Brigitte Van Vliet-Lanoë, Directeur de recherche CNRS,
Emérite UMR 6538 CNRS, Brest, France
Un hiver froid s’annonce : le premier d’une série qui devrait durer au moins jusqu’en 2053 (Youssef et al., 2009 ; Zharkova et al. 2015 ; Van Vliet, 2019), période où les médias nous assènent une disparition de la banquise estivale, des ours polaires et des phoques ! Ceci est favorisé par l’activité solaire réduite depuis et le minimum solaire actuel (Fig.1). Le cycle solaire suivant (n°25) devrait aussi être faible. Nous y sommes entrés sans un Minimum d’activité aussi profond que celui Dalton (1790-1830) qui a présidé à la « Bérézina ».

En fait le soleil se met au repos après une très forte activité pendant les années 1960 (cycle 19) et une décharge énergétique puissante sous la forme de vents solaires (van Vliet, 2019, Fig.2).

La banquise antarctique continue son extension amorcée pendant les années 1970 (Fig.3.1). La banquise arctique progresse plutôt, sauf dans le secteur nord européen jusqu’à l’Oural-Nouvelle Zemble (Fig.3.1), en relation avec une branche de la dérive Nord Atlantique ou DNA (Fig.3.2).
Une des conséquences de l’activité solaire est le stockage thermique dans l’océan austral qui augmente la température de surface de l’océan et son transfert à nos latitudes par le Gulf Stream et sa continuation vers l’Arctique, la DNA (voir Van Vliet-Lanoë, 2020).


Une image thermique de l’Atlantique nord permet de comprendre la bascule qui est en train de s’opérer. Le Gulf Stream est beaucoup moins chaud aujourd’hui que ces dernières années. On voit parfaitement grâce à sa température de surface la persistance d’une langue de chaleur au NE de l’Europe (flèche rouge), ici de la DNA. Cette anomalie est particulièrement flagrante sur la carte des anomalies de surface de température attestant d’un Gulfstream encore relativement chaud et de l’anomalie thermique persistante sur l’Arctique européen. Néanmoins le courant est-groenlandais a pris beaucoup de puissance, alimenté par les eaux de fontes des années 2017-2018, des périodes de fort réchauffement arctique lié au vent solaire (van Vliet, 2019). Ses eaux froides ont repoussé le GS vers le sud et le courant d’Irminger (au sud de l’Islande) ne rejoint plus la mer d’Islande comme en 1943 et en 2000 (Fig. 4b). Une telle situation a été observée en 1883.


Ceci veut dire qu’avec l’évolution à la baisse de l’apport thermique lié à l’activité solaire (Youssef et al., 2009 ; Zharkova et al., 2015 ; Van Vliet, 2020) et des phénomènes El Niño puissants, le refroidissement amorcé par la baisse de l’activité solaire en 2010 va prendre de l’ampleur assez rapidement, comme le montre l’intensité du phénomène La Niña actuel (Fig.5), ce malgré l’inertie thermique de la masse océanique. L’apport d’eau de fonte du bassin arctique via le courant Est Groenlandais, est actuellement en train de tamponner l’impact d’un Gulfstream encore chaud, mais déjà affaibli, et, va favoriser comme par le passé une ré-extension de la banquise arctique, à la grande joie de l’ours Nanouk ! Un autre changement climatique s’installe.
N’oubliez pas vos pelles à neige…..
Réferences
He S., Huijun H., Li F., Li H., Wang C. 2020 Solar-wind–magnetosphere energy influences the interannual variability of the northern-hemispheric winter climate National Science Review, Volume 7, Issue 1, January 2020, Pages 141–148, https://doi.org/10.1093/nsr/nwz082
Van Vliet Jean 2019. Les-vagues-de-chaleur-mondiales-récentes-sont-correlées-a-un-cycle-solaire-exceptionnel Science-Climat-Energie
Van Vliet Jean, 2020. Le-20eme-siécle-a-été-anormalement-chaud-mais-le-21eme-siècle-revient-à-la-normale-1-2/ Science-Climat-Energie, https://www.science-climat-energie.be/2020/08/14/le-20eme-siecle-a-ete-anormalement-chaud-mais-le-21eme-siecle-revient-a-la-normale-1-2/ xxxx http://www.science-climat-energie.be/2020/08/22/le-20eme-siecle-a-ete-anormalement-chaud-mais-le-21emesiecle-revient-a-la-normale-2-2/ Science-Climat-Energie
Van Vliet-Lanoë B., 2020 : Déluge et changement climatique (1/2) https://www.science-climat-energie.be/2020/11/20/deluge-et-changement-climatique-1-2/ Science-Climat -Energie
Yousef S. , SM. Amin, W. Abdel-Sattar 2009. The Shrinking of the Heliosphere Due to Reduced Solar Wind, DOI: 10.1012/S120027852019
Zharkova VV, Shepherd SJ, Popova E, et al. 2015 Heartbeat of the sun from principal component analysis and prediction of solar activity on a millennium timescale. Sci Rep. 2015;5:15689. Disponible sur : https://www.nature.com/articles/srep15689 [Crossref], [PubMed], [Web of Science ®], [Google Scholar]
Bravo ! Mais observez que vous n’êtes pas au bout de vos peines :
https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/12/13/la-fonte-de-la-glace-arctique-pourrait-causer-un-rechauffement-dun-ou-de-deux-degres-par-decennie/
Oh non ce n’est pas terminé puisqu’il ne s’agit plus de réchauffement mais de dérèglement. Par rapport à quoi? On ne sait pas. Une vision fantasmée du climat dans les années 80 visiblement. Et donc si on va avoir des vagues de froid (regardez dans telle région, on n’a pas vu autant de neige depuis … 10 ans!) c’est que le climat est déréglé…
Le chien, la rage tout ça quoi, on aura toujours une bonne raison pour asséner les solutions « écolos » coûteuses.
N’étant pas un scientifique mais un simple observateur, je trouve que les commentaires sont souvent plus instructifs que l’étude elle-même. J’aimerais signaler une étude parue dans « La Recherche » n°261 de janvier 1994, intitulée:
Les archives glacières du Groenland. La conclusion me paraît intéressante : « Qu’une période comme la nôtre, ou plus
chaude par suite de l’augmentation des gaz à effet de serre, puisse, à l’échelle d’une vie humaine, se refroidir de façon significative ne peut désormais plus être exclu. »
En 1994 l’auteur de cette étude, Mr Jean JOUZEL, était un scientifique reconnu ,ingénieur au CEA (LMCE) et au LGGE, adjoint aux directeurs de chacun de ces laboratoires et il est entré au GIEC.
Cela me pose beaucoup de questions pour le moment sans réponses !!!
En réponse à Germain Bernard,
Effectivement l’hypothèse rapportée est pour le moins surprenante, d’autant plus que c’est un scientifique reconnu dans son domaine qui l’a affirmé. Nous n’avons pas cet article fort ancien pour ‘juger’, ni même comprendre le virage à 180° de cet auteur. Néanmoins, que vous vous posiez beaucoup de questions, sans réponses, est tout ce qu’il y a de plus normal, surtout en sciences. La climatologie, n’en déplaise au GIEC et autres est loin d’être comprise, pour preuve les nombreux modèles (>100) qui sont tous hors réalité (càd par rapport aux observations), voici deux exemples parmi d’autres:
https://wattsupwiththat.com/2019/12/13/cmip5-model-atmospheric-warming-1979-2018-some-comparisons-to-observations/
https://www.cfact.org/2020/01/06/climate-models-continue-to-project-too-much-warming/
De nombreuses autres affirmations, voire prédictions sont sujettes à discussion et rarement avérées (fonte de l’Arctique avant 2013, ‘nos enfants ne verrons plus jamais la neige’ etc,., tout cela affirmé il y a plus de 10 ans par des scientifiques et bien relayés par les médias ; voir dernier lien ci-dessous). L’hypothèse même de l’effet de serre a fait l’objet de nombreux articles à SCE et en-dehors, voir par exemple ci-dessous :
https://www.science-climat-energie.be/2020/12/11/leffet-de-serre-et-le-bilan-energetique-de-la-terre/#more-14552
Qu’en conclure ? Certainement qu’il est prématuré, voire présomptueux de prétendre avoir compris la science climatologique ! C’est entre autre la conclusion de cet article intégrant l’échelle géologique :
https://www.science-climat-energie.be/quelques-contres-verites-geologiques-et-historiques/
« Tous ces préliminaires où vérités et contre-vérités s’amalgament sont loin de valider la célèbre phrase d’Al Gore ‘the science is settled’ ou bien les rapports du GIEC dont les conclusions ne sont pratiquement jamais vérifiées, c’est d’ailleurs Al Gore (et le GIEC) qui en 2007, lorsqu’il reçut le Prix Nobel de la Paix a annoncé que dans 10 ans toute la glace arctique aurait disparu, et sans doute même, avant en 2013.
Il est manifeste que la science est loin d’avoir été dite, que les ‘médias’ altèrent consciemment ou non les faits, que la climatologie en est à ses balbutiements et que le GIEC avec ses 20 000 experts a sans doute mis la charrue avant les bœufs en définissant, à sa création, son premier objectif comme étant ‘de comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine’. Les variations liées à des processus naturels ne sont donc pas prises en considération, pourtant on ne peut les négliger. Autrement dit, reprenons la déclaration d’Al Gore, qui n’est pas un scientifique, loin s’en faut, qui déclara en 2007 devant le Congrès que ‘la Science est dite’… Donc Acte ? »