Archives de catégorie : glace

Les Vikings ont abandonné progressivement le Groënland : la combinaison de la glacio-isostasie, de la peste et de la banquise

Alain Préat, Prof. Emérite, Université Libre de Bruxelles
et
Brigitte Van Vliet-Lanoë, Directeur de recherche CNRS, 
Emérite, Brest, France

Fil conducteur : Nous avons récemment montré (SCE, 2023) à quel point l’interprétation des variations du niveau marin est délicate car elles sont ‘relatives’ et ‘absolues’. Les Vikings, installés en 985 ans de notre ère (= 985 AD) au Groënland, en auraient subi les conséquences, ayant été forcés de quitter au début du Petit Age Glaciaire cette grande île après quelques siècles d’occupation. Des récentes études de Long et al. (2012) et une modélisation par Borreggine et al. (2023) montrent de manière contre-intuitive que cet exode serait lié à une augmentation ‘relative’ du niveau marin suite à une re-extension  de l’inlandsis groenlandais. Cette augmentation relative du niveau marin liée à l’augmentation de la taille et de l’épaisseur de la calotte a engendré une importante remontée du niveau de la mer qui s’est surajoutée à de nombreux autres paramètres vitaux défavorables. Ce relèvement temporaire et mesuré du niveau marin pourrait être le catalyseur du départ des populations vikings du « Green Land ». Comme mentionné dans l’article de SCE (2023) c’est le jeu des variations relatives et absolues du niveau marin qu’il faut considérer dans la zone de colonisation, et il ne faut ne pas confondre aspect régional (ici néfaste pour les Vikings) et aspect global (ici minime).

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Retour sur les glaciers

par Jean-Claude Pont, Professeur retraité de l’Université de Genève

Avertissement SCE : Cet article est celui paru dans une des Lettres (= Lettre n°22) de Jean-Claude Pont, Professeur retraité de l’Université de  Genève. D’emblée l’auteur entre dans le vif du sujet, voire de la polémique en reprenant la réflexion de Imboden, 2009 (réf. dans la bibliographie de la Lettre) : 

 « Il existe aujourd’hui peu de sujets plus brûlants que le réchauffement climatique et ses conséquences, et il n’y a guère d’autres sujets pour lesquels il est aussi évident que l’on ne peut pas comprendre et classer les processus actuels sans connaître suffisamment les climats passés. Sans connaissance de l’histoire du climat, une évaluation fiable de ce qui se passe aujourd’hui est illusoire : il serait impossible de déterminer si les évolutions actuelles s’inscrivent dans des cycles, s’il s’agit de phénomènes singuliers ou s’ils sont comparables à quelque chose qui s’est  déjà produit. » 

L’article  de Jean-Claude Pont est le résultat d’une récherche très fouillée intégrant les données glaciologiques confirmées depuis le Pléistocène jusqu’à aujourd’hui. Une bibliographie ciblée accrédite le propos. SCE ne peut que recommander la lecture de cette Lettre n°22.

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Carottes de glace, CO2 et micro-organismes

par Prof. Dr Paul Berth

Les microbulles de gaz emprisonnées dans les carottes de glace sont fréquemment utilisées pour estimer le taux de CO2 de l’atmosphère du passé. Il s’agit de méthodes de mesure indirectes. Par exemple la carotte de glace EPICA Dome C en Antarctique nous suggère que le CO2 de l’atmosphère a varié entre 180 et 300 ppmv pendant les derniers 650 000 ans (Brook 2005). Cependant, le taux de CO2 observé dans ces carottes de glace représente-il vraiment l’atmosphère du passé? Nous allons montrer ici qu’un paramètre est souvent négligé par les glaciologues, et que ce paramètre pourrait avoir un effet considérable sur le résultat des analyses : il s’agit de la présence de micro-organismes dans la glace et les microbulles. Continuer la lecture de Carottes de glace, CO2 et micro-organismes