Températures extrêmes et foehn – Démonter le mythe des ‘dômes de chaleur’

par Jean van Vliet(1) et Brigitte van Vliet-Lanoë (2)
(1) Master en Sciences et Engineering, Directeur retraité
(2) PhD,  Directeur de Recherche CNRS émérite

INTRODUCTION

L’observation fin juin 2021 de températures approchant les 50°C, dans le bassin de Missoula en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain à l’Ouest des Rocheuses, ainsi que la vague de décès et d’incendies de forêts qui ont suivi, ont déclenché une réaction médiatique importante et justifiée. Une fois ces événements passés, les activistes du climat et les médias ont commencé à les exploiter dans le cadre de leur démarche devenue habituelle d’exagération systématique et de déformation anxiogène de l’information: en effet, la COP 26 se rapproche, et le lobby environnemental et des énergies renouvelables tient à préparer le public au sacrifice de son bien-être et de son niveau de vie sur l’autel du climat, au bénéfice de ses projets et des aubaines allouées aux acteurs réputés vertueux.  

Dans ce cadre, un nouveau terme est apparu, celui de « dôme de chaleur », présenté comme un phénomène ultra rare (millénaire) et résultant du Changement / Réchauffement climatique d’origine anthropique. Ce néologisme est erroné et injustifié : le but du présent article est de d’objectiver la discussion sur les très fortes températures observées en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain et de dégager si possible une tendance générale.

Sur l’image thermique mondiale du 30 juin-9 juillet 2021 (Figure 1A), c’est plutôt le bleu (froid) qui domine. Les médias parlent du « dôme de chaleur » (© NOAA) du 27 juin, parfois nommé dôme anticyclonique chaud mais ils ignorent complètement les températures anormalement basses montrées par l’image thermique complète, notamment sur le Mexique. Il s’agit bien sur le Midwest américain, aussi appelé Tornado Alley, d’une descente d’air polaire (ou Anticyclone Mobile Polaire « AMP » selon la terminologie de Marcel Leroux, 1986). L’image haute résolution (Figure 1B) montre que le décalage thermique maximum des anomalies est symétrique dans les 2 sens avec une amplitude de 15°C. L’Amérique n’a pas l’exclusivité du phénomène, que l’on rencontre notamment dans le Sud de la Sibérie le 20 juin 2020, non mentionné à ce moment pas les médias.

Figure 1 : A) l’image thermique mondiale du 30 juin-9 juillet 2021 (Earth Observatory NASA) ; B) image des anomalies thermiques du 28 juillet 2021 (Earth Observatory , NASA).

 LE CONTEXTE

Une période de refroidissement a démarré vers 2010

Comme le montrent les vagues de froid multiples observées au début de l’année dans l’hémisphère nord et ces dernières semaines dans l’hémisphère sud, nous sommes actuellement au début d’une période de refroidissement climatique amenant une modification et une variabilité croissante de l’atmosphère globale. L’hiver 2020-2021 a été marqué par des descentes d’AMP massifs qui ont débouché en février sur le blackout du Texas, pendant que, dans le même mois, la Belgique passait en 10 jours d’une vague de froid à -8 °C à une semaine clémente à +17-18 °C. 

Figure 2  A et C)  arrivée de l’AMP  de la vague de froid ( moucheté de « grains » en A et en bleu sur C) de début avril 2021 sur l’Ouest de l’Europe. Noter les tempêtes « remous » liées à la descente de l’AMP « lourd et froid » B) Arrivée un AMP 21 Juillet 2021 en Amérique du Nord, le suivant arrive sur la Colombie britannique (Earth Observatory, NASA).

La genèse de ces AMP massifs (Figure 2) est apparemment liée au renforcement puis à la disruption du vortex polaire: ce vortex n’est rien d’autre qu’un vent puissant circulant autour du pôle et constituant une barrière dynamique qui retient de l’air très froid, la seule source de chaleur présente durant la nuit polaire, hors le rayonnement infrarouge de la neige ou de la banquise, étant l’énergie déposée dans l’atmosphère par le vent solaire dont les particules se propagent le long des lignes de force du champ magnétique terrestre. Les données concrètes réanalysées montrent que cette tendance au renforcement du vortex polaire est le plus probablement le résultat d’une variabilité climatique générée de manière interne (Seviour, 2017).

En hiver, les AMP massifs sont associés à des vagues de froid: ils sont plus fréquemment observés durant les minima d’activité solaire et la phase de démarrage des cycles solaires, ce que montre le relevé des vagues de froid effectué par l’IRM de 1950 à 2021 (dossier explicatif ici) comme indiqué par la figure 3. 

Figure 3 : Vagues de froid et minima d’activité solaire de 1950 à 2021. Les lignes bleues désignent les vagues de froid et leur intensité déterminée par l’IRM pour Uccle, les lignes rouges désignent les années d’activité solaire minimale.  
 

On peut noter les séries d’hivers doux de 2000 à 2005 et de 2014 à 2017, et la succession de vagues de froid au début du cycle 24, de 2009 à 2013. L’hiver passé 2020-2021 indique que le cycle 25 actuel suit la même tendance. Il faut rappeler que Marcel Leroux a mis au point sa théorie des AMP avec le refroidissement important et les importantes vagues de froid des années 1946-1987. La figure 3 confirme également que la période 1997-2009 est la plus chaude du Global Warming , avec notamment la canicule meurtrière de 2003 en Europe.

Les températures océaniques sont en baisse

La banquise est en train de reprendre sa valeur moyenne normale (d’après NSIDC) en cette saison. Actuellement, l’Atlantique est largement refroidi au Nord de Terre Neuve par les eaux du Courant Est groenlandais, transitant par le courant du Labrador, dérivant une part notable du Gulf Stream vers le Sud. L’Europe de l’Ouest sera affectée par ce détournement du Gulf Stream. 

Figure 4 A) Températures de surface des océans (11/08/21) B) Visualisation des courants marins (11/08/2021) (Earth for the Null) C) Image thermique de l’Atlantique avec le Gulf Stream le 23 Juillet 2021 montrant le coin d’eau froide (bleu foncé) du courant du Labrador repoussant le Gulf Stream vers le Sud. https://www.meteocontact.fr/actualite/gulf-stream-mais-que-se-passe-t-il-70434 . Les Figures A et B montrent une anomalie similaire à l’Est de la Patagonie.  D) Anomalie thermique actuelle (fin Juillet début Août 2021) ; (modèle Météo Team / Météo Italia). Les données réelles donnent le 3/8/2021: 43°C en Grèce malgré un régime de vents du Nord (Borée), 14,5°C  en Bretagne. Ce refroidissement est lié à une fréquence importante de descente de AMP sur l’Atlantique Nord, en relation avec l’instabilité du jet stream, de l’affaiblissement du Gulf Stream et de la remontée de la dépression subtropicale sur la Méditerranée orientale (basse pression) au sud de l’Italie méridionale- Grèce-Turquie. 

En été comme en hiver les conséquences pourraient être non négligeables. Le nombre de tempêtes pourrait alors augmenter significativement en hiver et les vagues de chaleur pourraient être plus récurrentes en été. Depuis déjà plusieurs années une anomalie basse de température persiste en plein Atlantique nord. Cette observation peut être corrélée avec le ralentissement du Gulf Stream (Caesar et al., 2021, de Boer, 2021), sa répulsion vers le sud par le courant froid du Labrador (Fig. 4B) et sa descente plus marquée vers des latitudes subtropicales (Fig. 4A). Ce état des choses a entraîné un affaiblissement du Gulf Stream de l’ordre de 50 à 70%  au cours des dernières décennies (Caesar et al., 2021), mais ne signera pas son arrêt, en raison de la persistance des forces de Coriolis (rotation de la terre).   

D’autre part, le contraste thermique entre un océan intertropical chaud (Fig. 4A) et un Arctique qui se refroidit, génère des tempêtes, plus particulièrement sur la zone de Terre Neuve (Fig. 4C), lesquelles affectent notre été (fig. 4D). En tout cas, à l’horizon du prochain siècle, l’affaiblissement de ces courants océaniques aura des répercussions comme dit plus haut mais aussi un refroidissement du climat sur l’Atlantique Nord et sur les continents adjacents : nous profitons déjà en 2021 d’un été « scandinave » sur le Bénélux, voire islandais sur la Bretagne et le SW anglais (tempêtes cycloniques en été). Ce ralentissement et cette dérivation vers l’Afrique du Nord du Gulf Stream est conforté par la réduction du Courant d’Irminger au SW de l’Islande : ce courant rejoint normalement la Mer d’Islande, au Nord, pendant tous les épisodes de réchauffement climatique comme au tout début Holocène (Jennings et al., 2000). Comme l’on écrit G. Miller et A. de Vernal dès 1992, l’épisode chaud qui se termine peut entraîner une glaciation.

Un abaissement de l’altitude de circulation du jet stream polaire

La position moyenne du jet stream polaire change selon les saisons : sa position hivernale a tendance à être à une altitude inférieure et à une latitude inférieure à celle de sa position en été. Il est par ailleurs établi que pendant tout le Quaternaire, le jet polaire a migré vers le sud en période de refroidissement et accompagné la migration en latitude des bandes de circulation cyclonique. L’altitude et la latitude du jet polaire constituent donc des indicateurs climatiques. Ainsi, durant la période 1979-2001, les jets streams sont montés en altitude et se sont déplacés vers les pôles dans les deux hémisphères, avec un rythme de 2 kilomètres par an dans l’hémisphère Nord (Seviour 2017).

Or, on constate depuis la dernière décennie un renforcement de l’ondulation du jet stream: depuis les années 2013-2014, l’amplitude de ces ondulations a augmenté, atteignant, sur le continent américain, l’Arctique et le Golfe du Mexique. Depuis 2020, ces ondulations conduisent de plus à des vortex indépendants (voir un exemple à la figure 9). L’augmentation des fluctuations de la trajectoire du jet stream polaire coïncide avec des événements météorologiques plus extrêmes sur l’Atlantique tels que des vagues de froid (en hiver), des vagues de chaleur (en été), des périodes de sécheresse, des incendies de forêt et des inondations (Trouet et al. 2018).

L’ondulation de plus en plus marquée du jet polaire peut s’expliquer par une diminution de son altitude, impliquant nécessairement une plus grande interaction avec les irrégularités topographiques. Cette baisse d’altitude est prédite par certains modèles (voir https://www.infoclimat.fr/modeles-meteorologiques.html). Elle est cohérente avec la période de refroidissement mentionnée plus haut.

TEMPERATURES EXTREMES SUR LA COLOMBIE BRITANNIQUE ET LE NORD-OUEST AMERICAIN

Cet été 2021, des hautes pressions sont présentes à l’Ouest de l’Europe (l’anticyclone des Açores) et le long de la côte Ouest du Canada. Leur intensité maximale est en Juin et leur position la plus septentrionnale comme indiqué par la figure 5 (https://climatereanalyzer.org/). La combinaison de ces deux systèmes accentue l’amplitude et l’intensité des ondulations du jet-stream et favorise dans un sens la remontée vers le nord de basses pressions tropicales et dans l’autre sens l’éjection des AMP du vortex polaire.

La Colombie britannique et le Nord-Ouest américain ont connu fin juin 2021 des températures indubitablement exceptionnelles, même si de fortes chaleurs sont classiques pour les bassins intramontagneux où la chaleur reste normalement confinée par les reliefs périphériques. Les évolutions de ces températures dans un certain nombre de villes sont fournies à la figure 6, les villes marquées en bleu et celles marquées en rouge se situant respectivement à l’est et à l’ouest de la chaîne des Rocheuses canadiennes (dont les sommets dépassent 3000 m), notamment dans la cuvette du lac paléo-glaciaire de Missoula, limitée au nord-ouest par la Chaîne côtière canadienne (culminant également à plus de 3000 m). Portland est localisé dans un petit bassin de la chaine côtière américaine, Calgary et Edmonton sont à l’Est des Rocheuses.

Figure 5 : Anomalies thermiques (de-30 à +30 °F) et localisation des hautes pressions au début du mois de juin. On voit très nettement un couloir d’air chaud, associé à des basses pressions (L) sur les chaines de montagne de l’Ouest américain et une masse d’air froid « en attente » sur la région du delta du Mackensie (NWT).

Le maximum de température a été observé en Colombie britannique à Lytton (altitude 195 m), mais toutes les villes rouges montrent des températures exceptionnellement élevées, même à Vancouver, situé sur la chaîne côtière mais, en dehors du bassin de Missoula. Quant aux villes bleues, elles montrent des températures élevées, mais non exceptionnelles pour un climat continental au voisinage du solstice d’été à la latitude de 50°N. Les deux familles de courbes de température conduisent immédiatement à mettre en avant l’orographie comme facteur influençant les températures.  

Figure 6: Températures max journalières en °C mesurées en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain en juin 2021 (source: https://www.accuweather.com/fr/ca/calgary/t2p/june-weather/52479 ).

Pour analyser ces températures, nous nous concentrerons sur les villes de Calgary et de Kamloops, distantes à vol d’oiseau de 440 km, Calgary (altitude 1045 m) étant représentative du plateau continental canadien, et Kamloops (altitude 345 m) de la cuvette de Missoula. Calgary, Kamloops et Vancouver se situent pratiquement sur la même ligne droite orientée au ENE à une latitude de 50 °N.

La figure 7 montre pour ces deux villes une évolution très parallèle de température à partir du 16 juin, environ une semaine après le passage d’un AMP, lors duquel les températures à Calgary sont descendues en-dessous de 15 °C. Du 16 au 20 juin, l’écart de température est voisin de 5 K/ °C, ce qui traduit la différence d’altitude entre les deux villes (6,5 K/km x 0,7 km = 4,6 K).  A partir du 23 juin, l’écart de température se renforce pour atteindre 11 à 15 °C.

Comment un tel écart peut-il s’expliquer ?

Figure7 : Evolution comparée des températures max journalières relevées à Calgary (1045 m, Tornado Alley) et à Kamloops (345 m , bassin intramontagneux du Missoula) en juin 2021.

La figure 8 fournit l’évolution des pressions rapportées au niveau de la mer, mesurées à Calgary, Kamloops et Vancouver, avec la même échelle horizontale que sur les figures précédentes. Elle montre une chute rapide de pression du 20 au 22 juin, suivie à partir du 24 juin d’une remontée avec apparition d’un gradient de pression est-ouest, qui a nécessairement engendré un vent d’est (l’effet géostrophique est faible sur la distance de 440 km). Cette orientation du vent du secteur est confirmée par les relevés de Kamloops) pour les derniers jours de juin ( https://www.wunderground.com/history/daily/ca/kamloops/CYKA/date/2021-6-27).

Figure 8 : Pressions barométriques relevées à Calgary, à Kamloops et à Vancouver durant la vague de chaleur de juin 2021 . Noter la très haute pression le 27 juin à Calgary, décalée de 48h par rapport à Kamloops et Vancouver. Le pic thermique est lié à l’arrivée brutale de l’AMP le 27 juin, les flèches vertes correspondant à l’écart de pression mesuré par rapport à Vancouver, positif à Calgary et négatif à Kamloops dans le bassin intra-montagneux. 

Un tel vent d’est perpendiculaire à la chaîne des Rocheuses canadiennes peut induire un phénomène de type « foehn », même si le vent chaud Chinook de la Colombie britannique est connu comme un vent d’ouest. Il est facile, connaissant les altitudes de Calgary et Kamloops et l’altitude moyenne de passage H de la chaîne des Rocheuses canadiennes de calculer l’accroissement de température d’une parcelle d’air humide transférée par le vent d’est de Calgary à Kamloops : de manière simplifiée, l’air humide est soulevé et comprimé par le relief, se refroidit, et condense l’humidité en montant, puis se réchauffe en descendant, en admettant qu’il est complètement sec au point le plus haut (Fig. 9 droite).

Avec un gradient adiabatique humide de 6,5 °C/km, un gradient adiabatique sec de 9,8 °C/km et une altitude moyenne de passage des Rocheuses H de 2.300 m, on arrive à une variation de température de :

On obtient ainsi un accroissement de température précisément égal à celui observé à la Figure 6 entre Calgary et Kamloops : cet accroissement est essentiellement engendré par l’application du gradient adiabatique de 9,8 °C/km à un écart d’altitude de 2 km. Les températures extrêmes mesurées les derniers jours de juin dans la cuvette de Missoula s’expliquent donc simplement par un effet de foehn lié au passage de l’air au-dessus de la chaîne des Montagnes Rocheuses canadiennes.

Figure 9 : comparaison entre la théorie du « dôme de chaleur » (Image NOAA, traduite et complétée) et de l’effet de foehn .

De plus, un tel régime de foehn est autocatalytique ou autoamplifié: les chaleurs très élevées à l’ouest des montagnes induisent une baisse de pression et donc un appel d’air par-dessus les Rocheuses canadiennes, ce qui augmente encore les températures à l’ouest des montagnes Rocheuses. Il est donc hors de question selon les lois de la physique d’attribuer le « dôme de chaleur » à une haute pression comme mentionné par la NOAA et dans la majorité des médias.

Il n’est donc nul besoin de développer le mythe du « dôme de chaleur » causé par le réchauffement climatique anthropique: la réalité est beaucoup plus simple que les théories sensationnelles développées dans les médias et le phénomène de foehn n’a rien à voir avec le Réchauffement Global lié aux activités humaines.

LES HAUTES PRESSIONS FAVORISENT INDIRECTEMENT LES TEMPÉRATURES EXTRÊMES

A ce stade, nous n’avons pas encore identifié l’événement initiateur des températures extrêmes du 27 juin 2021: cet événement est celui qui a conduit à l’écart positif de pression barométrique entre Calgary et Kamloops, le pôle du chaud. Si on examine l’évolution des pressions à l’ouest des Montagnes Rocheuses sur une ligne de 2500 km allant de Yellowknife (62,5° N) à Denver (39,7° N), on est frappé par l’évolution parallèle des pressions entre le 20 juin et les premiers jours de juillet, comme indiqué sur la Figure 10. Une telle évolution correspond au passage d’une onde planétaire ou onde de Rossby (Holton & Hakim, 2013) avec un minimum de pression le 22 juin suivie par un maximum de pression à Calgary et Helena (Montana) le 27/28 juin, maximum qui est observé 3 jours plus tard 1800 km plus à l’est, à Churchill, au sud de la Baie d’Hudson. C’est le maximum de pression observé à Calgary et à Helena (Figure 10) qui a amorcé le foehn autocatalytique responsable de la vague de chaleur à l’ouest des Rocheuses (à droite sur la figure  10)

Figure 10 : Pressions barométriques relevées du Nord (Yellowknife) vers le Sud (Denver) à l’est des Montagnes Rocheuses durant l’épisode de chaleur de juin 2021.

Le passage de l’onde planétaire est également associé à une ondulation du jetstream qui a conduit à une succession de zones de basses pressions et de hautes pressions qui ont défilé sur la Colombie britannique et le Nord-Ouest américain à la fin du mois de juin, comme indiqué par la figure 11. 

Figure 11 : Succession de zones de haute pression (Ridge) et de basse pression (Trough) associées dès  le 23  juin 2021 à une ondulation du jetstream sur le NW du continent américain (à droite) , situation qui aboutira à l’épisode de chaleur de la fin juin 2021 (voir aussi figure 2).
Was Global Warming The Cause of the Great Northwest Heatwave? Science Says No. – Watts Up With That?

On peut noter que les cartes isobares utilisées pour la démonstration du soi-disant dôme de chaleur sont basées sur une situation antérieure à celle de l’évènement thermique, avant que le maximum de pression soit établi à l’Est des Rocheuses par la descente de l’AMP.

Donc le scénario de cette vague de chaleur exceptionnelle est d’abord la remontée progressive d’une dépression chaude guidée par les systèmes de chaînes de montagne de l’Ouest américain (figure 5) activée par le puissant anticyclone côtier de la Colombie britannique en position estivale nord. Les vents du N-NW à l’est de cette dépression atmosphérique (figure 11) favorisent l’expulsion de la masse d’air froid polaire localisée sur le delta du Mackensie, un AMP qui descend en longeant la chaîne de montagne interne, les Rocheuses, induisant un puissant foehn attiré par les basses pressions à l’intérieur du bassin Missoula tout en les exagérant (figure 8).

HAUTES PRESSIONS, FOEHN ET FEUX DE FORÊTS

Nous avons vu la très grande influence que peut avoir une zone de haute pression située à l’est des Rocheuses sur le déclenchement d’un phénomène autocatalytique de foehn vers l’ouest de ces mêmes montagnes.

Outre les ondes planétaires, les masses d’air polaire des AMP induisent des hautes pressions à l’Est des Rocheuses. En effet, les AMP pénètrent sur le continent américain par la plaine séparant les chaînes de l’Ouest américain de la Terre de Baffin, l’équivalent de la plaine centre américaine, plus au sud: si certains AMP se déportent vers la Baie d’Hudson, l’Est des Appalaches et l’Atlantique, la grande majorité des AMP se propage vers le sud, guidé par le relief et le vent du N-NW généré par la dépression intramontagneuse forcée par le jet stream. La plupart des AMP suivent donc le flanc est des Montagnes Rocheuses jusqu’au Golfe du Mexique : c’est la trajectoire nord-américaine identifiée par Leroux (1996). En été, les AMP sont moins puissants, mais ils sont néanmoins présents comme le montrent la baisse de température et la montée de pression relevées à Calgary du 7 au 10 juin 2021 (voir les figures 7 et 8). 

L’effet de foehn engendré par les hautes pressions assèche fortement l’air et contribue donc à augmenter de manière considérable la sécheresse du sol et le risque d’incendies de forêts, tels ceux observés en 2021 en Colombie britannique et dans les Etats de Washington, d’Orégon et de Californie. 

Ce phénomène de foehn est connu dans les Alpes lors de périodes anticycloniques froides, de types continentales ou d’AMP. En Eurasie, les AMP circulent le long de deux trajectoires identifiées par Leroux (1996) pour les AMP dans l’hémisphère N, à savoir la trajectoire sibérienne orientale et la trajectoire russo-scandinave en direction du Caucase. Les AMP de la Sibérie orientale migrent à travers la Yakoutie vers la Mer d’Okhotsk et la Mer du Japon en longeant le flanc sud-ouest des Monts de Verkoyansk, induisant le 20 juin 2020 une très forte anomalie thermique sur Yakutsk, située dans un bassin intramontagneux. Dans le cas du NE du bassin méditerranéen, ce sont des hautes pressions d’Europe centrale qui déclenchent un foehn autocatalytique, via la chaîne des Carpates, les Rhodopes et le bord sud de l’Anatolie pour provoquer les canicules grecque et turque des premiers jours d’août 2021 (43°C) associées à une dépression sur la Méditerranée orientale. Que ce soit en Grèce ou en Turquie, des montagnes de 1000 à 2000 m d’altitude se trouvent au Nord de la côte. Une situation comparable s’était déjà produite du 17 au 19 mai  2020 (Figure 12).

Figure 12 : Anomalies thermiques en Méditerranée orientale: les pays du bassin méditerranéen oriental subissaient une vague de chaleur particulièrement intense du 17 au 19 mai  2020 sous l’effet d’une puissante descente d’air polaire  (AMP) passant au-dessus des chaînes alpines, en association, grâce aux ondulations du jetstream,  à une puissante remontée d’air chaud et sec (dépression) en provenance d’Afrique, avec des températures exceptionnellement élevées pour un mois de mai amplifiées par effet de foehn .La même situation s’est reproduite fin juillet-début août 2021. https://climatereanalyzer.org/

Une des caractéristiques du foehn est surtout la sécheresse en aval du relief (fig. 9). Pour qu’un incendie de forêt se déclenche, une condition nécessaire est celle de de la sécheresse, la chaleur accentuant cette dernière. Si les feux de forêts peuvent souvent être initiés par une intervention humaine, ce sont le plus souvent des phénomènes naturels, tout comme le foehn ou la sécheresse qui rendent possible sa propagation favorisée par une mauvaise gestion des secteurs boisés (B. van Vliet-Lanoë, 2021), particulièrement lors d’épisodes de refroidissement du climat.

Le tableau 14 fournit la synthèse des facteurs conduisant aux températures très élevées et aux feux de forêts dans différentes parties de l’Hémisphère Nord de juin à août 2021 : pour déclencher le foehn autocatalytique et les températures extrêmes, la direction du vent et la différence d’altitude jouent un rôle essentiel. On remarque en particulier la température extrême de 46°C mesurée à Grenade le 14 août 2021 malgré l’altitude de plus de 700 m ! Ramenée au niveau de la mer, elle correspondrait à plus de 53°C … mais les médias n’ont parlé que de Cordoue.

Figure 13 :  Interprétation au moyen du foehn des températures extrêmes et des feux de forêts de l’été 2021 dans l’hémisphère nord.

EN GUISE DE CONCLUSIONS

Les températures extrêmes observées en juin 2021 en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain s’expliquent quantitativement et de manière classique par le gradient vertical de 9,8 K/km de l’adiabatique sèche, associé à une baisse d’altitude de 2 km, par l’intermédiaire d’un phénomène de foehn autocatalytique. Les concepts de « dôme de chaleur » et de Global Warming ne sont donc d’aucune utilité pour interpréter les observations. 

De manière plus générale, le phénomène de foehn peut être déclenché par la présence de hautes pressions dans le voisinage d’une chaîne de montagnes. La chaîne des Montagnes Rocheuses est particulièrement sujette à ces phénomènes depuis la Colombie britannique jusqu’à la Californie, mais elle est loin d’être la seule, comme le montre le Tableau 13. Le vent de foehn chaud et sec favorise également les incendies de forêts.

La genèse des hautes pressions peut résulter du passage d’ondes planétaires, mais également du passage d’AMP en provenance du vortex polaire. Ce dernier est particulièrement renforcé lorsque le vent solaire – ou l’activité aurorale qui lui est équivalente – faiblit, comme c’est le cas entre la fin d’un cycle solaire et la montée de l’activité du cycle suivant (Schlamminger 1990). Ceci explique pourquoi les hautes pressions et les vagues de froid sont particulièrement intenses au début du cycle solaire, comme déjà observé entre 2009 et 2013, et comme attendu entre 2019 et 2023. Il est donc probable que les phénomènes extrêmes et les incendies de forêts se poursuivront dans les 2 ou 3 années qui viennent. 

Enfin, les différents phénomènes physiques évoqués se situent non pas dans un contexte de réchauffement, mais bien dans un contexte de refroidissement global qui a démarré avec le 21ème siècle (van Vliet 2020) et que le printemps froid et l’été pluvieux de 2021 rendent particulièrement visible en Belgique, en France, en Angleterre et en Allemagne.

Dans cet article, une analyse quantitative simple nous a conduit à la conclusion que les températures extrêmes et les feux de forêt sont d’origine naturelle : l’homme n’y est donc pour rien, sauf pour la gestion de la couverture végétale et … l’allumage. Il est faux de juger l’homme coupable comme le font systématiquement l’ONU et le GIEC.

Oser prétendre que la transition énergétique améliorera cette situation relève d’une alliance contre nature entre le monde politique, le marketing insensé des énergies renouvelables et la propagande écologiste.

Les opinions de cet article sont exprimées par les auteurs à titre personnel et en toute indépendance.

3 réflexions sur « Températures extrêmes et foehn – Démonter le mythe des ‘dômes de chaleur’ »

  1. «  » » » »Dans cet article, une analyse quantitative simple nous a conduit à la conclusion que les températures extrêmes et les feux de forêt sont d’origine naturelle : » » » » » »
    Quand j’ai lu cela , j’ai sursauté ; heureusement que la phrase suivante remet tout en place
    «  » » » l’homme n’y est donc pour rien, sauf pour la gestion de la couverture végétale et … l’allumage.
    Je pense que l’allumage est primordiale
    En 1949 , 100 morts dans les Landes en pleine période de refroidissement
    Frederic Sommer

  2. Très belle démonstration et de plus fort didactique. Serait-il possible aux auteurs de nous livrer les références utilisées ? Cela serait bien utile. Encore bravo, y compris pour la qualité et la pertinence iconographique. Merci !

  3. Bravo ! Peut-on avoir les références utilisées comme l’a déjà demandé un autre intervenant ? Autre question : vous utilisez la théorie des Anticyclones Mobiles Polaires de Marcel Leroux, mais il me semble que cette dernière a fortement été controversée. Il semble même qu’elle n’a jamais été mise en pratique dans la prévision du temps, même par ses adeptes… Comment donc lui accorder de la confiance ?

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