SCE: Michael Mann encensé à l’Université Catholique de Louvain

English version : Michael Mann praised at the Catholic University of Louvain
Also here (via CLINTEL)

L’Université Catholique de Louvain (UCL) a décidé de décerner un titre de Docteur honoris causa 2022 au climatologue et géophysicien américain Michael E. Mann (ici). Il est vrai que ce chercheur a beaucoup fait parler de lui. En effet, il s’agit du père de la « courbe en crosse de hockey« , courbe retraçant l’évolution probable de la température des 2000 dernières années. Avec cette courbe, qui gomme l’Optimum Climatique Médiéval (OCM) et le Petit Age Glaciaire (PAG) (voir ici et ici), Michael Mann s’est positionné dans le camp des catastrophistes tel qu’il est rapporté ou perçu dans les médias. Sa courbe a d’ailleurs été reprise par Al Gore et apparaît dans les publications du GIEC à partir de son troisième rapport. Nous n’allons pas discuter ici de la validité des résultats obtenus par Michael E. Mann au cours de sa carrière, ni de ses procès. Ce sujet a fait couler beaucoup d’encre et nous renvoyons les lecteurs intéressés à d’autres articles (voir ici). Nous allons simplement vous démontrer qu’il s’agit d’un geste politique de l’UCL et que Michael E. Mann ne détient pas plus la vérité que les autres équipes de paléoclimatologues, malheureusement moins célèbres. Nous avons adressé une lettre aux autorités académiques de l’UCL marquant notre désapprobation pour l’octroi de ce titre (ici).

1. La justification de l’UCL

Voici la justification du choix de Michael E. Mann donnée par l’UCL sur son site internet : « Les investigations, recherches et créations de Michael E. Mann se basent sur des faits réels pour nous aider à garder les yeux ouverts à l’heure où le vrai n’a jamais été autant fragiliséPlus loin, nous trouvons la phrase : « Réputé pour l’excellence de ses analyses et de ses modélisations, Michael Mann défend la véracité des faits scientifiques face aux manipulations des climatosceptiques.« 

Selon l’UCL donc, Michael E. Mann détiendrait la vérité vraie et nous sommes face à une sorte de chevalier qui combat sans relâche les climatosceptiques, a priori incompétents malgré la présence de très nombreux professeurs de haut vol y compris des Prix Nobel dans leurs rangs. Rappelons-nous que nous sommes quand même  dans une université catholique et donc bipolaire : Michael Mann représente donc  raisonnement juste, et les climatosceptiques ou climato-réalistes, le contraire, à savoir l’égarement scientifique. Notons également que le climatosceptisme, terme attribué manu militari par ceux qui détiennent la vérité dans le cadre du GIEC, ne rejette pas le fait qu’un (léger) réchauffement récent existe, mais il en discute surtout son amplitude, et la contribution respective de son origine naturelle ou anthropique. Bien d’autres termes  encore plus péjoratifs sont régulièrement utilisés par les tenants du réchauffement anthropique, et sont peu à l’honneur de la communauté scientifique, pour ne mentionner que celle-là.On peut aussi remarquer avec Schopenhauer, que lorsqu’on en arrive à utiliser des arguments personnels, c’est qu’on a perdu le débat d’idées.

2. Les autres paléoclimatologues

Prenons un peu de recul. Notons d’abord que Michael Mann n’est pas la seule personne au monde qui réalise des analyses paléoclimatiques, mais c’est simplement la plus célèbre. Il est devenu célèbre car le GIEC et Al Gore ont mis en avant ses résultats en 2001. Une publication récente, parue dans Earth/MPDI (peer reviewed) le 3 mars 2022 (Lüning & Lengsfeld 2022) nous rappelle que Michael E. Mann n’est pas seul : plusieurs autres équipes ont analysé les archives paléoclimatiques et ont également obtenu des courbes retraçant l’évolution de la température des 2000 dernières années. Lüning & Lengsfeld ont ainsi comparé les résultats de 7 équipes de paléoclimatologues, comprenant même deux équipes de Michael Mann (Tableau 1).

Tableau 1. Les sept équipes de paléoclimatologues comparées par Lüning & Lengsfeld (2022). Certaines équipes proposent des reconstructions de températures globales, d’autres seulement pour  l’hémisphère Nord. Les nombres de « proxies » de température utilisés sont indiqués. Source : Lüning & Lengsfeld (2022).
 

Voici les résultats obtenus par ces 7 équipes, présentés sur un seul et même graphique (Figure 1).

Figure 1. Évolution probable de la température selon 7 équipes de paléoclimatologues, y compris celles du GIEC et de Michael E. Mann. Source : Lüning & Lengsfeld (2022).
 

En analysant la Figure 1 nous voyons clairement que :

– Les années 2000 sont chaudes, mais en regardant l’axe des ordonnées on peut voir que quasiment toutes les fluctuations se réalisent dans une gamme de 1°C.

– Rappelons-nous que 99% des mesures présentées en Figure 1 sont des mesures de température indirectes, basées sur des proxies (cernes des arbres, etc.) et donc incertaines et imprécises. Seul 1% des données (tout à droite sur la Figure 1) sont des mesures directes, certaines et précises. Aucune autre courbe ne représente la vérité vraie. Il s’agit d’estimations.

– Les différentes reconstructions paléoclimatiques sont toutes différentes les unes des autres et nous avons parfois plus de 0.5°C de différence entre elles, par exemple en l’an 500 si on compare avec les courbes des équipes Mann et al. 2008 et PAGES 2k 2013 (Figure 1). Qui a donc raison?

– Entre l’an 0 et 1800, toutes les reconstructions paléoclimatiques présentent des oscillations. Ces oscillations sont clairement d’origine naturelle, puisqu’il n’y avait pas d’industries ni de voitures à ces époques. Comme les processus naturels du passé ont toujours cours aujourd’hui, le réchauffement observé à la fin du 20e siècle ne pourrait-il pas lui aussi être causé (très largement) par des causes naturelles?

– La courbe jaune de l’équipe Ljungqvist 2010 nous montre clairement les périodes de l’OCM et du PAG qui diffèrent de ± 1°C. Cette courbe est probablement plus proche de la réalité que celles de Mann et al. (1999, 2008) car elle rejoint les nombreux témoignages historiques concernant ces périodes, allant de la culture de la vigne aux canaux gelés aux Pays-Bas en passant par l’arrivée des Vikings au Groenland (voir ici) de la prospérité au cours 13è siècle et des crises de la première moitié du 14e (voir ici).

3. Pourquoi tant de différences entre études paléoclimatologiques?

Voici quelques éléments expliquant les différences entre les courbes de la Figure 1.

– Les études n’utilisent pas les mêmes proxies de température ;

– Les proxies de température ne sont pas distribués de manière homogène sur la planète ;

– Certaines études globales font appel à plus de proxies de température, c’est le cas dans l’hémisphère Nord par rapport à l’hémisphère Sud ;

– Peu de proxies sont disponibles pour l’hémisphère Sud et pour les océans. Combien de proxies pour l’Océan Pacifique qui représente le tiers de la surface de la Terre?

– Le mélange de différents types de proxy peut être une source potentielle d’erreur et entraîner une homogénéisation du signal composite. Le choix des proxies de température doit être soigneusement justifié; la validation doit être documentée en détail. Exemple : les équipes PA13 et PA19 (Tableau 1) ont utilisé des séries de cernes des arbres des Alpes maritimes françaises, même si les spécialistes des cernes avaient précédemment averti qu’elles étaient trop complexes pour être utilisées comme approximations de la température globale (voir Lüning & Lengsfeld, 2022, pour plus de détails) ;

– Certaines équipes ont utilisé des séries ‘anormales’ dans leurs analyses (des « outliers », dont le comportement diffère fortement des autres proxies voisins) ;

– L’âge attribué aux proxies est incertain car il est obtenu par méthode radio-isotopique (par exemple le carbone 14) avec sa marge d’erreur pouvant donner plus d’une centaine d’années de chevauchement temporel dans les séries. De plus, les décalages temporels aplatissent artificiellement les anomalies climatiques dans n’importe quelle reconstruction paléoclimatique composite. Cela complique la comparaison des données reconstruites et mesurées, nécessitant une extrême prudence lors du traçage des deux types de données dans un seul diagramme ;

– Les résultats obtenus dépendent des méthodes statistiques utilisées. La plupart des études se basent sur une analyse factorielle en composantes principales, dont l’interprétation doit rester prudente. Car différents facteurs définissent ces composantes principales. Par exemple, dans le cas de la dendrologie, la méthode utilisée par M. Mann pour générer sa fameuse courbe, certes la température affecte les composantes principales majeures, mais aussi, et de façon plus significative généralement, l’humidité ambiante. La tromperie [méprise ?] statistique est bien connue, souvent involontaire. La prudence est donc de mise (voir par exemple ici). C’est pour cela que les mêmes données brutes analysées par des équipes différentes peuvent produire des résultats différents.

On le voit clairement le problème de reconstitutions des températures globales (ou non) est complexe et le grand nombre de proxies utilisés en fonction des différentes conditions d’étude ne peut que favoriser les biais.  Cela n’est pas une révélation mais n’oublions pas qu’ici il s’agit pas moins de reconstituer l’évolution de la température moyenne de l’ensemble de la planète sur au moins deux mille ans, sachant que les seules mesures vraies, directes ne concernent  que ces dernières décennies (et ces mesures sont elles-mêmes sujettes à discussion quant à leur interprétation, notamment à propos du rôle des îlots de chaleur urbains (ici).

C’est également la conclusion d’une récente étude parue dans Nature (2021) qui montre que l’analyse des mêmes données dendrochronologiques par 15 équipes différentes de chercheurs (expérience en double aveugle) mène à 15 différentes courbes de température : « In conclusion, we advocate for the routine use of ensemble techniques to develop more consensual climate reconstructions and better quantify their uncertainties. Though it likely underestimates variance, we consider the reconstruction mean the most robust NH temperature estimate and suggest using the upper and lower ranges of the 15 individual reconstructions as uncertainty ranges caused by the methodological choices of the investigators. Whenever possible, collaborative endeavours should focus on the development of multi-millennia-long tree-ring chronologies (especially from MXD) in those regions of both hemispheres that are presently under-sampled. Last but not least, we call for the improvement of wood anatomical and isotopic records, and the combined assessment of different tree-ring parameters in advanced multivariate fusion approaches”.

4. Conclusions

Non, Michael E. Mann ne détient pas la vérité absolue concernant l’évolution de la température du passé, et les autres équipes de paléoclimatologues non plus. La vérité du passé sera toujours incertaine, car nous sommes face à des mesures de température indirectes et par définition imprécises.

Encenser Michael Mann est donc un geste politique des autorités de l’UCL qui, par ce signal, se positionnent clairement, mais sans surprise, dans le camp des « réchauffistes ». En effet en avril 2012 feu Istvan Marko, professeur dans cette même université, avait déjà fait l’objet d’attaques ignobles par d’autres enseignants de l’UCL, une pétition (avril 2012) demandant de lui interdire le droit de parole (ici et ici).

Dans cette pétition on lit cette phrase « En 2007, l’Université catholique de Louvain a choisi d’honorer le Professeur Steve Schneider en lui décernant le titre de docteur Honoris Causa. Jusqu’à sa mort le regretté professeur Schneider s’est battu pour que les enjeux scientifiques autour de notre climat soient communiqués honnêtement et avec rigueur auprès du public.« 

Or voici ce que Stephen Schneider déclarait publiquement en 1989 :  

On the one hand, as scientists we are ethically bound to the scientific method, in effect promising to tell the truth, the whole truth, and nothing but — which means that we must include all the doubts, the caveats, the ifs, ands, and buts. On the other hand, we are not just scientists but human beings as well. And like most people we’d like to see the world a better place, which in this context translates into our working to reduce the risk of potentially disastrous climatic change. To do that we need to get some broadbased support, to capture the public’s imagination. That, of course, entails getting loads of media coverage. So, we have to offer up scary scenarios, make simplified, dramatic statements, and make little mention of any doubts we might have.This ‘double ethical bind’ we frequently find ourselves cannot be solved by any formula. Each of us has to decide what the right balance is between being effective and being honest. I hope that means being both. (Quoted in Discover, pp. 45–48, Oct. 1989. For the original, together with Schneider’s commentary on its misrepresentation, see also American Physical Society, APS News August/September 1996.

Pour terminer, précisons que SCE ne nie pas le réchauffement climatique. Il s’agit d’un phénomène mesurable et la température globale semble avoir bel et bien augmenté de presque 1°C en plus de 150 ans. Ce que nous considérons comme très improbable est l’importance accordée à l’origine anthropique de ce réchauffement (voir par exemple les articles SCE ici et ici). Le consensus à 97% traduisant que le réchauffement climatique observé depuis le début de l’ère industrielle serait dû aux activités humaines mérite également une analyse critique approfondie (ici). C’est le moins que l’on puisse demander à un scientifique dont la particularité reste avant tout l’exercice de son esprit critique.

5. Addendum  

5a. Historique

L’article de Lüning & Lengsfeld (2022) que nous vous avons présenté est un bon exemple du recul nécessaire en sciences avant de conclure trop rapidement sur des sujets fort complexes, multifactoriels touchant à des disciplines diverses. En cela il met en avant la prudence nécessaire qui doit dicter la condition de tout scientifique.

Il nous faut hélas constater, sans vouloir polémiquer, que cette prudence ne fut pas de mise avec la courbe de Mann et al. (1998) tant elle a fait et fait encore couler beaucoup d’encre à la fois dans le monde scientifique et médiatique.

Notons en effet que deux semaines avant que le Dr Michael E. Mann et ses collègues ne publient leur graphique en « crosse de hockey » du 23 avril 1998 dans Nature, une prestigieuse revue à comité de lecture a publié un article affirmant qu' »une majorité écrasante de climatologues » (50 sur 60) considèrent le réchauffement planétaire catastrophique causé par l’homme – et même le réchauffement planétaire lui-même – comme une « hypothèse non étayée« . On constate donc que le sujet était déjà très discuté, voir disputé, dès que le réchauffement  d’origine anthropique (ou non)  fut porté au-devant de la sphère des spécialistes du climat.

Suite aux polémiques qu’elle a engendrées dans la littérature scientifique, la courbe de Mann et al. (1998)  fut retirée des rapports du GIEC en 2007, pour finalement ‘ressusciter’ sous une forme différente en 2021 (ici) dans le dernier rapport SPM-AR6  tout en entretenant encore la confusion sur sa pertinence (ici). Cette histoire semble ne jamais en finir, une littérature immense existe à ce sujet, et il s’agit finalement bien d’une véritable saga dont les principaux épisodes ont été rapportés par SCE, ici. Nous les reprenons brièvement  ci-dessous sans republier les figures consultables dans l’article mentionné ci-devant. De même pour les références consultables dans l’article utilisé.

5b. Qu’a donc de si particulier cette courbe de la température de notre millénaire ?

D’abord elle s’est rapidement avérée fausse tant du point de vue de la mauvaise utilisation des proxies (coraux, dendrochronologie, datations, échantillonnages douteux des données) que de la statistique des données (voir ci-après), mais surtout l’OCM et le PAG ont complètement disparu, comme par magie, de plus si pente il y a, on voit qu’elle est négative depuis l’an mil, et s’inverse drastiquement aujourd’hui. C’est cette remontée spectaculaire qu’Al Gore mit en scène en 2005 dans un auditoire, debout sur un élévateur qui tentait d’approcher de manière théâtrale le sommet de la courbe, et donc des valeurs élevées de la température et du CO2On aura facilement compris qu’en effaçant l’OCM, les températures actuelles n’en paraîtront que plus élevées. De plus en ne reprenant pas trop clairement le PAG dans les graphiques, le réchauffement actuel n’en paraît que plus anormal, …. alors que quoi de plus normal que la fonte actuelle des glaciers (significativement depuis 1860) si une longue période chaude  (l’actuelle) succède à une longue période froide (le PAG) répétant à l’envi une succession de ‘cycles’ pluriséculaires entrecoupés de cycles pluridécadaux  comme c’est le cas depuis au moins 3000 ans, si pas plus (Le Roy Ladurie, 1967).

La courbe est fausse, orientée ?, comme l’ont montré McIntyre et McKitrick en 2003 et 2005, notamment en réfutant la pertinence du choix des espèces arborées utilisées pour les données dendrochronologiques (thuya d’Occident et pin de Bristelcone, -nb Le Roy Ladurie, 1967 avait déjà mis en garde sur ce point !), ils ont aussi montré que les données formaient des séries tronquées ou au contraire prolongées de manière arbitraire, qu’il y avait de nombreuses erreurs de stockage des données avec décalages temporels inexpliqués etc., et aussi  une mauvaise utilisation de l’outil statistique (Rittaud, 2010).  Il s’agit donc d’une courbe hybride et les mesures thermométriques ont fréquemment été réalisées en milieu urbain très sensible au phénomène de chaleur urbaine (Sarkar et al., 2011, Pont 2019 et ici). La courbe corrigée de McIntyre et McKitrick (2003) se passe de commentaires (Figure 3, ici).

Finalement la National Academy of  Sciences (NAS) confia un audit à une équipe de statisticiens indépendants,  Wegman et al. (2006) qui confirmèrent le non fondé de la courbe en crosse de hockey MBH99, fer de lance du GIEC.

Ensuite Loehle (2007) établit la courbe de température pour cette période SANS les données dendrochronologiques (Figures 4 et 5, ici).

Il est impossible de détailler cette saga, tant il y eut des conflits entre les acteurs concernés, allant jusqu’à la rétention des données par les auteurs de la courbe en crosse de hockey face aux demandes répétées de McIntyre qui souhaitait, en bon scientifique rigoureux, vérifier par lui-même la qualité de l’échantillonnage des données et leur traitement statistique. On trouvera le détail de ces épisodes dans de nombreux ouvrages, dont celui de Arezki (2010) qui conclut ainsi  ‘Car tout se passe comme si ces paléoclimatologues influents et reconnus cherchaient à tout prix à minorer voire à faire disparaître l’Optimum médiéval, en le cantonnant à l’Europe et en niant son caractère global, et à faire de l’évolution récente du climat, en l’occurrence des températures, un événement encore jamais vu depuis, avance-t-on parfois, dix millénaires’. En 2003, E. Cook (Université Columbia New York) dit à peu près la même chose in Arezki (2010) ‘ Bien sûr les auteurs MBH ont une profonde aversion pour le concept d’Optimum médiéval et j’ai tendance à voir leurs évaluations comme émanant d’une perspective quelque peu biaisée’. Notons que cette saga initiée il y a 20 ans se poursuit encore à l’heure actuelle, parfois devant les tribunaux…. (ici et ici).

Finalement l’OCM semble bien une réalité et le GIEC ne devrait pas se référer à une stabilité du climat comme suggérée dans la figure de son dernier rapport (AR6 de 2021), avec in fine un réchauffement actuel sans précédent (voir ici).

Suite à cette controverse, le GIEC a fini par retirer sa figure de ses rapports en 2007, mais le mal était fait et l’OCM ne fut plus trop mentionné. La courbe en crosse de hockey fut remplacée par les courbes en ‘plat de spaghettis’ (Figure 6, ici), faisant l’impasse sur l’OCM et le PAG, en les occultant presque totalement. Tout ceci est peu crédible (voir également ici et ici ) comme le remarque D’Aleo (2011) ‘Thus, the “hockey stick” concept of global climate change is now widely considered totally invalid and an embarrassment to the IPCC’.

5c. L’OCM régional ou global ?

Un dernier (?) ‘combat’ (ou ultime? tentative) fut entamé par le GIEC afin de nier que l’OCM (et aussi le PAG)  puisse être mondial, pour cet organisme l’événement OCM est régional (donc cela revient à minimiser l’événement) ce qui appuiera alors la thèse du réchauffement anthropique mondial à l’œuvre aujourd’hui, puisque le CO2 anthropique est émis globalement.  Notons que le GIEC avait pressenti et craint cette faille (c’est-à-dire un OCM avec des températures élevées (uniquement dans l’hémisphère nord, sensu GIEC) ) comme l’ont montré les différents courriels révélés lors du fameux épisode du Climategate avec la célèbre phrase aveu :  ‘We have to get rid of the Medieval Warm Period ‘ (ici  et ici). Ce point précis a d’ailleurs fait l’objet en 2012 d’un livre de A.W. Montford au titre révélateur ‘Hiding The Decline‘ et de nombreuses discussions (par exemple ici).  Les études du Dr. Sebastian Lüning  (ici) (et d’autres, cfr. Figure 7, ici) ont ensuite montré que l’OCM revêt bien un caractère mondial ou global et non régional (l’hémisphère nord) et l’ensemble des données accumulées sont compilées et encodées sous forme de cartes Google interactives accessibles ici (Figure 7, ici).

Plus de 1200 publications ont ainsi vu le jour sur le sujet et confirment le caractère global de l’OCM (ici) documenté en Amérique du Sud,  Nouvelle-Zélande (ici) , Congo, Gabon, Kenya, Namibie, Afrique du Sud ….(ici) pour l’hémisphère sud y compris l’Antarctique dont les températures ont été analysées à partir de 60 sites (ici). Le caractère global de l’OCM s’avère  bien ‘a mortal blow’  comme l’avaient pressenti les membres du GIEC (ici) et il n’est pas anodin de rapporter une conclusion de l’article de P. Gosselin (2019)  ‘Taken as a whole, for the alarmists the 1200+ papers are an extremely inconvenient body of facts and knowledge, so don’t be surprised if efforts are made to make them disappear from the Google platform in the future’. Notons également que Le Roy Ladurie (1967) avait également considéré l’OCM comme global, même s’il n’en a pas fourni une démonstration sensu stricto.

5d. En a t-on fini avec la saga de l’OCM ? … hélas non !

Avant de terminer, il reste un point important à relever. Un groupe de chercheurs suisses, proche du GIEC conclut en 2019 (ici) : ‘il a été montré que les périodes de chaud et de froid dans les 2000 dernières années n’étaient pas des phénomènes synchrones sur l’ensemble de la planète’ (ici). Ceci ne peut dans l’esprit des auteurs que renforcer le caractère exceptionnel du réchauffement actuel. Cette assertion est rapportée par  Pont (2019). Le problème de la non-contemporanéité des phénomènes de réchauffement du passé (et même d’aujourd’hui !) avait déjà été envisagé par Le Roy Ladurie (1967). Mais s’agit-il d’un problème ?  Bien sûr que non, le climat étant avant tout local/régional il est tout à fait logique de s’attendre à des ‘discontinuités temporelles‘ exprimant la non-synchronicité des phénomènes à l’échelle de la planète. Que faut-il alors considérer pour ne pas faire fausse route ? Et bien, justement les échelles temporelles, et Le Roy Ladurie (1967) – encore lui ! – avait montré que les cycles chauds/froids pluridécadaux (et non synchrones) s’inscrivent dans de grands cycles chauds/froids pluriséculaires synchrones ou presque synchrones à l’échelle globale. Rappelons que l’étude de Le Roy Ladurie concerne principalement nos régions, au minimum l’hémisphère nord, et qu’aucun travail aussi détaillé n’existe pour l’hémisphère sud, sans parler de l’évolution climatique au niveau des océans qui représentent l’essentiel (71 %) de la surface de la planète. Finalement aucunes corrélations temporelles aux échelles régionales et globales n’ont pu être établies à partir des cycles en vue d’établir l’évolution de la température. Il y a encore pas mal à faire en climatologie (‘climatology is not settled ?’) et heureusement quelques travaux vont dans ce sens, à savoir l’identification de cycles ‘globaux’ de haute fréquence (Scafetta, 2019).

Remarquons enfin que pour décrire le caractère global du changement climatique, le GIEC utilise le concept d’anomalie globale de température, alors que clairement les données ponctuelles ne sont pas synchrones, ne fut-ce que parce que l’été et l’hiver ne se produisent pas au même moment dans l’hémisphère Nord et Sud. Et calculer une moyenne de signaux cycliques non synchrones, « lisse » forcément le résultat « composite » obtenu  (cfr ici : « comment construire votre courbe en crosse de hockey »).

Retenons quand même le concept de périodes chaudes et froides de durées pluriséculaires synchrones ou presque synchrones probablement à l’échelle globale, ces périodes, par leur succession, expriment la variabilité naturelle du climat. Notons aussi que les problèmes de synchronismes et diachronismes sont courant à l’échelle géologique et constituent encore aujourd’hui  un des problèmes majeurs pour l’interprétation de nombreux phénomènes, et particulièrement pour la compréhension des événements hyperthermiques. La variabilité naturelle du climat est donc clairement exprimée a minima pour l’hémisphère nord. Pourquoi la nier envers et contre tout ?

Notons que les écarts de température entre ces périodes pluriséculaires sont faibles (1°-1,5°C), nous en sommes à 0,7°-0,9° C en 120 ans (Scafetta, 2019), c’est-à-dire 0,07°C/décade (Bjorklund, 2019).

La climatologie est une science très complexe qui ne peut se réduire à ‘Science is settled’ (Al Gore, 2006) : “In his 2006 documentary, An Inconvenient Truth, Al Gore promotes the view that anthropogenic (man-made) global warming (AGW) is a fact and has caused nearly every malady in recent history from hurricane Katrina to the spread of malaria. What’s more, things are going to get worse, it’s not a question of if but when and how much (ici)”. Hélas ce propos très médiatisé d’un non scientifique (et les propos de bien d’autres) son pris pour argent comptant… Il est plus que temps de relire Descartes.

5 réflexions sur « SCE: Michael Mann encensé à l’Université Catholique de Louvain »

  1. Dans un premier article publié par Mann (1998) il y a ceci de mentionné: ‘’We do, however, assume that the fundamental spatial patterns of variation which the climate has shown during the past century are similar to those by which it has varied during past recent centuries’’. Je ne sais pas exactement la portée de ceci, mais j’ai placé les échantillons dendroclimatiques sur une carte et leur localisation s’avère être de manière significative située en marge d’un front de réchauffement. Et oui le réchauffement se resserre progressivement sur des grands secteurs à l’échelle continentale qui ne semblent pas avoir subit de réchauffement depuis longtemps, du moins une quarantaine d’années. Ceci implique qu’avant le front, les arbres aient pu enregistrer un climat stable et qu’après on observe un réchauffement. Et dépendamment la position des arbres échantillonnés par rapport au front actuel, on peut générer une inflexion de la courbe vers un réchauffement à un moment précis dans le temps.

    1. M. Mann ne travaille pas directement avec des mesures de proxies de température, mais, après analyse factorielle en composantes principale (malheureusement et volontairement biaisée pour les besoins de la cause) , avec le vecteur propre correspondant à la plus grande valeur propre. Ce vecteur propre dépend (un peu) de la température, mais aussi (beaucoup) d’autres facteurs, comme l’humidité et l’exposition au vent. Par ailleurs, le biais introduit par Mann produit une courbe en crosse de hockey, même pour des données purement aléatoires. (cfr hyperliens donnés dans l’article relatif à la discussion méthodologique des résultats de Mann, repris ci-dessous:

      https://journals.sagepub.com/doi/10.1260/095830503322793632

      https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2004GL021750

  2. Le ciel s’éclaircit
    Les sciences sont de retour
    Merci aux scientifiques compétents et honnêtes
    Claude Graindorge, ingénieur civil électricien & mécanicien ULg 1968

    PS : je ne serais pas étonné que l’ULv se soit  » tiré une balle dans le pied  » avec ce titre accordé à Mr. Mann …

  3. Meteorologist Dr. Ryan Maue: « Incessant messages of apocalypse and doom from climate scientists has led to a generation of children and adults believing suicide is preferable to living on a slightly warmer Earth. On his Facebook, the climate activist who set himself on fire outside the Supreme Court edited a link to an online course that shaped his views of climate apocalypse. The course is taught by a prominent climate scientist. »

    https://www.climatedepot.com/2022/04/25/climate-activist-who-set-himself-on-fire-at-supreme-court-edited-a-link-to-an-online-course-taught-by-climategate-prof-michael-mann/

  4. Lorsqu’on lit la campagne de presse entourant la « performance » de cet habile fumiste, il y a de quoi s’inquiéter sur la probité médiatique et celle dite scientifique ! Certains de ses pairs dans l’UCL de jadis n’hésitent plus à y « vendre leur âme »…
    Mais au fond, de l’ignorance de QUI parle-t-on là ???
    …………….
    Interview : Michael E. Mann

    « Ce qui est le plus effrayant à notre époque, c’est cette célébration de l’ignorance. »

    Climatologue et géophysicien américain, Michael E. Mann est directeur du Earth System Science Center de l’Université d’État de Pennsylvanie. Il a grandement contribué à la compréhension scientifique du changement climatique en mettant notamment en lumière l’augmentation de la température au cours des derniers siècles.
    Très présent dans le débat public, il n’hésite pas à se confronter aux climatosceptiques et à ceux qu’il nomme les « inactivistes » !

    (article complet pour les abonnés à la gazette)
    https://www.lecho.be/economie-politique/international/general/michael-e-mann-climatologue-ce-qui-est-le-plus-effrayant-a-notre-epoque-c-est-cette-celebration-de-l-ignorance/10388169.html

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