Température, émissions anthropiques, modèles ad hoc

Audaces fortuna juvat  [1]

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J.C. Maurin, Professeur agrégé de physique

Selon le GIEC, il existerait une relation approchée (figure SPM.10 AR6) permettant de chiffrer l’augmentation de ‘température’ en fonction du cumul des seules émissions de CO2 dues à l’homme (émissions anthropiques). 
C’est cette relation qui sert de justification ‘scientifique’ aux politiques contraignantes promues par l’ONU/GIEC et appliquées dans l’Union Européenne. Le GIEC fonde sa relation dans les chapitres 5, 6 et 7 de l’AR6 WG1, mais le texte ne brille guère par sa clarté et sa lecture est longue (≈ 380 pages) et ardue.
– L’article présente deux extraits du résumé à l’intention des décideurs (SPM AR6) concernant cette relation politico-scientifique. 
– Le paragraphe 2 décrit les nombreuses conditions indispensables pour l’existence de la relation illustrée par la figure SPM.10.
– Le paragraphe 3 expose les multiples raisons de penser que la relation illustrée par la figure SPM.10 décrit un monde imaginaire et non pas le monde réel : les politiques ‘bas carbone’ suivies en Europe perdent alors leur justification ‘scientifique’.

Deux fables de La Fontaine illustrées par Granville [1]  

  • Le chapitre 5 de l’AR6 propose une figure (figure 5.31) intitulée : « Illustration de la relation entre les émissions cumulées de dioxyde de carbone (CO2) et l’augmentation de la température moyenne globale de l’air en surface (GSAT) ».
    Une telle représentation ne figurait pas dans les 12 chapitres du rapport précédent (une illustration proche existait bien dans SPM et SYR).
    Les rédacteurs de l’AR5 figuraient plutôt la hausse de ‘température’ en fonction de la date et des scénarios retenus (ici ou ). 
  • Dans l’AR6, l’illustration température versus cumul anthropique apparaît à plusieurs reprises et sous diverses formes : dans le chapitre 5 (figure 5.31), dans le résumé technique (fig.TS18), dans le rapport de synthèse (fig. SYR 3.5), et surtout dans le résumé à l’intention des décideurs (fig. SPM10) [2]. L’insistance du GIEC dans l’AR6 pour cette représentation température vs cumul anthropique montre son importance politique, comme l’était dans l’AR3 la reconstitution de ‘température’ de Michael Mann (courbe en crosse de hockey).

1.  L’assertion du GIEC, justificatif ‘scientifique’ des politiques [2]

1.1  Le paragraphe D.1.1 du SPM WG1 AR6  

Citation : « Ce rapport réaffirme avec un degré de confiance élevé la conclusion de l’AR5 selon laquelle il existe une relation quasi-linéaire entre les émissions anthropiques cumulées de CO2 et le réchauffement planétaire qu’elles provoquent. Il est évalué que chaque tranche de 1000 Gt-CO2 d’émissions cumulées de CO2 provoque une élévation probable de 0,27 °C à 0,63 °C de la température à la surface du globe, la meilleure estimation étant de 0,45 °C. Cette fourchette est plus étroite que dans l’AR5 et le SR1.5.Cette grandeur est désignée par le terme réponse transitoire du climat aux émissions cumulées de CO2 (TCRE). Cette relation implique qu’il est nécessaire d’atteindre des émissions anthropiques nettes de CO2 égales à zéro pour stabiliser l’élévation de la température planétaire d’origine humaine à quelque niveau que ce soit, mais que limiter la hausse de la température planétaire à un niveau donné impliquerait de respecter un budget carbone correspondant à une limitation des émissions cumulées de CO2 » (ici en page 31)

1.2 La figure SPM 10[3]   (ici en page 32)

Figure 1 d’après figure RID 10 ou SPM.10  « Relation quasi-linéaire entre les émissions cumulées de CO2 et l’augmentation de la température à la surface du globe ».  [2]  [3]

Citation : « Les données historiques (fine courbe noire) indiquent l’élévation observée de la température à la surface du globe (exprimée en degrés Celsius, °C) depuis 1850–1900 en fonction des émissions historiques cumulées de dioxyde de carbone (CO2) exprimées en Gt-CO2 entre 1850 et 2019. La plage grise autour de sa courbe centrale donne une estimation correspondante du réchauffement de surface historique dû aux activités humaines (voir figure RID 2). Les zones colorées indiquent la fourchette très probable des projections de température à la surface du globe et les lignes centrales colorées plus épaisses donnent l’estimation médiane en fonction des émissions cumulées de CO2 entre 2020 et 2050 pour l’ensemble des scénarios illustratifs […] Les projections se fondent sur les émissions cumulées de CO2 de chaque scénario respectif, et la projection du réchauffement planétaire prend en compte l’influence de tous les forçages anthropiques […] ».  

1.3 L’assertion politico-scientifique de l’ONU/GIEC

  • On résume au lecteur l’assertion de l’ONU/GIEC justifiant les politiques ‘bas carbone’ imposées dans l’Union Européenne : La hausse de ‘température’ GSAT (température au sol ≈ altitude 0) est principalement la conséquence des émissions anthropiques de CO2 , avec une quasi-proportionnalité donnée par TCRE : 1000 Gt-CO2 d’émissions anthropiques cumulées provoquent une hausse de 0,45 °C ± 0,18 °C de ‘température’ à la surface du globe (GSAT).
  • Attention aux unités !  (1000 Gt → 1015 kg)  TCRE = 0,45°C pour 1000 Gt-COcorrespond aussi à 1,65°C pour 1000 Gt-C. La réponse +0,45°C pour 1000 Gt-CO2 est transitoire mais dure plusieurs siècles, elle concerne donc le siècle actuel (Ch.6 p.472 box 6.1).
  • L’assertion du GIEC justifierait donc les politiques ‘bas carbone’ imposées en Europe et permettrait le chiffrage ‘scientifique’ de celles-ci.  On propose au lecteur un exemple de chiffrage : l’Union Européenne (moyenne ≈ 3,7 Gt-CO2 /an) a émis depuis l’an 2000 un cumul de l’ordre de 90 Gt-CO2   si et seulement si l’assertion du GIEC est correcte, alors l’U.E. est responsable, lors du premier quart de ce siècle, d’une hausse de ‘température’ GSAT de l’ordre de 90 x (0,45/1000) = +0,04 °C (4 centièmes de degré → difficilement mesurable, autre exemple ici).
  • Mais le GIEC utilise airborne fraction remaining in the atmosphère 44 % alors qu’en réalité airborne fraction remaining in the atmosphère  ≈ 2,5 % (ici fig.2b). Le calcul précédent doit être corrigé : 0,04°C x (2,5% /44 %) = +0,002°C soit 2 millièmes de degré et non pas +0,04 °C. A ce rythme, l’UE en 2100 sera responsable d’une hausse inférieure à un centième de degré en 1 siècle (si cette notion TCRE est fondée et correspond bien à 0,45°C pour 1000 Gt-CO2).

2.  Comment le GIEC relie-t-il ‘température’ et CO2 anthropique?

  • L’assertion politico-scientifique de l’ONU/GIEC est-elle fondée sur la science et les observations fiables modernes ?
    Le lecteur occasionnel de SCE risque d’être impressionné par un prétendu ‘consensus’ allégué par certaines autorités, mais le lecteur régulier de SCE, qui souhaite un libre examen, préférera d’abord comprendre d’où provient cette assertion du GIEC.
  • Le  GIEC privilégie la modélisation informatique (voir ici § 1.1) via des notions telles que ‘Airborne Fraction’ et ‘Radiative Forcing’.
    Le lecteur peut trouver ici les définitions de l’AR6 pour  ‘Airborne Fraction’, ‘Radiative forcing’, ‘Greenhouse effect’ et Climate sensitivity.
  • « Airborne fraction :  The fraction of total carbon dioxide (CO2) emissions (from fossil fuels and land-use change) remaining in the atmosphere ».
    Ci-dessous deux extraits de la définition ‘Climate sensitivity’= sensibilité du climat [1].
    « Réponse transitoire du climat aux émissions cumulées de CO2 (TCRE) :Variation transitoire de la température de surface par unité d’émissions cumulées de dioxyde de carbone (CO2) (en général 1 000 GtC). La TCRE donne des informations à la fois sur la fraction des émissions cumulées de COqui reste dans l’atmosphère (airborne fraction = fraction de la quantité totale de CO2 émise qui demeure dans l’atmosphère, déterminée par les processus en jeu dans le cycle du carbone) et sur la réponse transitoire du climat (TCR) ».
    « Réponse transitoire du climat (TCR) : Réaction de la température de surface dans le cas du scénario hypothétique selon lequel le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère augmente de 1 % par an depuis la période préindustrielle jusqu’au moment où la concentration de CO2 atmosphérique double (année 70) ».
  • Pour construire leur relation quasi-linéaire, les modélisateurs du GIEC doivent obligatoirement remplir deux séries de conditions :

1) Parmi toutes les contributions qui influencent la ‘température’, il est indispensable que la contribution CO2 soit dominante et proche du total de toutes les contributions (§ 2.1 à suivre).
2) Cette contribution CO2  doit impérativement être reliée à la ‘température’ GSAT et au cumul des émissions anthropiques (§ 2.2 à suivre).

2.1 Première série de conditions à remplir

A propos des facteurs qui influencent (selon le GIEC) la ‘température’, le chapitre 7 et le résumé technique (§ RT3 pages 101 à 119) [2] détaillent divers forçages et rétroactions. Les modèles informatiques du GIEC proposent 9 contributions qui expliqueraient le changement de ‘température’ depuis 1750 (voir figures 7.7 et 7.8 de l’AR6 ci-dessous).

Figure 2 : ‌‌Deux représentations des 9 contributions qui expliqueraient selon le GIEC le changement de ‘température’ depuis 1750. ‘Total ‘correspond à la somme des 9 contributions : à gauche fig.7.7, à droite fig.7.8 (ch.7 AR6 WG1) [2].

On peut s’étonner (pointillés rouges à gauche) que la barre d’erreur ‘Total’ soit comparable (et non largement supérieure) à celles de ‘carbon dioxide’ ou ‘Aerosol’. Les contributions naturelles (‘Solar’ et ‘Volcanic’) seraient quasi- négligeables, et ‘Total’ serait proche de la seule contribution ‘Carbon dioxide’. Les 8 autres contributions se compenseraient donc largement → les modélisateurs peuvent ainsi arguer d’une relation quasi-linéaire entre le changement de ‘température’ et le seul forçage ‘carbon dioxide’.
   
 Première série de conditions à remplir :
– il est nécessaire que les 9 contributions influençant la ‘température’ soient toutes estimées correctement.
– il ne doit pas exister de contribution (s) inconnue (s) pour que ‘Total’ soit correct.
– la contribution ‘carbon dioxyde’ doit être proche de ‘Total’ pour obtenir le graphique SPM 10.

2.2 Seconde série de conditions à remplir

Si ces premières conditions sont toutes remplies, les modélisateurs/climatologues doivent aussi parvenir à :
a) justifier physiquement la notion ‘radiative forcing ‘(contribution ‘carbon dioxide’ ≈ ‘effet de serre’)
b) relier physiquement ‘radiative forcing’ avec  ‘température’ GSAT
c) relier physiquement ‘radiative forcing’ avec le cumul des émissions anthropiques

On détaille ci-dessous ces 3 étapes a,b,c (voir aussi fig. 4) :

a)  En arguant d’un ‘effet de serre’ et d’un ‘transfert radiatif’, les modélisateurs introduisent la notion ‘radiative forcing’ = F, puis relient la variation de ‘radiative forcing’ avec la variation de concentration du CO2 atmosphérique.
La formule de Myhre [4] est un exemple de relation utilisable: ∆F = 5,35 ln [C/Co]  voir ici l’article original
avec C = concentration du CO2 atmosphérique et Co = une concentration initiale de référence. 
F = ‘radiative forcing’ (W/m²), sa variation notée ΔF serait causée par la variation du CO2 atmosphérique depuis Co (initial) vers C (final). 
A noter que l’on trouve 88 occurrences pour ‘Myhre’ dans l’ AR6 WG1, dont 39 occurrences dans le chapitre 7.
b)  Les modélisateurs/climatologues remontent ensuite depuis (la variation de) ‘radiative forcing’ = F vers la (variation de) ‘température’ = T grâce à une utilisation très audacieuse de la loi de Stefan Boltzmann (F = σ T4 ).
c)  Les modélisateurs/climatologues remplacent l’augmentation de la concentration du CO2 atmosphérique (utilisée dans la formule de Myhre) par le cumul des émissions anthropiques. Cette substitution serait justifiée grâce à l’introduction de la notion ‘Airborne Fraction’ (voir définition de TCRE au début du § 2).

Le lecteur notera que pour passer d’une relation logarithmique (Myhre) vers une relation quasi linéaire (SPM10), les changements de variables b) et c) sont indispensables.

3.  Quelques raisons d’être sceptique

3.1 Remarques préliminaires

On présente ci-dessous la figure 5.31 (AR6 WG1 chapitre 5), reprise dans le résumé technique (fig.TS18).
Une forme proche de cette figure se trouve aussi dans le rapport de synthèse (fig SYR 3.5), et surtout dans le résumé à l’intention des décideurs (fig. SPM10 ou figure 1 du présent article). [3]

Figure 3 :D’après figure 5.31 AR6 WG1. A gauche : TCRE et scénarios futurs (SSP), à droite :‘remainig carbon budget’ (émissions anthropiques à ne pas dépasser selon le GIEC : voir FAQ 5.4). Sur les 2 graphes, l’axe des abscisses est x = cumul des émissions anthropiques, l’axe des ordonnées est y = croissance de la ‘température’.

  • La représentation choisie par les rédacteurs du GIEC correspond à y = f(x), c’est-à-dire que y est causée par x :
    CO2→ ‘température’ et non pas ‘température’ → CO2.
  • y= f(x) présuppose implicitement que la ‘température’ dépend principalement d’une seule variable (les variations de facteurs naturels, tels activité solaire ou couverture nuageuse seraient négligeables), on retrouve ici la première série de conditions du § 2.1. 
  • Axe x : ‘cumulative émissions’ présente nécessairement une incertitude car le GIEC ajoute désormais à ‘fossils fuel émissions and cement manufacture combined ’, un terme supplémentaire ‘LUC’ (voir ici §2 ).
  • Axe y : ‘température increase’ présente aussi une incertitude importante avant 1978 (pas d’observations globales et homogènes par satellites), par ailleurs ‘température’ ne peut pas être la température thermodynamique, seule grandeur ayant un sens physique pour l’utilisation de la loi de Stefan Boltzmann.
  • Le lecteur curieux trouvera des remarques complémentaires dans le document Addendum.pdf [4].

3.2 Critiques de la physique sous-jacente

3.21 Critiques de l’étape a

  • Les modélisateurs/climatologues introduisent la notion radiative forcing’ (lié à ‘greenhouse effect’). La pertinence de cette notion est très largement remise en question : voir Gerlich Tscheuschner 2009SCE_2019,  Poyet 2022 (pages 107-123) et Miskolczi 2023 [5] .
  • Même si on admet cette notion ‘radiative forcing’ ainsi que la possibilité d’une relation similaire à la formule de Myhre, le sens d’interprétation est discutable : il est vraisemblable que la causalité soit la suivante :  ‘température’ → CO2 :
    voir Richet 2021SCE_2022Poyet 2022 (pages 51-57 et 107-109) et Koutsoyiannis et al 2023.
  • L’existence d’une corrélation directe entre CO2 et ‘température’ est contredite par les observations modernes 1980-2020.
    Ces observations globales, directes et fiables rapportent plutôt une corrélation entre ‘température’ et d [ CO2] /dt (avec dt = 12 mois). Cette corrélation observée sur 4 décennies peut s’interpréter ainsi : la ‘température’ n’est guère influencée par la concentration du CO 2 atmosphérique, en revanche la ‘température’ influence fortement les flux naturels de CO2 (voir SCE_2023).

Figure 4 Seconde série de conditions → les 3 étapes a b c sont indispensables pour parvenir à construire la relation approchée (fig. SPM10) entre cumul des seules émissions anthropiques et croissance de la ‘température’ GSAT.

3.22 Critiques de l’étape b

  • La loi de Stefan Boltzmann est applicable à la surface de l’absorbeur parfait (corps noirà l’équilibre thermodynamique.(voir ici  41–2 Thermal equilibrium of radiation et 41–3  Equipartition and the quantum oscillator)

    Pour la ‘température’ GSAT ≈ ‘température’ à l’altitude 0, la loi de Stefan Boltzmann n’est pas applicable car 
    i) il n’existe pas une surface émissive unique où se situerait l’équilibre thermodynamique et l’altitude 0 n’est pas à l’équilibre.
    ii) il faut que le rayonnement thermique soit l’unique mode de transfert énergétique, mais le principal transfert énergétique depuis l’altitude 0 vers la haute troposphère est la convection + changements d’état H2O et non pas le transfert radiatif : voir SCE_2021 §1.2.
    iii) ni la Terre (océan), ni la basse atmosphère ne sont des absorbeurs parfaits et une correction (corps gris) utilisant une hypothétique émissivité moyenne (dans le temps et l’espace) est hors de portée.
    iv) la loi de Stefan Boltzmann utilise la température thermodynamique, mais la ‘température’ moyenne de surface = GSAT utilisée par le GIEC, est un objet mathématique distinct de la température thermodynamique des physiciens (voir Poyet 2022 pages 107-128).
    v) la loi de Stefan Boltzmann concerne l’émittance hémisphérique totalepeut-on y assimiler la notion ‘radiative forcing ?
  • Cette étape b (liaison depuis ΔF vers la croissance de ‘température’ GSAT) n’est praticable que par des modélisateurs audacieux et déterminés, mais connaissant mal la physique sous-jacente (voir SCE_2018). 

3.23 Critiques de l’étape c

  • Les modélisateurs/climatologues introduisent la notion ad hoc ‘Airborne Fraction’ mais il existe une discordance entre sa définition et sa valeur numérique : voir SCE_2024_1.
  • C’est bien la croissance de la concentration du CO2  atmosphérique qui est utilisée dans la formule de Myhre, et il n’est pas justifié de remplacer (axe x figure SPM 10) la croissance du CO2 atmosphérique par le cumul des émissions anthropiques : le discret raisonnement circulaire utilisé par le GIEC est exposé dans SCE_2024_2.
  • A noter que les étapes a et b sont souvent mises en cause par des physiciens (scientifiques maîtrisant le mieux ces sujets), alors que l’étape c, pourtant indispensable pour parvenir à construire la figure SPM10, est insuffisamment contestée.

3.3 La chance sourit aux (modélisateurs) audacieux

  • Les figures 2 et 4 laissent entrevoir les multiples conditions à remplir pour parvenir à construire la figure SPM 10 :
    – d’une part (fig.2), une contribution inconnue, ou bien une erreur sur une seule des 9 contributions (CO2, CH4, …Volcanic, Solar) entraîne
    que la somme = ‘Total’ sera incorrecte (les contributions du soleil et de la couverture nuageuse sont très contestées).‌
    – d’autre part (fig.4), même si la somme ‘Total’ est à la fois correcte et proche de ‘carbon dioxide’, il suffit néanmoins qu’une seule des 3 étapes a, b, c soit incorrecte pour que la relation illustrée à la figure SPM.10 ne décrive pas le monde réel mais un monde imaginaire. 
  • Les nombreux ajustements (multiples forçages fig.2 et rétroactions) des modélisateurs/climatologues aboutissent in fine à une fort heureuse coïncidence : la contribution ‘carbon dioxide’ serait proche de ‘Total’. Les modélisateurs/climatologues sont ainsi particulièrement chanceux d’obtenir un résultat compatible avec le rôle du GIEC ( … changement climatique d’origine humaine).
  • Parfois enclins à l’optimisme plutôt qu’au doute et conseillés* par le bureau du GIEC, les modélisateurs/climatologues font preuve d’audace pour qualifier leur construction informatique: ‘confiance élevée’ pour § D.1.1 et pour figure SPM10.
    * « Members of the Bureau have responsibility to […] advise IPCC Coordinating Lead Authors, Lead Authors and Review Editors » (IPCC annexe A règle 8e).

4.  Conclusions

  • Les politiques contraignantes promues par l’ONU/GIEC (politiques ‘bas carbone’ de l’Union Européenne) seraient justifiées scientifiquement  par l’existence d’une relation quasi-linéaire entre le cumul des émissions anthropiques et la croissance de la ‘température’.
  • Cette relation quasi-linéaire, présentée aux politiques à la figure SPM10 du sixième rapport du GIECn’est pas déduite des mesures modernes (globales,directes et fiables), interprétées par une physique bien établie (voir conclusions ici).
  • La relation illustrée à la figure SPM10 est construite grâce à des modélisations mettant en œuvre 2 notions introduites par les modélisateurs/climatologues. Toutefois, ces 2 notions ‘radiative forcing‘ et ‘airborne fraction‘ semblent relever assez peu de la physique, mais plutôt du biais anthropocentrique imposé par l’ONU/GIEC (exemple ici §3). 
  • Afin de satisfaire les multiples conditions (§ 2.1 et § 2.2) indispensables pour construire la figure SPM10,  les modélisateurs/climatologues font preuve de détermination et d’optimisme, parfois d’audace, parfois même de témérité. On peut saluer leur habileté dans l’ajustement des modèles mais regretter leur discrétion sur les hypothèses.
    À propos de la physique sous-jacente (§ 3.2), il faut souhaiter aux modélisateurs/climatologues une compétence plus grande qui leur permettrait d’accéder enfin au doute, c’est à dire à la science.
  • L’application de la relation illustrée à la  figure SPM10 montre que l’U.E. serait responsable selon le GIEC d’un réchauffement mondial ≈ + 0,04 °C lors du premier quart de ce siècle (§ 1.3). Pour atténuer ce réchauffement difficilement mesurable, des groupes de pression incitent l’U.E. à mobiliser jusqu’à 1500 000 000 000 € par an* d’ici 2050. 

* Les lecteurs de SCE ne sont pas tous physiciens, mais ils sont souvent contribuables et parfois français : 1500 milliards € par an ≈ la moitié de la dette publique française par an. D’ici à 2050 il s’agirait donc pour l’U.E. de mobiliser l’équivalent de 13 x la dette publique française pour éviter une hausse supplémentaire de +0,04°C. Si on normalise à l’unité (1°C de hausse supplémentaire), le coût est alors  de 975 000 milliards € soit également 9,75 1014 € / K (scientifique) ou ≈ 325 x la dette publique française (contribuable) ou ≈ 340 x le Produit Intérieur Brut français (économiste) mais finalement inférieur à 0,1 Péta Euro / °C (eurocrate).

Références

1  Divers

« Audaces fortuna juvat » est un vers latin du poète Virgile (extrait de l’Énéïde), classiquement traduit par « La fortune sourit aux audacieux« .
Deux fables de La Fontaine illustrées par Granville :
L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits
Charlatans, faiseurs d’horoscope,
Quittez les Cours des Princes de l’Europe ;
Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps.
Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.
Un animal dans la Lune
Quand l’eau courbe un bâton, ma raison le redresse,
La raison décide en maîtresse.
Mes yeux, moyennant ce secours,
Ne me trompent jamais, en me mentant toujours.

2  Rapports AR6 

Principes régissant les travaux du GIEC
Résumé pour décideurs, résumé technique, glossaire (version française) 
Résumé à l’intention des décideurs   (voir  §D et figure 10)
Glossaire du GIEC
Chapitre 5: Global Carbon and other Biogeochemical Cycles and Feedbacks
Chapitre 6: Short-lived Climate Forcers
Chapitre 7: The Earth’s Energy Budget,Climate Feedbacks and Climate Sensitivity     

3  Figures de l’AR6

https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-10
https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/technical-summary/figure-ts-18
https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/figures/chapter-5/figure-5-31
https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/figures/IPCC_AR6_SYR_Figure_3_5.png

4 Téléchargements

L’article au format pdf
Addendum.pdf

5  Radiative Forçing of Climate

Myhre 1998    https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdfdirect/10.1029/98GL0190
Myrhe 2016    https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2016GL071930
The Historical Evolution of the Radiative Forcing Concept  https://doi.org/10.1175/AMSMONOGRAPHS-D-19-0001.1
Gerlich et Tscheuschner 2009:  « In conclusion, the derivation of statements on the CO2 induced anthropogenic global warming out of the computer simulations lies outside any science. »
SCE 2020 §3: « On peut en conclure que l’effet de serre radiatif n’existe PAS et que les rétroactions imaginées pour amplifier son effet n’ont aucune justification. » 
Patrice Poyet (2022) page 117 « So we have a fantasy tale, where physics laws are used in an inappropriate manner, with limit conditions that are not probable but simply impossible and a perimeter of definition of the physical system studied that is absurd ».
Miskolczi 2023 : « The Arrhenius type greenhouse effect of the CO2 and other non-condensing GHGs is an incorrect hypothesis and the CO2 greenhouse effect based global warming hypothesis is also an artifact without any theoretical or empirical footing« .

 

2 réflexions sur « Température, émissions anthropiques, modèles ad hoc »

  1. Superbe, merci beaucoup Jean . Il reste juste le problème de temps de résidence du CO2 dans l’atmosphère. Avant guerre +/- 4 à 10 ans , le même ordre de grandeur que le méthane et autres composés organiques biogènes, 385 ans dans l’océan superficiel et plus de 1000 ans les eaux profondes de l’océan (en fonction de la THC). Dans les années 2000, le GIEC est passé à 120 ans, uniquement pour le CO2 atmosphérique. Plus récemment Archer & Brovkin ont même (2009; doi:10.1146/annurev.earth.031208.100206) proposé un temps de résidence de 1000 ans. Il en est de même pour la composition isostopique du C atmosphérique: le delta C13 élevé n’est pas que représentatif du carbone fossile!😉Ce n’est plus à la mode! Il est curieux de constater que la courbe du CO2 actuelle sur 200 ans copie celle du stockage thermique dans l’océan et celle de l’augmentation de l’activité solaire (TSI)…avant bidouillages par le GIEC….

    1. Merci pour votre commentaire !

      La littérature scientifique donne une durée de séjour entre 3 et 12 ans :
      on en déduit que les flux naturels sont actuellement compris entre 275 Gt-CO2 /an (12 ans) et 1100 Gt-CO2/an (3 ans). C’est la principale inconnue pour le cycle du carbone, une inconnue probablement durable…

      ‌‌Deux précisions sur le dernier point du § 4Conclusions:‌‌
      – Ce point met en évidence l’absurdité des coûts, mais l’irréalisme est maximal dans le calcul normalisé à 1°C : évidemment, on ne disposera jamais de 340 x PIB français.
      ‌- ‌La valeur +0.04°C (estimée au § 1.3 de l’article) utilise des ‘émissions nettes de gaz à effet de serre’ selon l’Agence Européenne de l’Environnement. Mais cette agence ajoute au CO2 issu de la combustion d’autres émissions ‘équivalents CO2’.
      Cette hausse ≈ +0.04 °C calculée pour 90 GT-CO2 (3,7 Gt-CO2/an) est donc maximale et elle MAJORE celle obtenue avec seulement le CO2 issue de la combustion, une hausse qui correspond alors plutôt à 0,03 °C pour ≈ 60 Gt-CO2 (≈ 2,5 Gt-CO2/an).

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