SCE-info : il y a de moins en moins de cyclones tropicaux

Voici une information que l’on trouvera difficilement dans nos médias avides de catastrophisme et d’alarmisme climatique : depuis 1900, il y a de moins en moins de cyclones tropicaux ! Cette information, tout à fait sérieuse, provient d’une récente étude publiée dans Nature Climate Change (Chand et al. 2022). 

L’étude de Chand et al. 2022

Les cyclones tropicaux (CT) sont généralement dénombrés à partir d’observations directes depuis le sol ainsi que de photographies satellitaires (disponibles seulement depuis la fin des années 1970). Malheureusement, ces observations historiques sont temporellement hétérogènes  et, liées à  une forte variabilité naturelle,  il est donc très difficile de tirer des conclusions quant à l’évolution de la fréquence des CT. Ceci explique probablement les nombreuses conclusions contradictoires qui ont déjà été tirées concernant leurs fréquences. Les auteurs de l’article (Chand et al. 2022) ont donc utilisé une autre méthode, basée sur des relevés historiques de pression atmosphérique au niveau de la mer, pour estimer le nombre annuel de CT et ce pour les 7 grandes régions où des CT se développent (Océan Indien Nord, Océan Indien Sud, Pacifique Nord-Ouest, Pacifique Nord-Est, Pacifique Sud, région australienne, et Atlantique Nord). Les données 20CR (Twentieth Century Reanalysis) ont été utilisées pour toutes les reconstitutions. Remarquons que la méthode utilisée ne permet pas de catégoriser les cyclones en fonction de leur intensité avec l’échelle de Saffir-Simpson (qui comprend les catégories 1 à 5). Les auteurs ont également utilisé des modèles climatiques à haute résolution.

Les résultats obtenus montrent clairement une tendance robuste à la baisse, entre 1900 et 2012, du nombre annuel de CT au niveau global (Figure 1). Les auteurs obtiennent également des diminutions significatives s’ils ne considèrent qu’un seul hémisphère (nord ou sud) mais également pour 6 des 7 régions analysées. La seule région où une légère augmentation est observée est l’Atlantique Nord. Ces tendances à la baisse constatées sont cohérentes avec l’affaiblissement des circulations Hadley et Walker au XXe siècle, qui rendent les conditions de formation de CT moins favorables.

Figure 1. Nombre de CT en fonction du temps au niveau global (ligne bleue) calculé avec les données 20CR. L’ombre bleue indique l’intervalle de confiance à 95%. La ligne rouge indique la moyenne mobile sur 5 ans. Les lignes en pointillés noirs sont les tendances à long terme entre 1850 et 1900, puis entre 1900 et 2012. Source : Chand et al. 2022.

Que nous dit l’AR6 du GIEC concernant les cyclones tropicaux?

Il suffit pour cela de consulter le Chapitre 11 de l’AR6. Comme dans l’étude de Chand et al. 2022, le GIEC commence par nous dire que l’identification des tendances passées concernant les CT est difficile et reste un défi notamment en raison du caractère hétérogène des données instrumentales historiques. Mais, selon le GIEC, il est probable (likely) que la proportion mondiale d’occurrences de cyclones tropicaux de catégorie 3 à 5 a augmenté à au cours des 40 dernières années. Voici deux phrases tirées du rapport (point 11.7.1) : 

– Page 1585 (11.7.1.2 Observed Trends) : « Identifying past trends in TC metrics remains a challenge due to the heterogeneous character of the historical instrumental data, which are known as ‘best-track’ data (Schreck et al., 2014). There is low confidence in most reported long-term (multi-decadal to centennial) trends in TC frequency- or intensity-based metrics due to changes in the technology used to collect the best-track data. This should not be interpreted as implying that no physical (real) trends exist, but rather as indicating that either the quality or the temporal length of the data is not adequate to provide robust trend detection statements, particularly in the presence of multi-decadal variability. »

– Page 1687 : « In summary, there is mounting evidence that a variety of TC characteristics have changed over various time periodsIt is likely that the global proportion of Category 3–5 tropical cyclone instances and the frequency of rapid intensification events have increased globally over the past 40 years. It is very likely that the average location where TCs reach their peak wind intensity has migrated poleward in the western North Pacific Ocean since the 1940s. It is likely that TC translation speed has slowed over the USA since 1900.

Conclusion

Pour conclure, nous pouvons considérer que globalement le nombre de cyclones tropicaux est en nette diminution, et que selon le GIEC (qui ne considère que les données historiques peu fiables selon ses propres dires), il est probable qu’il y ait un peu plus de cyclones des catégories 3 à 5.

La meilleure conclusion est peut-être simplement de regarder le nombre de morts annuels causés par les catastrophes naturelles (Figure 2). Les morts causés par les cyclones sont indiqués en vert dans la figure et nous pouvons constater que les décennies les plus meurtrières ont eu lieu en 1920, 1940 et 1970. Depuis plus de 40 ans les nombres de morts causés par des cyclones sont relativement faiblesNous pouvons voir également une très belle diminution de taux de mortalité dû aux catastrophes naturelles depuis les années 1920. Notez que les données de la Figure 2 sont issues du CRED (Université de Louvain, Belgique) (ici). A ce sujet, lisez également sur SCE le récent article de L. Budyn (ici).

Figure 2. Taux de mortalité mondial annuel (pour 100 000 habitants) par décennie, causé par des catastrophes naturelles, de 1920 à 2015.

Pour aller plus loin, Ralph Alexander, vient de publier un dossier complet ( 30 pages) sur ‘Extreme Weather. The IPCC’s Changing Tune’

Nb : Plusieurs articles concluant de la même manière sont disponibles ici.

Une réflexion sur « SCE-info : il y a de moins en moins de cyclones tropicaux »

  1. Outre les constats posés sur les cyclones, dans l’actuelle « hystérie réchauffiste », votre article me fait penser à un autre, récent, à propos de « l’imprévisibilité climatique », dont l’extrait introductif suivant :
    ………………………………………………………….
    [[ Dans son troisième rapport (TAR 2001), le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC en anglais, un organisme de l’ONU) aborda la question de la prédictibilité du climat dans les termes suivants :
    “Predictability in a Chaotic System: The climate system is particularly challenging since it is known that components in the system are inherently chaotic; there are feedbacks that could potentially switch sign, and there are central processes that affect the system in a complicated, non-linear manner.
    These complex, chaotic, non-linear dynamics are an inherent aspect of the climate system. In climate research and modelling, we should recognise that we are dealing with a coupled non-linear chaotic system, and therefore that the long-term prediction of future climate states is not possible.”

    En d’autres termes, la prévisibilité dans un système chaotique tel que le climat est particulièrement difficile, dès lors que des composants du système sont intrinsèquement chaotiques ; il y a des rétroactions qui pourraient potentiellement changer de signe et il y a des processus centraux qui affectent le système d’une manière compliquée et non linéaire.

    Conclusion du GIEC, textuellement : « Ces dynamiques complexes, chaotiques et non linéaires sont un aspect inhérent du système climatique. Dans la recherche et la modélisation climatiques, nous devons reconnaître que nous avons affaire à un système chaotique non linéaire couplé, et donc que la prédiction à long terme des futurs états du climat n’est pas possible. » ]]
    ………………………………………………………….

    Article écrit par Thierry Godefridi le 28 juillet 2022 sur le site : https://fr.irefeurope.org/publications/journal-des-libertes/article/lecologisme-une-mystification-politique/

    L’auteur y fait référence à deux chercheurs chevronnés : Mototaka Nakamura (un docteur en météorologie du MIT… spécialisé dans la dynamique du climat…), ainsi qu’au mythe de Prométhée (évoqué par Mme Monique Mund-Dopchie, prof. ém. UCL).

    Tandis que le duo idéologisé de « philosophes » qu’il m’arriva d’évoquer dans un ancien article SCE : « Hans Jonas et Günther Anders » y ont « fabriqué » une pensée et des mouvements de foules… distordus par l’actualité de ce XXIe siècle, mouvements propices à justifier toutes les dérives et manipulations pseudo-scientifiques ! Triste…

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