Les évènements météorologiques extrêmes

     

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More ,
Président du pôle Énergie, Climat, Environnement

Les événements météorologiques extrêmes et les variations de phénomènes naturels

Quelle est l’origine des évènements météorologiques extrêmes tels que les tempêtes, les ouragans, les cyclones, les pluies diluviennes et les sécheresses catastrophiques ?

Pour le GIEC (Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat), la question ne se pose pas : ce sont les émissions des gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropique qui en sont la principale cause. Il est inutile d’en débattre : « the science is settled », alors que la véritable approche scientifique favorise au contraire la remise en question de toute théorie.

Plutôt que de se contenter de la seule théorie du GIEC, il est bon d’en tester d’autres, par exemple, les variations des phénomènes naturels (entre autres, les activités solaires et les circulations atmosphériques et océaniques) comme facteurs de déclenchement de ces évènements extrêmes.

En d’autres mots, on peut s’interroger sur le bien-fondé du lien qu’établit le GIEC entre le réchauffement climatique qui, selon lui, est dû à l’activité humaine (émissions de CO2) et l’intensification  et la fréquence des phénomènes  extrêmes précités et explorer d’autres causes possibles de la survenance de ces derniers.

En ce qui concerne les tempêtes, les observations en Europe relatives à leurs localisations, fréquences et intensités présentent une grande variabilité. La période froide des XVIème et XVIIème siècles (Petit Âge glaciaire) est restée célèbre pour ses tempêtes monstrueuses : ainsi l’Invincible Armada espagnole de 1588 a perdu plus de navires à cause des conditions météorologiques exécrables que par les boulets de la marine anglaise.

Parmi les études consacrées à ce sujet, citons  la base de données des évènements extrêmes (EM-DAT) de la CRED-UCL, (Centre de recherche épidémiologique des désastres de l’université catholique de Louvain) [1] qui indique que la fréquence annuelle des désastres naturels était globalement en diminution au niveau mondial entre 2000 et 2019 [2].

On pourrait  citer beaucoup d’autres références. Ces analyses incitent à s’interroger sur l’origine des évènements extrêmes ?

James Screen, chercheur en mathématiques de l’université d’Exeter, a constaté que les évènements climatiques extrêmes (les tempêtes, les cyclones, les grandes sécheresses, etc.) sont liés aux ondulations du courant jet  (ceinture de vents d’ouest puissants situés à proximité de la tropopause, entre la troposphère – où la température décroît avec l’altitude et la stratosphère – où la température croît avec l’altitude)[3].

 Le courant jet a plusieurs milliers de km de longueur, quelques centaines de largeur et quelques km d’épaisseur. Sa circulation est ondulatoire. Sa formation résulte de la rotation de la Terre et du réchauffement inégal de l’atmosphère terrestre (l’énergie thermique reçue par le rayonnement solaire varie d’un endroit à l’autre, plus forte au niveau de l’équateur par rapport aux pôles, créant ainsi un déséquilibre thermique). 

Il arrive parfois que le puissant courant jet reste bloqué dans une configuration particulière pendant plusieurs semaines. Ce phénomène est lié à l’amplitude des ondes qui le composent. Celles-ci, dites de Rossby, comportent une crête anticyclonique (haute pression) où est logé de l’air chaud et sec et un creux dépressionnaire (basse pression) où stagne un air plutôt froid et humide. Plus ces modes sont amples, plus la météo est susceptible d’évoluer vers les extrêmes. Cette configuration semble favorisée lorsque les jetstreams comportent 5 ou 7 ondes de Rossby. C’est sous cette forme que le courant jet est le plus susceptible de provoquer des évènements comme la canicule de 2003 en Europe ou celle de 2010 en Russie [4].

Sur la période 1900-2012, le nombre annuel de cyclones a décliné d’environ 13% par rapport à la période 1850-1900. Cette tendance est cohérente avec l’affaiblissement des circulations Hadley [5]  et Walker [6] au 20ème siècle, ce qui est défavorable à la formation de cyclones tropicaux [7].

L’évolution précitée est confirmée par le météorologue Chris Martz à propos des ouragans aux États-Unis. La fréquence de ceux-ci a, en effet, diminué de 1851 et 2020 comme le montre le graphique de la NOAA NHC (National Oceanic and Atmospheirc Administration/ National Hurricane Center) [8].

Quant à la sécheresse,  à mesure que la TSI (Total Solar Irradiance) diminue et que le rayonnement cosmique diminue, le taux d’évaporation des océans diminue et les nuages se forment plus difficilement, ce qui entraîne une réduction des précipitations. 

Ceci est confirmé par l’étude de Laurenz et Lüning « Influence of solar activity changes on European rainfall » qui montre une corrélation positive entre l’abondance des précipitations et l’activité solaire [9]  : plus d’activité solaire entraîne plus de pluie. Cette corrélation est également mise en évidence par Sun et Liu :  moindres précipitations et  grandes sécheresses pendant les 5 minima solaires entre  les années 1000 et 2000 [10].

Les nombreux incendies de forêt en Europe, aux États-Unis, en Australie et en Russie seraient ainsi dus à la faiblesse des précipitations et donc aux grandes sécheresses. 

Une forte convergence entre la survenance des évènements extrêmes et les variations des phénomènes naturels semble être confirmée par les faits. Est-il donc raisonnable de considérer que « the science is settled » ?  La discussion critique doit rester ouverte pour développer des théories alternatives quitte à éventuellement les rejeter.

Dans tous les cas, que les évènements extrêmes soient d’origine anthropique (GES) ou naturelle, il est urgent de s’y adapter, sans a priori idéologique ou politique, pour limiter, autant que faire se peut, leurs conséquences potentiellement dramatiques. Une telle démarche est possible, et le système de digues mis en place aux Pays-Bas depuis des siècles en constitue le meilleur exemple. Il faut y consacrer les moyens  financiers adéquats ce qui ne devrait pas poser de problème : il suffit de les prélever sur les budgets considérables (et mal gérés) alloués à la politique climatique.

Déjà au 4ème siècle avant notre ère, le penseur taoïste Zhung Zhu ne disait-il pas : « Si tu épouses le mouvement spontané des choses, sans te permettre de préférence individuelle, le monde sera en paix ».

NOTES

1 La CRED est une des principales institutions s’occupant de l’étude des questions de santé publique durant les situations de crise. L’objectif principal du EM-DAT est d’éclaircir l’action humanitaire au niveau national ou international afin d’améliorer la prise de décision dans le cadre de la préparation aux catastrophes.

2 « Le crédo du CRED, ou comment noyer l’information ? », Ludvik Budyn,  SCE (Science, Climat et Énergie) , 23 juillet 2021.

3 « Les canicules favorisées par certaines modulation du jetstream », Global-climat, 14 août 2014.

4 Ibidem.

5 La circulation de Hadley est une circulation atmosphérique. Elle redistribue l’énergie accumulée à l’équateur vers le haut de la troposhère dans les deux hémisphères. En altitude, l’air tend à se diriger vers le nord de l’hémisphère nord et vers le sud de l’hémisphère sud. Les masses d’air sont prises dans les courants descendants, se réchauffent et s’humidifient en redescendant. Cet air chaud et humide prend une direction sud-est dans l’hémisphère nord et nord-est dans l’hémisphère sud.  

6 La circulation de Walker est une boucle atmosphérique organisée en cellule le long de l’équateur dans l’Océan Pacifique. À cette latitude, l’énergie provenant du soleil et donc la chaleur sont maximales. Les vents d’est, les alizés qui convergent vers l’équateur, mettent en mouvement les masses d’air chaud. Celles-ci, bloquées par les côtes, constituent un bassin d’eau chaude (warming pool) qui s’évapore dans l’atmosphère. Cette vapeur d’eau va se condenser en raison de la chute de température avec l’altitude. En haut de la troposphère, les vents d’ouest poussent cette masse d’air vers l’est et l’air alourdi redescend vers l’océan.

7 « Declining tropical cyclone frequency under global warming », Savin J. Chand et al., Nature climate change, 27 juin 2022.

8 Climate depot, « US land-falling hurricane frequency since 1851 is NOT following climate claims”, 15 July 2022.

9 Journal of atmospheric and solar terrestrial Physics, 185 (2019), 29-92.

10 “Tree ring based precipitation reconstruction in the southslope of the middle Qilian Mountains, northeastern Tibet plateau over the last millennium”, Journal of geophysical research, volume 117, issue D8.

4 réflexions sur « Les évènements météorologiques extrêmes »

  1.  » il suffit de les prélever sur les budgets considérables (et mal gérés) alloués à la politique climatique. »
    C’est exactement ça le problème actuel. On dépense des milliards pour en France par exemple baisser nos émissions de 3% (3% de 1%, ouaiiiis!) au lieu de s’adapter.

    Pourtant, la force de notre intelligence est de s’adapter et d’évoluer avec les changements. C’est pourquoi nous sommes toujours là.
    Aujourd’hui, j’ai peur que l’intelligence ait disparue, ou du moins que l’appât du gain de quelques-uns cause notre perte à tous.

    1. Le réchauffement du climat terrestre est en marche depuis 1830; l’ONU l’a mis à son agenda en 1988 et le GIEC a vendu depuis sa fable à base de CO2 anthropique au monde politique occidental.
      L’Europe espère mitiger ce réchauffement en contraignant par tous les moyens la réduction des émissions de CO2, notamment en interdisant l’investissement dans les énergies fossiles: par cette interdiction, l’Europe est à l’origine de la crise énergétique que nous vivons.
      Merci pour cet article qui attire à juste titre l’attention sur la médiocrité des arguments du réchauffement anthropique et qui propose de parler d’adaptation plutôt que de mitigation. En mettant l’accent sur l’adaptation, nous n’aurions pas la crise actuelle de l’énergie et la priorité irait au réaménagement des zones sinistrées par les inondation de 2021 plutôt qu’à l’installation inutile (pas pour tout le monde) d’éoliennes supplémentaires.

  2. Je tiens un petit blog, essentiellement historique, et j’ai eu l’occasion de me pencher il y a 2 ans, historiquement parlant, sur la base de données des événements climatiques extrêmes de l’Université de Louvain.
    A lire ici, essentiellement la 2ème partie de l’article http://hbscxris.over-blog.com/2020/01/evenements-climatiques-extremes-plus-nombreux-qu-autrefois-ou-bases-de-donnees-historiques-non-renseignees.html

    Pour résumer, je me suis penchée, au sujet de la France, sur cette base de données prétendant remonter à 1900…
    En fait très peu d’événements climatiques extrêmes ont été entrés avant les années 1980, car les événements climatiques extrêmes ne donnaient pas lieu à bilan officiel que ce soit en France ou dans tous les autres pays du monde.
    Par conséquent, avant les années 1980, un grand nombre d’événements climatiques extrêmes n’ont pas été comptabilisés et n’existent pas dans cette base de données qui est fondé uniquement sur des bilans officiels récents aucunement sur des recherches historiques.

    Les bilans officiels français suite à un événement climatique extrême se sont fait plus réguliers à partir des années 1980 pour devenir quasi systématique dans les années 2010 en raison de l’amplification de l’hystérie climatique.
    Donc progressivement sur la base de données de l’Université de Louvain, les événements climatiques extrêmes sont devenus de plus en plus nombreux.

    En fait, pour la France, la courbe des événements climatiques extrêmes de EM-DAT de l’Université de Louvain ne reflète que l’amélioration de la capacité des services de l’Etat français à réaliser des bilans de plus en plus systématiques. Je n’ai pas étudié les autres pays, mais au premier coup d’oeil, on devine qu’il en est de même pour tous les pays.

    Bref, cette base de données n’est aucunement une base historique.

    Vous pourrez vérifiez vous même en vous inscrivant sur le site de l’EMDAT de l’Université de Louvain avec, par exemple, votre université et si vous n’êtes pas du tout historien en allant consulter en parallèle le très bon site d’histoire de la météo française de Guillaume Sécher, un météorologiste qui fait un fantastique travail d’historien https://www.meteo-paris.com/chronique

  3. Sur ces phénomènes naturels, des institutions considérées « sérieuses » (telle la NOAA), dont les « prédications » sont hautement médiatisées (sinon politisées ?) se trouvent régulièrement prises en défaut… sans qu’on en relate les errements dans les médias !
    Mais il se trouve des sources non conformistes. Ainsi lit-on dans les médias USA :

    [[ 2022 Atlantic Hurricane Season Finishes Below Normal; NOAA Prediction Falls Flat
    by James Murphy December 5, 2022 ]]

    Source = https://thenewamerican.com/2022-atlantic-hurricane-season-finishes-below-normal-noaa-prediction-falls-flat/

    [[ One of the things we’ve been assured is coming due to global warming is an increase in the frequency and severity of hurricanes in the Atlantic Ocean. At least for 2022, we can breathe easily because, despite predictions from the National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), that hasn’t been the case.

    In May, NOAA was predicting a potentially disastrous Atlantic hurricane season:

    For the 2022 hurricane season, NOAA is forecasting a likely range of 14 to 21 named storms (winds of 39 mph or higher), of which 6 to 10 could become hurricanes (winds of 74 mph or higher), including 3 to 6 major hurricanes (category 3, 4 or 5; with winds of 111 mph or higher).

    NOAA gave the prediction with 70 percent confidence.

    But the numbers are in, compiled by Colorado State University, and the 2022 storm season has fallen far short of those dire predictions. Only two hurricanes (Fiona and Ian) could be listed as major hurricanes, as compared to the three to six storms predicted by NOAA.

    The 2022 season did reach NOAA’s prediction of 14 to 21 named storms — barely — with 14 named storms, but the Accumulated Cyclone Energy readings for 2022 were at only 78 percent of average when compared to the 30-year period between 1991-2020, and were 60 percent lower than readings from 2016-2021.

    So, not only did the 2022 season not produce an astounding number of named storms, but the intensity of those storms was less than 80 percent of average.

    None of this stopped NOAA from declaring their failed predictions for 2022 a success, however.

    “Forecasters at NOAA’s National Weather Service and its National Hurricane Center issued earlier forecasts with increasing accuracy this season,” said NOAA administrator Rick Spinrad. “These improved forecasts coupled with critical NOAA data and services undoubtedly led to the better protection of life and property.”

    Only weather forecasters can be observably wrong in their long-term predictions and still crow about their accuracy.

    NOAA blamed their specious prognostication of conditions on “wind shear” and a lack of “atmospheric moisture,” which the agency said were “rare.”

    “This unique season was defined by a rare mid-season pause in storms that scientists preliminarily believe was caused by increased wind shear and suppressed atmospheric moisture high over the Atlantic Ocean,” their website stated.

    Where did that “increased wind shear” and “suppressed atmospheric moisture” come from? Was that due to climate change too?

    Hurricanes are important to the climate hysteria narrative because the images of wind, torrential rains, and destruction are used show the world what will happen should we not bend the knee to climate alarmist prognostications. But the 2022 hitch in the disaster narrative is not the first time that climatistas have been disappointed that there were not enough hurricanes to blame on global warming.

    Recall that there was a long pause in major hurricanes hitting the United States from 2005 until 2016. NOAA itself commented on the lack of severe storms.

    “I can confirm that as of October 24, 2016, it will be a complete 11 years since a major hurricane has struck the United States, as defined by the Saffir-Simpson Hurricane Wind Scale of being a Category 3 or higher. The current streak of no major hurricane landfalls onto the U.S. mainland remains intact. The last one to do so was Hurricane Wilma on October 24, 2005,” NOAA spokesman Dennis Feltgen told CNS News at the time.

    And any perceived increase in hurricanes in the past 60 years is likely a product of increased observational tools. A study from 2021 confirms this thesis.

    “Due to changes in observing practices, severe inhomogeneities exist in this database, complicating the assessment of long-term changes. In particular, there has been a substantial increase in monitoring capacity over the past 170 years, so that the probability that a HU (Atlantic Hurricane) is observed is substantially higher in the present than early in the record,” that study states.

    Moreover, the study, conducted by Gabriel Vecchi of Princeton; Christopher Landsea of NOAA; Wei Zhang of Utah State; Gabriele Villarini of the University of Iowa; and Thomas Knutson of NOAA, concluded that hurricanes were likely not growing in intensity, as climate hysterics like to claim:

    The homogenized basin-wide HU and MH (Major Hurricane) record does not show strong evidence of a century-scale increase in either MH frequency or MH/HU ratio associated with the century-scale, greenhouse-gas-induced warming of the planet.

    When the mainstream media give you stories about more hurricanes and increased hurricane intensities, they are feeding you a narrative not supported by facts. They’re not reliably reporting based on data; they’re simply instilling fear. ]]

Répondre à Emmanuel Simon Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *