Archives de catégorie : énergie

Le rapport Draghi : Une vision erronée de l’avenir énergétique de l’UE

Quand la priorité climatique étouffe la réalité énergétique

par Samuele Furfari, Professeur Emerite, Université Libre de Bruxelles et Professeur de géopolitique de l’énergie à ESCP London

Le très attendu rapport de Mario Draghi sur la compétitivité de l’Union européenne vient enfin d’être publié (voir ici). Son retard suspect soulève des questions quant à une éventuelle manipulation de l’opinion publique à l’approche des élections européennes. Ce document, censé être une boussole pour l’avenir économique de l’UE, s’avère malheureusement être un compas déréglé, pointant obstinément vers une direction idéologique, au mépris des réalités énergétiques et géopolitiques.

Ce volumineux rapport, axé sur l’amélioration de la compétitivité de l’UE, aborde de nombreux points qui la pénalisent. Parmi ceux-ci figurent les choix de politique énergétique adoptés par l’UE depuis une décennie. Dans cette analyse, je me limiterai aux aspects concernant cette stratégie, m’abstenant de traiter des sujets hors de mon domaine d’expertise professionnelle. Hélas, en matière d’énergie, ce rapport préconise essentiellement de poursuivre la politique actuelle en lui allouant davantage de fonds publics. Si ces mesures sont appliquées, elles risquent de continuer à saper la force économique et la sécurité énergétique de l’UE, tout en n’ayant qu’un impact marginal sur les émissions globales. Il est fort probable que ce rapport sera instrumentalisé par Ursula von der Leyen pour étendre la portée du Pacte vert.

Paradoxalement, au vu des constats dressés par Mario Draghi lui-même, ce pacte mériterait plutôt d’être rebaptisé « Pacte noir ».

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Le non-sens d’une transition énergétique « bas carbone » en France

  par Prof. (emer.) Dr. Ir. Henri A. Masson (Université d’Anvers, Belgique)

Une petite démonstration par l’absurde, en se basant sur :

  • Les hypothèses retenues par le GIEC;
  • Les données les plus récentes de la littérature scientifique (« peer reviewed ») sur la sensibilité climatique (estimation de l’augmentation de température qui résulterait d’un doublement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère);
  • Les données officielles sur les émissions de CO2 anthropiques de divers pays (Banque Mondiale via Wikipedia);
  • Les rapports sur la transition énergétique de la Cour des Comptes et de la Commission sénatoriale ad-hoc;
  • Les données les plus récentes sur les investissements en énergies alternatives (Forbes).
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Quelles sources d’énergies du futur pour la production d’électricité

par Jean-Pierre Schaeken Willemaers
Institut Thomas More – Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
publié dans trends.levif le 27 décembre 2023

Les sources d’énergie pour la production d’électricité sont multiples et différemment appréciées dans le monde. Quelques-unes font l’objet d’anathèmes par les uns alors que d’autres les considèrent comme une aubaine.

Les prédilections pour l’une ou l’autre  sont  généralement fonction, dans le monde, de considérations économiques telles que leur disponibilité locale,  leur coût ou  la pollution qu’elles produisent.

D’autre part, des préoccupations de nature plus conjecturale que scientifique ont conduit, surtout en Europe, à vilipender certaines d’entre elles pour ensuite les interdire.

Il est nécessaire d’analyser les propriétés de ces différentes sources et de les comparer afin de pouvoir  identifier celles qui contribueront  le mieux à la production électrique du futur.

Commençons par comparer le nucléaire, source d’énergie qui fait régulièrement la une des médias, aux énergies éolienne et photovoltaïque de loin les plus utilisées parmi les renouvelables.

Le clivage entre les pays en Europe et dans le monde suscité par la production d’électricité à partir de combustible nucléaire a tendance à s’estomper. En effet au deuxième jour de la COP 28 organisé par le Qatar en décembre 2023,  un appel d’une vingtaine de pays à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050 par rapport à 2020, illustre le regain général d’intérêt pour l’atome. 

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Evolution of the world fuel intensities

Par Samuel Furfari, Université Libre de Bruxelles (Belgique)

A benchmark that explains why green NGOs want to promote energy sobriety

The fashion for saving energy, which assumes that human behaviour can compensate for the inelasticity of energy demand, is not new. Only the name is. In 1924, when US President Calvin Coolidge proposed saving oil because he had been told that reserves would soon be exhausted, he devised a strategy called energy conservation. Though compassionate and generous, these methods failed to reverse the continuing growth in energy demand. Energy consumption, and oil consumption in particular, continues to rise as the world’s population grows and more people need to eat and work, i.e. consume energy. It is the task of industry and engineers to make processes and products more efficient. It has always been an ongoing quest. The Romans used massive stones to build their bridges, creating amazing monuments. Today, a similar function is performed with much lighter materials. Efficiency is normal behaviour in human activities, including the production, conversion and consumption of energy.

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Transition de technologie nucléaire, SMR et réacteurs avancés

par Ernest Mund, FNRS et Université Catholique de Louvain (Belgique).

L’inquiétude liée au réchauffement climatique est un puissant motif de réduction de la consommation des combustibles fossiles. Les dirigeants européens veulent annuler les émissions de gaz à effet de serre en 2050 et augmenter au maximum la demande d’énergie finale sous forme d’électricité. Cette stratégie devrait assurer un rôle prépondérant à l’énergie nucléaire. Ce n’est pas le cas en raison d’une hostilité persistante de certaines nations européennes vis-à-vis de cette source d’énergie. Les arguments invoqués sont d’ordre économique, dénoncent des risques potentiels d’accidents et la production de déchets radioactifs de très longue durée de vie. Partiellement justifiés pour les réacteurs actuels, ils ne constituent aucunement un frein à long terme. Le monde technologique partage avec le règne du vivant la propriété d’être en constante évolution. Le processus est lent, requérant environ un siècle pour qu’une technologie se transforme profondément. Née aux alentours de 1950, la technologie nucléaire devrait donc être très différente dans un peu plus de vingt ans. Des unités de puissances réduites fabriquées en usine et baptisées Small Modular Reactors (SMR) dans la terminologie anglo-saxonne, devraient bientôt répondre aux critiques d’ordre économique. Des technologies émergentes avec des fluides de refroidissement autres que l’eau (hélium, métaux liquides ou sels fondus) devraient satisfaire les préoccupations en matière de sûreté. Elles pourraient en outre élargir le champ des applications au dessalement de l’eau, à la production de chaleur à haute temperature ainsi qu’à la propulsion navale. Enfin, l’utilisation de combustibles usés en provenance du parc des réacteurs actuels, plongés dans un spectre de neutrons rapides, pourrait contribuer à l’élimination des déchets nucléaires de longue durée de vie. Ignorer ces promesses du changement technologique et persister aveuglément dans une attitude hostile peut conduire à des choix néfastes pour l’environnement.

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SCE-info : l’Inde augmente sa production de charbon… et donc de CO2

Actuellement, la production domestique de charbon en Inde est d’environ 1 milliard de tonnes par an, ce qui donne environ 2,6 Gt de CO₂ (1 Gt = 109 t). Si l’on compare avec la Belgique, celle-ci n’émet que 0,1 Gt de CO2.

En ce début novembre 2023, New Delhi annonce que l’Inde produira 1,404 milliards de tonnes de charbon par an en 2027, c’est-à-dire dans environ 3 ans.

Ceci fera une augmentation de 404 millions de tonnes de charbon chaque année.

Selon l’EPA américaine (Environmental Protection Agency), 1 tonne de charbon produit environ 2,017 tonnes de CO2 (voir ici). Selon le degré de combustion et le type de charbon utilisé (le contenu en carbone varie) on peut même arriver à 2,8 tonnes de CO2 par tonne de charbon (voir ici).

On peut donc calculer que l’Inde produira entre 0,81 et 1.1 Gt de CO2 en plus par an, et ce dans trois ans. Pour simplifier, retenons que l’Inde produira environ 1 Gt de CO2 en plus par an, par rapport à aujourd’hui. C’est un peu comme si 10 pays comme la Belgique apparaissaient massivement dans trois ans!

La Chine ne se privera pas non plus de consommer du charbon et d’émettre encore plus de CO2 qu’aujourd’hui.

Tout ceci réduira donc à néant les efforts de l’Europe et des Etats-Unis de Joe Biden. Les chinois et les indiens auraient-ils compris que le CO2 ne peut pas émettre d’infra-rouges dans la basse troposphère et que l’hypothèse de « l’effet de serre du CO2 » ne tient pas la route? Il semblerait que l’on puisse répondre par l’affirmative.

Quant aux riches européens et américains qui ont les moyens de s’acheter une voiture électrique, ils auront bien le temps de réfléchir à tout ceci en faisant la queue plusieurs jours pour pouvoir recharger leurs véhicules équipés de batteries chinoises…

L’Union européenne. Réflexions à propos d’un mix électrique réaliste en 2050  

       par Jean-Pierre Schaeken Willemaers

Il est bon de rappeler, avant d’aborder le sujet de cet article, que la priorité absolue des femmes et des hommes dénués de tout est de sortir de leur misère et pour celles et ceux qui vivent dans la précarité, est d’améliorer leurs conditions de vie. C’est vrai dans tous les pays quel que soit leur degré de développement.

Une énergie abondante, fiable et bon marché est indispensable pour atteindre ces objectifs. Celle qui est disponible localement est privilégiée aujourd’hui. Il s’agit essentiellement de l’hydraulique, du charbon, du gaz, du pétrole, et, dans une mesure nettement moindre, de la biomasse et de la géothermie.
Le cas de la Chine est significatif à cet égard. Si elle avait annoncé lors de la COP 21 en 2015 qu’elle serait, dès 2020, le premier pays en puissance éolienne et solaire, elle avait ajouté que, d’ici à 2030, elle construirait autant de centrales à charbon qu’elle en avait déjà. La position de l’Inde n’était pas fort différente. Leur pragmatisme l’emporte sur toutes considérations idéologiques.

Ceci devrait interpeller les pays « développés » sur la pertinence de leurs politiques énergétiques, dans le cadre de la transition énergétique, et, en particulier, le calendrier de leur implémentation dans les régions qui n’appartiennent pas à ce bloc.

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1973-2023 : Cinquante ans du premier choc pétrolier 

Par Samuel Furfari, Université Libre de Bruxelles (Belgique)

Motivations, conséquences et leçons pour aujourd’hui

Aujourd’hui, 6 octobre 2023, il y a 50 ans, débutait la guerre du Kippour entre Israël et les pays arabes. Elle n’a duré que quelques jours, mais elle a servi de prétexte pour révolutionner le marché du pétrole, les pays arabes ayant décidé de pénaliser les pays occidentaux qui soutenaient Israël. Le premier choc pétrolier a été lourd de conséquences. Nous analyserons la situation qui a conduit les pays arabes à se révolter contre une situation injuste, puisque les bénéficiaires de leur production étaient les Occidentaux. Nous verrons comment la Commission européenne s’est organisée pour résister à ce choc.
Mais le plus intéressant est le parallèle avec la situation actuelle qui, si elle se prolongeait, conduirait à une nouvelle crise pétrolière.

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Un pays peut-il laisser la production de son énergie électrique en des mains étrangères ?

Par Samuel Furfari, Université Libre de Bruxelles (Belgique)

et Ernest Mund, FNRS et Université Catholique de Louvain (Belgique)

On se souvient du jeu de Monopoly pour la possibilité d’aller en prison sans passer par la case départ. On se souvient moins que dans ce même jeu, le poste ‘centrales électriques’ peut rapporter gros au joueur qui l’achète. Ce n’est pas un hasard si le concepteur du jeu, l’ingénieur Charles Darrow, a donné de l’importance à cette activité économique conscient comme il l’était du rôle primordial de l’électricité pour le développement d’une société moderne.

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The LCOE deception

by Samuel Furfari, Professor Emeritus, Université Libre de Bruxelles

Wind and solar propagandists like to quote figures to encourage public authorities to continue subsidising these intermittent and variable sources. If these energies produce cheap electricity, it’s worth giving them a helping hand to bring them fully into the competitive electricity generation business, isn’t it? Except that it’s nothing more than a deception, disguised in lengthy calculations which, because of their detail, lead the naive reader to believe that they are well founded.

Investors need to have a clear view of the viability of the project in which they are considering investing. The final investment decision (FID) will only be taken when the board of directors, or the decision-making body empowered to decide on investments, is convinced that the risk taken is worth taking because the number of years of the payback period of investment is compatible with the company’s strategy.

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L’hydrogène vert, une solution énergétique prometteuse ?

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, ingénieur, président du pôle Énergie, Climat et environnement de l’Institut Thomas More, publié le 13/06 dans lemondedelenergie

Nouveaux usages de l’hydrogène pour la transition énergétique

Comme il sera question dans ce qui suit de transition énergétique, rappelons qu’elle implique une pénétration croissante de génération électrique renouvelable (actuellement largement intermittente) aux dépens de la production thermique, et un système de stockage pour assurer la sécurité d’approvisionnement électrique en toutes circonstances. Nous nous intéresserons ici aux trois « nouveaux » usages de l’hydrogène : vecteur énergétique dans la production d’électricité, facteur de stockage d’énergie et carburant.

Nous distinguerons ici trois types d’hydrogène : celui qui est fabriqué à partir de combustible fossile (gris), le même que le précédent, mais avec captage et stockage de CO2 (bleu) et l’hydrogène « propre », produit à partir d’électricité renouvelable (vert).

Un nombre croissant de pays dans le monde incluent l’hydrogène dans leur programme énergétique. À la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 26) de 2021, 32 pays et l’Union européenne (UE) se sont mis d’accord pour accélérer le développement et le déploiement de l’hydrogène vert, et pour faire en sorte que celui-ci soit globalement disponible d’ici à 2030 à un prix abordable pour remplacer les combustibles fossiles. Dans ce qui suit, il sera discuté de la faisabilité de ces objectifs.

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Elia pris au piège de la transition énergétique ? 

par Jean-Pierre Schaeken Willemaers, publié le 10.05.2023 in European Scientist

Dans cette analyse Jean-Pierre Schaeken Willemaers se penche sur les objectifs d’Elia, entreprise belge de transport d’électricité (de 30 kV à 380 kV) chargée d’assurer la stabilité du réseau électrique haute tension, dans le contexte de la transition énergétique. Elia est le gestionnaire de ce réseau, des interconnexions avec le réseau trans-européen ainsi que du réseau 50 Herz de l’est de l’Allemagne. Elle assure le développement et l’entretien de son infrastructure. Les grandes entreprises y sont directement raccordées. Elle veille à chaque instant à l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité. Vue sa position géographique au cœur de l’Europe, elle est également un acteur essentiel du marché de l’électricité et du réseau interconnecté. Le développement du réseau électrique belge s’inscrit dans la politique climatique européenne qui vise à une décarbonation quasi totale de ce secteur d’ici à 2050, via l’intégration massive de sources d’énergie renouvelable et l’intégration avec le réseau de transmission européen. 

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Les tribulations de l’industrie européenne

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More 
Président du pôle Énergie, Climat, Environnement

Ces dernières décennies, les décideurs politiques européens ont sous-estimé l’importance de l’industrie manufacturière. Ce n’est que depuis quelques années qu’ils se sont rendus à l’évidence que sans une industrie florissante, l’Union européenne (UE) risque de devenir une puissance secondaire, laissant le champ libre aux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine.

L’UE et ses États membres se sont focalisés  sur la politique climatique, mobilisant des moyens financiers et humains énormes diminuant d’autant les ressources nécessaires au développement de son industrie et fragilisant la sécurité d’approvisionnement énergétique. La priorité absolue de « sauver la planète »  est très largement diffusée par nombre de médias européens et en particulier, par la télévision qui s’y réfère quotidiennement dans ses actualités, publicités, débats et interviews.

L’avalanche de ces messages quasi identiques et sans cesse répétés est-elle un signe précurseur de l’imposition d’une pensée unique ?

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Les aléas de la transition électrique européenne

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More ,
Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
paru dans Trends_le Vif le 6/12/2022

Cette brève analyse se propose de montrer comment la production et les réseaux de transmission électriques sont fragilisées par la conception du système électrique adoptée par l’Union européenne.

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L’Union européenne comme un lapin pris dans les phares de l’explosion des prix de l’énergie

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More ,
Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
paru dans Atlantico le 7 octobre 2022

L’UE a manqué d’anticipation et de clairvoyance dans sa planification énergétique. Elle a négligé le rôle fondamental joué par l’énergie en temps de paix et encore bien davantage en période de conflits armés, ainsi que les leçons du passé qui sont pourtant sources de réflexions éclairantes.

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Les contorsions des écologistes pour leur politique énergétique

par Jean- Pierre Schaeken Willemaers, publié dans Contrepoints, le 2 avril 2022

Avec la guerre en Ukraine, la politique énergétique voulue par les écologistes est de plus en plus difficile à tenir.

Les verts en Belgique et, en particulier le parti Ecolo, accumulent contradictions et contrevérités. Leurs discours sont de plus en plus liberticides.

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Sortir du nucléaire en temps de guerre ?

article d’opinion par J. van Vliet, Master en sciences et en engineering, directeur retraité.

Introduction

En envahissant l’Ukraine le 24 février 2022, le président de la Russie a mis bas son masque d’homme pragmatique mais civilisé pour se révéler tel qu’il est: un nostalgique du sanguinaire Joseph Staline qui, faute de pouvoir ressusciter le monde de Yalta, utilise la guerre pour remettre en place le long des frontières ukrainienne et biélorusse le Rideau de fer dont la disparition en 1989 avait suscité tant d’espoir. Il rend ainsi sa raison d’être à l’OTAN et confirme la justesse du choix des pays d’Europe de l’Est qui ont rejoint cette organisation depuis 1999.

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Les blackouts, leurs causes et conséquences économiques

par Ernest MUND, FNRS et Université catholique de Louvain

Résumé : L’approvisionnement continu en énergie électrique est vital pour le fonctionnement de la société. En certaines circonstances cet approvisionnement peut faire défaut à grande échelle. On parle alors de blackout. Un blackout survient lorsque les conditions d’équilibre du système électrique ne sont plus respectées. La production centralisée est pourvue d’inertie qui atténue les risques d’interruption. Mais le système électrique va bientôt connaître une transformation considérable avec l’arrivée massive d’énergies renouvelables intermittentes (EnRI). Ces énergies totalement dépourvues d’inertie pourront-elles adéquatement faire face à des déséquilibres du système qui risquent d’être plus fréquents ? Nous passons en revue les principaux éléments du phénomène et les mettons en perspective compte tenu des options d’avenir.

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L’hydrogène vecteur énergétique: miracle ou mirage?

par Jean-Pierre Schaken Willemaers, Institut Thomas More – Président du pôle Énergie, Climat, Environnement, publié dans Trends-Tendances

Après s’être concentrée sur l’éolien et le photovoltaïque, l’Union européenne, et en particulier les États membres à l’ouest de celle-ci (France, Allemagne, Belgique…), se focalise de plus en plus sur l’hydrogène pour décarboner le secteur électrique et celui de la mobilité.

Les partisans de ce vecteur d’énergie y voient le moyen de pourvoir, lorsque la technologie sera au point, au stockage de l’énergie nécessaire à la compensation de l’intermittence de la production d’électricité d’origine éolienne et photovoltaïque, ainsi que le carburant idéal de substitution aux combustibles fossiles pour la génération non intermittente d’électricité et pour la mobilité bas carbone.

À titre d’exemple, le gouvernement coréen a débloqué, en 2020, 267 millions d’euros pour soutenir le développement des véhicules à pile à combustible (produisant de l’électricité à partir d’hydrogène) et des stations de remplissage d’hydrogène. L’objectif coréen est de devenir le leader dans le secteur de la production et de l’utilisation de ce « carburant ».

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L’avenir incertain de l’approvisionnement électrique belge

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas More ,
Président du pôle Énergie, Climat, Environnement
publié à Trends-tendances, le 5.10.2021

Au lieu de tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité d’approvisionnement d’une électricité bon marché, la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, s’obstine à faire de la fermeture des centrales nucléaires (l’ADN du parti auquel elle appartient) la priorité alors que les faits montrent, comme expliqué dans ce qui suit, l’inanité de cette politique. L’interview qu’elle a accordé à LN 24, le 28 septembre dernier, en est une parfaite illustration.

Ainsi, la ministre continue-t-elle de prétendre que les réacteurs nucléaires belges sont en mauvais état et donc qu’il faut les arrêter. Or ces derniers sont hautement surveillés, sous strict contrôle de l’AFCN et ont fonctionné sans incident majeur durant près de 40 ans.

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L’urgence du bien-être humain

par Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Institut Thomas MorePrésident Energie, climat, Environnement publié dans Trends-Tendances le 19/01/2021  

La crise sanitaire a durement affecté les populations en Europe et dans le monde. Les restrictions, contraintes et mesures coercitives nous ont rendus plus sensibles au besoin de liberté précisément parce qu’elle nous a cruellement manqué.

Depuis près d’un an, la lutte contre la pandémie a été, et est d’ailleurs encore, la plus importante voire la seule préoccupation des États dans le monde, au point d’oblitérer toutes les autres.

Se soumettre aux injonctions des gouvernements, fondées sur les avis des « experts », est devenu la règle. S’y opposer voire seulement les contester est passé progressivement de l’incongruité à la transgression. Insidieusement, une expression formatée s’impose dans les médias et inspire les discours politiques, le corollaire étant un musellement de facto du « free speech ».

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Dumont, le charbon et les crédits carbone

par André Lambert, Géologue, ULg-1973

Dumont, un géologue belge d’exception

L’intimidante statue d’André Dumont se dresse à l’entrée principale de l’Université, place du XX Août à Liège. Ce grand géologue semble bien sombre et plutôt dubitatif. Alors que l’on tague Voltaire à Paris, il regarde passer la troupe des leaders étudiants qui organisent dans la salle Gothot une prochaine marche pour le climat.

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Avant de sortir du nucléaire, sortons du mensonge!

par Dr Ing. Ph. Cauwe, retraité.

Le Pr van Ypersele est-il objectif ?

Une demi-vérité est aussi un mensonge. Il est regrettable que des personnes jouissant d’une visibilité médiatique importante s’expriment sans nuance. L’information tronquée ainsi transmise déforme le jugement de nos concitoyens et ne les aide en aucune manière à comprendre la difficulté de la décision à prendre ni de mesurer l’importance des conséquences socio-économiques qu’elles entraineront.

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La grande illusion du Pacte Énergétique Belge

Eoliennes et panneaux photovoltaïques sur le réseau électrique 

Prof. dr. Pierre L. Kunsch, physicien et économiste de l’énergie
Professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles – Invited Professor Vrije Universiteit Brussel ; senior economist retraité de ondraf/niras (organisme public Belge de gestion des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies)

Contenu et objectif de la note

Cette note présente sept constats basés sur des réalités physiques irréfutables, prouvant que l’éolien et le solaire électrique sont non seulement inutiles, mais aussi nuisibles pour la production sur le réseau électrique Belge. Les sources renouvelables intermittentes du soleil et du vent ne peuvent en aucun cas répondre aux attentes exprimées par le Pacte Énergétique Belge d’une transition électrique aux objectifs ambitieux bas carbone, tout en sortant du nucléaire.

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