par Henri Masson, Professeur (émérite) à l’Université d’Antwerpen
et Alain Préat Professeur (émérite) à l’Université Libre de Bruxelles
1. Introduction
S’il est un problème récurrent et délicat en géologie ‘climatique’, c’est bien la relation température et teneur atmosphérique en CO2, il y règne un flou artistique effarant, tout et son contraire sont légion. A bien y regarder cela n’est pas si anormal tant les imprécisions sont la règle : imprécisions sur les âges géologiques des périodes ou intervalles étudiés, imprécisions sur la quantification de la ou des températures (globales et/ou régionales), du taux de CO2, et de leurs enchaînements dans la suite des processus naturels. Est-ce à dire qu’on est complètement démunis ? Heureusement non, comme le montrent par exemple les événements hyperthermiques (ici) et les Optimas Climatiques (ici et ici). Néanmoins on reste sur sa faim car une vision globale à l’échelle géologique manque. C’est la qualité première de l’article de J.W. Davis (2017) d’établir une vision complète des relations T/ CO2/∆RFCO2 (forcing CO2), depuis le début des temps phanérozoïques (soit 541 Ma suivant l‘échelle des temps géologiques, ici) jusqu’à aujourd’hui.
Annonçons d’emblée le résultat ou plutôt les deux résultats majeurs de cette étude :
1° premier résultat plutôt pressenti : il n’ y a aucune corrélation entre la température (estimée à partir de nombreux ‘proxies ‘ou indicateurs) et la concentration atmosphérique du CO2 au cours du Phanérozoïque, la concentration atmosphérique du CO2 ne pilote donc pas la température des climats anciens ;
2° deuxième résultat plutôt inattendu : limiter les émissions anthropiques de CO2 n’est d’aucune utilité pour limiter le réchauffement actuel, mais serait essentiel pour préserver la biodiversité.
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