Archives de catégorie : climat et géologie

L’Islande, l’ île de tous les dangers

Brigitte Van Vliet-Lanoë, Directeur de recherche CNRS, 
Emérite, Brest, France

Alain Préat, Prof. Emérite, Université Libre de Bruxelles

Iceland, the island of danger, English Version (.pdf)

Fil conducteur : L’Islande attire autant les touristes que les scientifiques chargés de prévoir les risques naturels non négligeables hérités de son contexte géologique particulier. Il n’est pas une semaine où elle ne figure en avant des médias, plus encore aujourd’hui, avec les évacuations de populations le 11 novembre dernier suite au réveil du volcan apparu à Grindavik situé 40 km au sud-ouest de Reykjavik. L’éruption actuelle s’est annoncée depuis le 21 juillet 2023, puis s’est activée en décembre et le 14 janvier 2024. Ce n’est ni la première fois, ni la dernière que le volcanisme fait/fera parler de lui. Grindavik n’est pas la seule éruption en cours : il y a en permanence sur Terre entre 40 à 50 éruptions volcaniques sur les 1 330 volcans connus. Cette activité éruptive s’accompagne d’effets ‘désastreux’ tels que séismes très fréquents, aérosols soufrés et cendreux, fontes sous-glaciaires des calottes de glace, décharges glacio-isostasiques et soulèvements … Oui l’Islande est sous haute surveillance … car elle est située sur un point chaud (hot spot) toujours actif.

Le Laki ou ‘Lakagigar’ est un système volcanique dans le graben traversant l’Islande. Eruption fissure colossale en 1783-1784 avec coulées de laves jusqu’à 60 km de longueur , projection de cendres et émission de SO2.

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Le recul des glaciers et de la banquise Antarctique : la faute à qui ???

Brigitte Van Vliet-Lanoë, Directeur de recherche CNRS, 
Emérite, Brest, France

et
Alain Préat, Prof. Emérite, Université Libre de Bruxelles

Fil conducteur : L’Antarctique a une histoire géologique longue et complexe, marquée à l’Ouest par une activité volcano-magmatique importante à l’origine de gradients géothermiques régionaux modérés à élevés. Par sa position au pôle Sud, ce continent a été isolé thermiquement par l’océan Antarctique et reste glacé depuis 15 Ma (millions d’années). Il en résulte aujourd’hui des effets importants à la fois sur la dynamique glaciaire et sous-glaciaire mais, également, sur les morphologies du continent. Les conditions climatiques qui en découlent permettent aux phénomènes atmosphériques (dépressions cycloniques et gyres marins) et gravitaires (vents catabatiques et force de Coriolis) de contrôler l’évolution des températures superficielles et marines. Ces dernières sont régionales et le réchauffement est limité à sa partie occidentale pour des raisons météorologiques, océaniques et géothermiques. Un CO2 régionalement bas (380 ppm !) n’est pas responsable de la fonte de la plus grande calotte glaciaire au monde.

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Les origines des changements climatiques

par Prof. Alain Préat, émérite, Université Libre de Bruxelles

English version (see below)
Origins of climate changes

Une évidence

Personne ne nie que la température de la Terre montre un léger accroissement d’environ 0,9°C depuis près de 125 ans (détails dans Soon et al., 2023). Cet accroissement récent est minime (0,6°C entre 1975 et 1998) et encadré de périodes de diminution de la température de même amplitude (1880-1910 et 1940-1975). 

Nos médias, y compris l’IPCC et de nombreux scientifiques prétendent que le seul et unique coupable de l’augmentation actuelle de la température est la teneur atmosphérique en CO2, teneur liée à l’activité de l’Homme. Il s’agit d’une hypothèse car aucun lien n’a encore pu être établi entre la température et la teneur en CO2, que du contraire (Davison, 2023). L’alarmisme climatique (Watts, 2023) qui occupe la ‘Une’ de nos journaux n’a pas lieu d’être comme nous allons le voir.

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Changements météorologiques et changement climatique : un refroidissement en marche sur l’Atlantique Nord (1/2) 

par Dr Brigitte Van Vliet-Lanoë, Directeur de recherche CNRS, émérite
et J. Van Vliet , Master en Sciences et Master et Engineering, directeur retraité

  1. Introduction

Nous pouvons comparer la Terre à une habitation avec un chauffage central, dont la chaudière serait chauffée par notre étoile, le Soleil. Les radiateurs-accumulateurs sont constitués par l’océan avec, le cas échéant, une évaporation intense responsable d’une augmentation de la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère et des précipitations intenses. Cependant, la maison ne sera bien chauffée que s’il y a une pompe de circulation : c’est la circulation thermohaline des océans (THC), ou « thermal conveyor belt ». 

Selon Eirıksson et al., 2006, une interaction évidente existe entre les processus atmosphériques et la THC, comme en atteste la grande variabilité de la température de l’océan au Moyen-âge et pendant le Petit Age glaciaire (PAG). Cela a été aussi le cas pour les températures à la surface de la mer d’Islande et sur la marge ibérique, plus élevées pendant la période chaude romaine que pendant la période chaude médiévale. Cependant, bien qu’un certain nombre de données indiquent un réchauffement des eaux côtières et du plateau continental au cours des 200 dernières années, le XXe siècle ne semble pas inhabituel par rapport aux deux derniers millénaires. Les périodes climatiquement instables et plus fraîches sont associées à de très fortes tempêtes (Lamb & Frydendahl 1991; van Vliet-Lanoë et al. 2014; Goslin et al., 2018), comme le rappelle l’épisode de l’Invincible Armada espagnole qui a perdu en 1588 trois fois plus de navires face aux tempêtes que face à la marine anglaise. 

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La géologie, la température et le CO2

par Henri Masson, Professeur (émérite) à l’Université d’Antwerpen
et Alain Préat Professeur (émérite) à l’Université Libre de Bruxelles

1. Introduction

S’il est un problème récurrent et délicat en géologie ‘climatique’, c’est bien la relation température et teneur atmosphérique en CO2, il y règne un flou artistique effarant, tout et son contraire sont légion. A bien y regarder cela n’est pas si anormal tant les imprécisions sont la règle : imprécisions sur les âges géologiques des périodes ou intervalles étudiés, imprécisions sur la quantification de la ou des températures (globales et/ou régionales), du taux de CO2, et de leurs enchaînements dans la suite des processus naturels. Est-ce à dire qu’on est complètement démunis ? Heureusement non, comme le montrent par exemple les événements hyperthermiques (ici) et les Optimas Climatiques (ici et ici). Néanmoins on reste sur sa faim car une vision globale à l’échelle géologique manque. C’est la qualité première de l’article de J.W. Davis (2017) d’établir une vision complète des relations T/ CO2/∆RFCO2 (forcing CO2), depuis le début des temps phanérozoïques (soit 541 Ma suivant l‘échelle des temps géologiques, ici) jusqu’à aujourd’hui.

Annonçons d’emblée le résultat ou plutôt les deux résultats majeurs de cette étude :

1° premier résultat plutôt pressenti : il n’ y a aucune corrélation entre la température (estimée à partir de nombreux ‘proxies ‘ou indicateurs) et la concentration atmosphérique du CO2  au cours du Phanérozoïque, la concentration atmosphérique du COne pilote donc pas la température des climats anciens ;

2° deuxième résultat plutôt inattendu : limiter les émissions anthropiques de COn’est d’aucune utilité pour limiter le réchauffement actuel, mais serait essentiel pour préserver la biodiversité.

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Températures extrêmes et foehn – Démonter le mythe des ‘dômes de chaleur’

par Jean van Vliet(1) et Brigitte van Vliet-Lanoë (2)
(1) Master en Sciences et Engineering, Directeur retraité
(2) PhD,  Directeur de Recherche CNRS émérite

INTRODUCTION

L’observation fin juin 2021 de températures approchant les 50°C, dans le bassin de Missoula en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain à l’Ouest des Rocheuses, ainsi que la vague de décès et d’incendies de forêts qui ont suivi, ont déclenché une réaction médiatique importante et justifiée. Une fois ces événements passés, les activistes du climat et les médias ont commencé à les exploiter dans le cadre de leur démarche devenue habituelle d’exagération systématique et de déformation anxiogène de l’information: en effet, la COP 26 se rapproche, et le lobby environnemental et des énergies renouvelables tient à préparer le public au sacrifice de son bien-être et de son niveau de vie sur l’autel du climat, au bénéfice de ses projets et des aubaines allouées aux acteurs réputés vertueux.  

Dans ce cadre, un nouveau terme est apparu, celui de « dôme de chaleur », présenté comme un phénomène ultra rare (millénaire) et résultant du Changement / Réchauffement climatique d’origine anthropique. Ce néologisme est erroné et injustifié : le but du présent article est de d’objectiver la discussion sur les très fortes températures observées en Colombie britannique et dans le Nord-Ouest américain et de dégager si possible une tendance générale.

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Que nous apprend l’Optimum Climatique Romain?

par Prof. Dr Alain Préat, Université Libre de Bruxelles

1/ Introduction


SCE a plusieurs fois rapporté que la période actuelle de réchauffement n’est pas exceptionnelle, qu’elle fait partie de cycles décennaux à pluriséculaires de refroidissement et réchauffement qui ont lieu dans des fourchettes de température fort modestes, de l’ordre de 0,15°C par 10 ans. SCE a aussi montré que le CO2 tant incriminé dans ces changements, et surtout l’actuel, n’avait pas de raison d’être, ce gaz venant après l’augmentation de température. Le ‘bouton CO2 ‘ à même d’expliquer ou de ‘justifier’ le battage médiatique quasi-quotidien est donc à ‘la remorque’ de la température et, l’hypothèse de l’effet de serre reste avant tout une hypothèse (exemple ici).

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Des réchauffements répétitifs sans CO2 ?

par Prof. Dr. Paul Berth (1) et Prof. Dr. Alain Préat (2)
1. Faculté des Sciences, Université Européenne
2. Faculté des Sciences, Université Libre de Bruxelles

Depuis le début des mesures thermométriques directes, les 4 principales séries de température  que nous possédons (thermomètres terrestres et satellites) nous montrent que la température globale de la basse troposphère a augmenté de ± 0,8°C en 138 ans (entre 1880 et 2018). Cela correspond à ± 0,28°C en 50 ans soit 0,006°C/an (actuellement environ 0,01°C/an pour les 30 dernières années). Les médias nous rappellent chaque jour que cette hausse est exceptionnelle et que le CO2 anthropique en est à l’origine, c’est-à-dire est le grand coupable suivant la terminologie consacrée.

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Evénements hyperthermiques du Tertiaire : précurseurs de la situation actuelle?


Alain Préat, Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles
 Albert Jacobs, retired geologist, Calgary, Canada

En cas de citation prière de mentionner  A. Préat et A. Jacobs  « Evénements hyperthermiques du Tertiaire : précurseurs de la situation actuelle? » http://www.science-climat-energie.be/wp-admin/post.php?post=4127&action=edit

0/ English Version Tertiary hyperthermal events : precursors of today?
1/ Introduction

Le but de cet article est de montrer combien la climatologie (actuelle et celle du passé) est complexe et que’ la science est loin d’être dite’. Pour ce qui est de la climatologie actuelle de très nombreux articles existent, dont une partie sur SCE. Pour la climatologie du passé les exemples géologiques ne manquent pas (également quelques articles généraux sur SCE, ici). Le propos de cet article est basé sur une analyse détaillée des événements hyperthermiques de la limite Paléocène/Eocène il y a 56 Ma et de l’Eocène inférieur (pour l’intervalle 54-52 Ma, Figure 1). Cet exemple montrera que la Terre a connu à de nombreuses reprises des températures bien plus élevées que celles d’aujourd’hui, avec des océans plus chauds, parfois plus acides et une atmosphère beaucoup plus riche en CO2 (ou en CH4) que l’actuelle. Continuer la lecture de Evénements hyperthermiques du Tertiaire : précurseurs de la situation actuelle?

L’augmentation récente du taux de CO2 atmosphérique est-elle exceptionnelle ?

 

par Alain Préat, Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles

En cas de citation prière de mentionner  Alain Préat  « L’augmentation récente du taux de    COatmosphérique est-elle exceptionnelle? http://www.science-climat-energie.be/2019/01/10/laugmentation-recente-du-taux-de-co2-atmospherique-est-elle-exceptionnelle/

1. Des évidences ?

 Une des problématiques majeures aujourd’hui concerne la cinétique de la concentration du COatmosphérique. Cette problématique aveugle le débat, tant parmi les scientifiques que les non scientifiques (politiques, médias, tout un chacun…). Le raisonnement est simple, semble même imparable, car que n’entend-on pas dire : le taux de CO2 actuel évolue comme jamais ce ne fut le cas dans l’histoire de la Terre. Cette vérité simpliste semble d’autant bien établie qu’elle n’a jamais été infirmée et qu’à l’échelle de temps de l’année, le  taux de CO2 augmente effectivement comme le montrent bien les mesures directes effectuées systématiquement depuis 1880.  Il s’agirait donc d’une évidence. L’est-elle vraiment ? Continuer la lecture de L’augmentation récente du taux de CO2 atmosphérique est-elle exceptionnelle ?