trois siècles suivants verront les glaciers descendre de plus en plus bas dans les vallées avec tous les dégâts que cela suppose. Une chronologie des poussées glaciaires agressives ’est établie à partir de nombreux documents historiques (dates des vendanges, datation des arbres fossiles pris sous les moraines, avancées morainiques et modifications des topographies). Les maxima historiques des glaciers alpins se situent en 1599-1600 et entre 1640 et 1650. Dès 1660 un reflux modéré a lieu dans les Alpes témoignant d’une variabilité du climat à l’échelle décennale. Ces périodes d’avancées (‘crues glaciaires’) et de reflux sont la règle tout au long de ces siècles de période globalement plus froide. Ces reflux sont également moindres que les reflux de notre époque plus chaude : par exemple le retrait alpin à la fin du 17ème siècle et à l’extrême début du 18ème siècle est limité à 500 m au plus au lieu de 1 à 2 km au 20ème siècle’. Il faut noter que ces oscillations présentent un caractère local à l’échelle pluri-décennale (entre 25 et 50 ans) comme le montrent notamment les positions des langues glaciaires terminales (Lliboutry, 1964). Pour cet auteur, ce décalage serait plus le fait de facteurs météorologiques (locaux) que des caractéristiques intrinsèques des glaciers (temps de réaction, dimension, débit). Au final les phases paroxysmales des glaciers alpins du Petit Age Glaciaire se sont individualisées en 1660-1610, 1628, 1640-1650, 1676-1680 et 1716-1720 avec la plupart du temps des glaciers nettement plus importants qu’au 20ème siècle. Des périodes de décrue secondaire ont parfois lieu avec par exemple 200 à 300 m de retrait horizontal à Chamonix en 1784-1790. La période paroxysmale des glaciers est autour de 1740-1750 pour l’hémisphère Nord.

Le reflux commencera ensuite dès les années 1860-1870 et concerne tous les glaciers alpins : l’ampleur du recul est considérable, et pour la première fois depuis trois siècles un point de non-retour est assez rapidement atteint’. La mer de Glace (Chamonix) recule de 150 m en un an (1867-1868) et de 757 m en dix ans (4 nov. 1868 – 27 sept. 1878), soit 76 m par an. La phase multiséculaire de crue glaciaire est donc terminée et inaugure la période actuelle. Le réchauffement se marquera par des premières neiges plus tardives et des dernières neiges plus précoces, traduisant le raccourcissement de la saison froide.
Pour visualiser ces oscillations, se reporter à la Figure 3 in SCE reprise dans Emmanuel Le Roy Ladurie (2007) retraçant l’histoire complexe des grands glaciers alpins du 16ème au 20èmesiècle ».

Ces événements sont également documentés par Olivier Postel-Vinay qui en élargit la géographie hors Europe : « famines, pandémies, tempêtes de sable et neige récurrentes (1368, 1587, 1618) en Chine à Pékin et dans le delta du Yangstsé. En 1587 la population du fleuve Jaune se nourrit d’herbes et de plantes sauvages… Dans le Guangxi les gens se mangent les uns les autres et les cadavres jonchent le sol … le froid s’accentue en décembre 1633 et le cours moyen du Fleuve Jaune est pris par les glaces… les affamés mangent jusqu’aux graines trouvées dans les excréments des oies.. ». Une éruption volcanique aux Philippines accentue les effets du Petit Âge Glaciaire. En Europe « le vin gèle dans les caves, il faut le casser à la hache… l’encre gèle dans les encriers… le Rhin et le Rhône gèlent jusqu’au fond de leur lit… le port de Marseille gèle… il pleut des grêlons de 600 grammes… »L’éruption en 1815 du Tambora en Indonésie injectant des aérosols soufrés dans l’atmosphère, est ressentie dans de nombreuses régions : « année sans été appelée année du mendiant en Allemagne… famine et épidémie en Irlande… destruction des récoltes aux Etats-Unis… sécheresse dramatique en Afrique du Sud… famine dans le Yunnan … ».

Hors Europe où il fut défini, le Petit Âge Glaciaire a connu aux 14ème et 15ème siècles une série de méga-sécheresses, sans équivalent actuel, pendant plusieurs années et décennies (presque un siècle) en Asie, dans le nord de Chine, l’Inde centrale et le Vietnam Sud. Elles étaient liées à un régime des moussons particulièrement actif (Sinha et al. 2010).  

• La Période Moderne connaît aussi de nombreux aléas climatiques. Citons quelques événements repris par Olivier Postel-Vinay : « dans les années 1930, le Dust Bowl, dans les plaines centrales des Etats-Unis, représente la plus grande catastrophe climatique de ce pays. L’arrivée de tsunamis de particules de terre et de sables hauts comme un gratte-ciel ou davantage ensevelirent tout…. Les cultures étaient anéanties par la couche de poussière, ou ‘blizzards noirs’, jusqu’à 6 m par endroits, et le bétail mourrait… ». L’événement est lié à plusieurs années de sécheresse de grand étendue accompagnée par une forte augmentation des températures. « D’autres sécheresses encore plus sévères étalées sur des décennies avaient déjà affecté ce territoire, et par exemple avaient conduit à la disparition de la civilisation des Pueblos à la fin du 13ème siècle ». L’URSS « connaît dans les années 1930 une série de sécheresses catastrophiques de l’Ukraine à l’Oural’. Un refroidissement « est sensible dans tout l’hémisphère Nord, de l’Europe à la Chine… En 1956, la lagune gèle à Venise et en France les ceps gèlent…. En Angleterre, c’est l’hiver le plus froid depuis 1740… ».

 Les alertes à un mini retour du Petit Âge Glaciaire ou d’un ‘global cooling’ font la’ Une’ des médias (Newsweek, New York Times, Time). Citons l’exemple du ‘The Coming Ice Age’ annoncé par Stephen Schneider, 1978. Olivier Postel-Vinay mentionne un rapport de la NASA (1971) montrant que la densité d’aérosols dans l’atmosphère l’emporte de beaucoup sur le réchauffement de l’augmentation du gaz carbonique : « ce rapport conclut qu’un accroissement seulement d’un facteur 4 de la concentration moyenne d’aérosols peut suffire à entraîner une baisse de température de 3,5 degrés ».
 Les températures étant redevenues clémentes, la thèse du refroidissement global passe aux oubliettes et est remplacée à partir de 1988 par la thèse du réchauffement climatique sans précédent d’origine anthropique (Hansen, 1988). Depuis lors le réchauffement est entièrement expliqué par le ‘bouton CO2’, toute autre explication reçoit une fin de non-recevoir. SCE est né pour s’insurger de ce ‘diktat’ et prône une analyse critique de la climatologie actuelle. Pour SCE ce sont les phénomènes naturels qui règlent les fluctuations climatiques, la contribution anthropique dans le réchauffement actuel si elle est réelle est très faible (voir la liste des auteurs ici ).

7. L’Odyssée d’Homo sapiens 

 Ayant parcouru l’histoire d’Homo sapiens sur près de 233 000 ans, que pouvons-nous conclure de cette formidable odyssée rapportée par Olivier Postel-Vinay? Certainement que les fluctuations climatiques n’ont eu cesse d’accompagner le parcours d’Homo sapiens à tout moment sur la Planète entière. Mais surtout que ces fluctuations furent d’intensités et durées sans commune mesure avec la situation actuelle, cette dernière n’ayant vraiment rien d’exceptionnel en regard de ce qu’Homo sapiens a régulièrement enduré. L’analyse détaillée montre qu’aucune période n’est homogène en termes de climat au niveau de la Planète, des différences régionales ou locales sont toujours présentes à tout moment. Ceci suffit à rejeter la notion d’une ‘température moyenne globale’ qui occupe la ‘Une’ de nos préoccupations médiatiques. 


La période actuelle est banale, s’inscrivant dans une fluctuation pluriséculaire de faible amplitude thermique qui ne peut se comparer avec les fluctuations du passé, notamment avec celles des événements D-O et leurs augmentations abruptes de température (> 10°C) en quelques décennies seulement. Ces événements abrupts viennent d’être mis en évidence dans le Jurassique Supérieur (Kimméridgien, il y a environ 155 Ma), période non glaciaire (in Boulila et al. 2022) avec, tout comme pour les cycles D-O pléistocènes, des augmentations de température de 15°C en quelques dizaines d’années. Au vu de ces événements thermiques brusques, le réchauffement actuel apparaît très modéré, et s’intègre simplement ou banalement dans les oscillations pluriséculaires de faible amplitude thermique de l’Holocène, ce qui se traduit par la succession des optimas et périodes plus froides discutées ci-dessus (Fig. 5).Ces périodes sont elles-mêmes sujettes à de faibles fluctuations (Le Roy Ladurie, 1967).

Olivier Postel-Vinay, soulignant qu’il n’est pas scientifique, avance quelques hypothèses rendant compte des fluctuations climatiques encourues par Homo sapiens. Il n’est pas question de les discuter ici, certaines l’ont déjà été dans SCE, mais citons-les pêle-mêle : les rayons cosmiques issus de l’explosion d’étoiles agissant sur la couverture nuageuse (Henrik Svensmark), les paramètres astronomiques ou orbitaux de la Terre (cycles de Milankovic), les fluctuations de la Zone Intertropicale de Convergence (ZIC), les oscillations océaniques, par exemple oscillations multi-décennales Atlantique Nord (AMO), également Oscillation décennale du Pacifique (ODP), Oscillation antarctique … Oscillation arctique… Dipôle océan Indien …, les cycles El Nino, l’irradiation solaire ( notamment les taches solaires), les jet streams, le volcanisme. D’autres processus naturels sont également connus dans la littérature, mais non repris dans l’ouvrage. Certains événements subis par Homo sapiens sont interprétés à la lumière des processus naturels rapportés ci-dessus par l’auteur. Citons comme unique exemple Campbell (2016) « les périodes de températures globales réduites coïncident avec une irradiation solaire diminuée et peu ou pas de taches solaires, ce fut le cas lors du minimum d’Oort [vers 1010-1050], le minimum de Wolf [vers 1292-1342], le minimum de Spörer [vers 1416-1534], le minimum de Maunder [vers 1654-1714] et le minimum de Dalton [vers 1790-1830]. Inversement, les périodes d’irradiation plus forte et de forte activité des taches solaires sont associées à un ‘réchauffement global’ ». Les changements climatiques rapportés par Olivier Postel-Vinay s’expriment de différentes façons tout au long de l’Odyssée d’Homo sapiens, ce qui suggère que les processus naturels à l’œuvre sont variés, interagissent et qu’il n’y a pas un seul mécanisme pour expliquer ces différents types de climat et leurs fluctuations.

8. Conclusion

Le livre d’Olivier Postel-Vinay nous démontre que les fluctuations climatiques sont déjà la règle aux petites échelles temporelles. Les décennies sont ‘notre quotidien’ et les changements seront ancrés dans chaque génération, les changements au niveau des siècles seront transmis à travers les générations, soit dans les traditions orales, soit dans les écrits. Les changements climatiques au-delà des siècles (millénaires ou plus) seront mis en évidence par les historiens, mais surtout par les scientifiques. 

Au terme de cet article, force est de constater que la période actuelle ne présente rien de particulier par rapport à celles du passé qui furent bien plus violentes et lourdes de conséquences sur les écosystèmes marins et terrestres. Pourtant ce n’est pas le ressenti actuel, l’alarmisme climatique (et la peur) qu’il engendre ‘trompe’ nos sociétés. Rappelons quand même que depuis le début des mesures thermométriques directes, les 4 principales séries de température que nous possédons (thermomètres terrestres et satellites) nous montrent que la température globale de la basse troposphère a augmenté de ± 0,8°C en 138 ans (entre 1880 et 2018), Cela correspond actuellement environ 0,01°C/an pour les 30 dernières années (avec 0,11°C/décennie sur les océans et 0,18°C/décennie sur les terres (Scafetta 2021 Spencer 2022). Pour le GIEC (2019), l’augmentation de température depuis l’ère industrielle est comprise entre 0,8°C et 1,2 °C. Les médias nous rappellent chaque jour que cette hausse est exceptionnelle et de plus, que le CO2 anthropique en est à l’origine, c’est-à-dire est le grand coupable suivant la terminologie consacrée. 

L’Histoire que nous venons de parcourir nous a appris qu’Homo Sapiens en a vu bien d’autres que ce soit en termes de températures, de tempêtes, de méga-sécheresses, d’inondations, de variations du niveau marin, de leurs durées, etc…  liés à des processus naturels. Aujourd’hui le climat est très souvent confondu avec la pollution (suivez notamment les marches des jeunes pour le climat, sujet déjà abordé par SCE), avec une mauvaise gestion de nos pratiques urbanistiques, agricoles, forestières, littorales, etc. 

Notre vulnérabilité face aux événements climatiques n’est pas liée au climat mais bien à notre très mauvaise gestion des écosystèmes marins et terrestres, imputable à notre action aveugle. Nous nous sommes mis en position de grande faiblesse par rapport aux événements climatiques qui pourtant ne sont pas aujourd’hui les plus extrêmes, et n’ont rien à envier à ceux du passé récent.

Citons également Easterbrook (2016) : “Greenland ice cores have generated a huge amount of climatic data. Ancient temperatures, measured using oxygen isotopes in the ice, can be accurately dated from annual dust layers in the ice dating back 100,000 years. The δ18O data clearly show remarkable swings in climate. In the past 500 years, Greenland temperatures have fluctuated back and forth between warming and cooling about 40 times, with changes every 25–30 yearsComparisons of the intensity and magnitude of past warming and cooling climate changes show that the global warming experience during the past century pales into insignificance when compared to the magnitude of profound climate reversals over the past 25,000 years. At least three warming events were 20–24 times the magnitude of warming over the past century, and four were 6–9 times the magnitude of warming over the past century. The magnitude of the only modern warming that might possibly have been caused by CO2 (1978–2000) is insignificant compared to the earlier periods of warming”.

En conclusion, les successions et interactions des phénomènes naturels rapportées pour une courte période seulement (233 ka) dans le livre d’Olivier Postel-Vinay montrent que la climatologie est une science encore jeune et fort complexe. Olivier Postel-Vinay a traité ce sujet de ‘manière passionnante et dépassionnée’ (Rittaud, 2022). Il reste encore beaucoup à connaître en vue d’une compréhension plus complète des événements rapportés. Vouloir, envers et contre tout, les réduire au seul CO2 n’a pas de sens (voir SCE), ce dernier ayant probablement un rôle très minime (in SCE et SCEvan Wijngaarden and Happer, 2020Clark et al. 2021). La géologie, depuis 4,567 milliards d’années montre que les processus naturels sont complexes suite à leurs interactions à différentes échelles temporelles, et que l’alarmisme actuel n’a aucune raison d’être (Clintel, 2022). Espérons qu’Homo sapiens finisse par le reconnaître et prenne les bonnes décisions au lieu de de se lancer tête perdue dans une décarbonation insensée… et extrêmement coûteuse (Homewood, 2022). Il y a d’autres urgences sur la Planète !

6 réflexions sur « L’Odyssée Climatique d’Homo sapiens »

  1. Merci ! Très Intéressant.

    Seulement je vois ça : « Vouloir, envers et contre tout, les réduire au seul CO2 n’a pas de sens (voir SCE), ce dernier ayant probablement un rôle très minime » – et ensuite on cite Clark et al., 2021.

    Mais quand je regarde Clark et al., 2021, je vois ça (traduit de l’Anglais): « Ces résultats basés sur l’observation sont cohérents avec les premiers calculs des modèles climatiques de doublement du CO2, dans lesquels les changements de température et de vapeur d’eau sont à l’origine de ∼90% du changement [du rayonnement infrarouge descendant]. » – donc en fait, l’article confirme le prédictions du changement climatique dû aux gaz à effet de serre. Pour faire court, l’augmentation de température dont parle l’article est à son tour causée par l’effet de serre. Les 10% de l’augmentation du rayonnement infrarouge descendant dont parle l’article ne sont que l’effet instantané direct du CO2, pas l’effet total. Seulement une lecture biaisée et un peu hâtive peut donner l’impression qu’il s’agit de ce que voulez faire croire ici.

    1. Bien sûr ANTON….bien sûr…c’est forcément l’HOMME qui crée ces changements climatiques depuis 230 000 ans^^

      Quand on est dans l’idéologie…

        1. L’histoire climatique montre au contraire de ce que vous dites que le CO2 n’a pas un grand rôle.
          Et le climat s’est très bien régulé avec beaucoup plus de CO2 que maintenant.
          Ces 230 000 ans d’histoire climatique suffisent à eux seuls à relativiser plus que grandement les prévisions alarmistes sur le climat.
          C’est pas le climat qui devrait inquiéter.

  2. A la lecture de ce livre, je note beaucoup d’insistance d’un côté en ce qui concerne le Proche-Orient, et très peu d’information de l’autre en ce qui concerne la civilisation de l’Indus. Afin d’asseoir leur suprématie, les anglais ont su détourner les origines de cette ancienne civilisation en inventant une pseudo-invasion aryenne. Depuis l’archéologie a révélé que cette civilisation était née sur place en Inde (actuellement au Pakistan). Les cités de Mohenjo-Daro et d’Harrapa en témoignent. Ce n’est que par un changement climatique que la rivière principale la Sarasvati ayant pratiquement disparue que la population a été contrainte de migrer vers le sud emportant avec elle la culture Hindou notamment.

Répondre à Anton Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *